Déforestation

L’agriculture est responsable d’environ 88 % de la déforestation mondiale. Parmi les principales activités agricoles à l’origine de la déforestation, on trouve l’élevage bovin, la production de soja à destination de l’alimentation animale et la production de cacao ou encore de caoutchouc.
L’huile de palme a elle aussi un impact majeur dans la destruction des forêts. Largement utilisée dans l’industrie agroalimentaire, mais aussi dans l’industrie cosmétique et énergétique, elle est une cause importante de déforestation, notamment en Asie du Sud-Est. L’Indonésie concentre à elle seule 59 % de la production mondiale*. Au-delà de contribuer au réchauffement climatique, cette production a des conséquences catastrophiques sur la faune et la flore : en 2018, une étude a conclu que le nombre d’orangs-outans de l’île de Bornéo (Indonésie) a diminué de moitié en 16 ans.
*Source : 2023 Marks a Surge in Palm Oil Expansion in Indonesia » Analyse TheTreeMap, 2023

La construction d’infrastructures menace les forêts, qui se retrouvent détruites et fragmentées au profit d’autoroutes, de chemins de fer ou encore de méga-barrages, comme ceux d’Amazonie et du delta du Mékong. Les espaces forestiers situés à proximité de ces infrastructures sont particulièrement vulnérables.

L’industrie minière et l’exploitation illégale de minéraux représentent également un vrai danger pour les forêts. En Amazonie par exemple, les mines d’or illégales ont entraîné la destruction de 4 000 hectares de forêts sur quatre territoires autochtones, en deux ans seulement. Les exploitations minières génèrent une pollution environnementale considérable et mettent en danger les communautés autochtones qui résistent face à ces destructions.

Le commerce du bois nuit gravement aux forêts. Le trafic de bois illégal est une immense industrie parallèle qui pèse des milliards. Certaines recherches montrent
que l’exploitation forestière illégale représente entre 15 et 30 % du bois commercialisé dans le monde. Comme rappelé par Interpol, les atteintes à l’environnement qui en découlent vont souvent de pair avec d’autres infractions comme la corruption ou le blanchiment. En 2013, un règlement européen contre le bois illégal est entré en vigueur, impliquant des obligations auprès des entreprises qui importent du bois dans l’Union européenne. Ce règlement impose notamment aux entreprises de faire preuve de diligence raisonnée, c’est-à-dire de mettre en place un ensemble de vérifications qui permettent de s’assurer de l’origine du bois et d’empêcher toute importation de bois coupé illégalement. Malheureusement, les résultats sont bien loin de l’objectif initial d’un arrêt total du commerce de bois illégal sur le sol européen. Deux procès historiques intentés par Greenpeace ont cependant mis le secteur du bois face à ses responsabilités puisque deux entreprises ont été condamnées pour délit de mise sur le marché illégale de bois importé en 2023.

La déforestation a un impact dévastateur sur le climat. Les écosystèmes forestiers sont, derrière les océans, ceux qui captent le plus de carbone. Leur destruction accélère le réchauffement climatique en libérant les gaz captés dans leur biomasse et les sols forestiers tout en amenuisant nos capacités de séquestration de carbone. Ainsi, la déforestation des forêts tropicales génère chaque année des milliards de tonnes de CO2, à hauteur d’environ 10 % des émissions mondiales anthropiques annuelles de gaz à effet de serre.

La destruction des forêts entraîne également l’érosion de la biodiversité précieuse et unique qu’elles abritent. En effet, bien qu’elles ne soient présentes que sur 31 % des terres émergées, les forêts abritent 80 % de la biodiversité terrestre mondiale et deux tiers des espèces animales et végétales terrestres.

Enfin, les forêts jouent un rôle capital pour la vie humaine : 1,6 milliard de personnes en dépendent pour leur subsistance et environ 200 millions de personnes autochtones en vivent directement. La déforestation les menace directement et constitue un grave danger pour les droits des communautés autochtones.

Les forêts sont par ailleurs de véritables remparts contre les maladies infectieuses qui passent de l’animal à l’humain, comme la Covid-19 ou Ebola. L’apparition de ces zoonoses peut être corrélée à la réduction de la superficie des forêts et à la pénétration accrue des forêts par l’homme. Protéger les forêts, c’est donc aussi prévenir l’apparition de nouvelles maladies potentiellement dévastatrices.

En mai 2023, un règlement européen historique a été définitivement adopté pour lutter contre la déforestation. Ce texte, à l’ambition inédite, marque un tournant dans la lutte contre la déforestation mondiale : c’est la première fois qu’une législation interdit la commercialisation de produits résultant de la destruction des forêts. Bien que ce règlement sur la déforestation importée soit très ambitieux, sa mise en œuvre a accusé un retard. Initialement prévue pour janvier 2025, elle a été repoussée d’une année sous la pression des lobbies, soit jusqu’à janvier 2026.

Nous devons donc nous assurer :

Après plus de 25 ans de négociations, l’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur a été finalisé en décembre 2024 malgré une opposition de la France, de la société civile et du monde agricole.

Cet accord est une véritable bombe à retardement pour le climat, la biodiversité, les agricultrices et agriculteurs européens et sud-américains et les droits humains. Nous devons continuer à nous mobiliser pour refuser la mise en application de cet accord.

Depuis 2006, les plus grands négociants brésiliens de soja sont engagés à respecter un moratoire visant à interdire l’achat de soja provenant de zones amazoniennes déboisées après 2008. Malheureusement, cet accord est aujourd’hui menacé. Il a pourtant porté ses fruits : si les zones de plantation de soja en Amazonie sont passées d’ 1,64 million d’hectares en 2007 à 7,28 million d’hectares en 2022, elles ont engendré “seulement” 250 000 hectares de déforestation.

Aujourd’hui, les lobbies agricoles font pression pour rompre cet accord. Cela signifie qu’il ne sera plus possible d’avoir la garantie que le soja provenant d’Amazonie n’a pas contribué à la déforestation. Le soja pourrait ainsi redevenir un important facteur de déforestation dans cette région. Nous devons maintenir la pression pour empêcher tout détricotage de cet accord historique, et garantir le caractère définitif du moratoire sur le soja comme cela avait été acté en 2016.

Dépendantes de la forêt pour leur subsistance, les populations locales et autochtones en sont bien souvent les premières bénéficiaires. Elles sont de fait en première ligne face aux attaques de l’agrobusiness et donc souvent les plus déterminées à défendre la forêt. Les études scientifiques prouvent que quand les droits territoriaux des peuples indigènes sont respectés, les forêts sont préservées. Hélas, gouvernements et multinationales tentent encore trop souvent d’outrepasser ces droits pour imposer leurs intérêts financiers. Selon l’ONG Global Witness, près de la moitié des défenseurs de l’environnement tués en 2024 étaient issus de peuples autochtones ou afrodescendants.

L’un des grands enjeux de la lutte contre la déforestation, tout particulièrement en Amazonie, consiste à démarquer les territoires ancestraux des populations locales afin de les faire reconnaître par le droit national et international. Ce fut par exemple le cas fin 2024 pour le peuple munduruku. Les zones reconnues deviennent ainsi des espaces où la biodiversité est préservée.