Pourquoi l'agriculture industrielle est-elle dans l'impasse ?

Agriculture

Pourquoi l'agriculture industrielle est-elle dans l'impasse ?

Perte de la biodiversité, destruction des sols, pollution des eaux, déclin des pollinisateurs, dérèglements climatiques, insécurité alimentaire, disparition des agriculteurs : le modèle dominant d’agriculture industrielle nous mène à la catastrophe.

Problématique

Un modèle dominant dépassé

Le modèle agricole dominant a été mis en place dans les années 1950 alors que la France souhaitait rattraper son retard d’après-guerre. Il est fondé sur une agriculture mécanisée, gourmande en intrants chimiques et axée sur la monoculture et les grandes superficies. Ses maîtres-mots sont productivisme et rentabilité. Mais à quel prix ?

Addiction aux pesticides

Les pesticides sont au cœur de ce modèle agricole conventionnel.  Associés à l’utilisation massive d’engrais, ils permettent de produire plus, dans un temps réduit, avec moins de main-d’œuvre, ce qui enclenche un terrible cercle vicieux : plus de pesticides, c’est plus de rendement à court terme mais une terre de moins en moins fertile, un écosystème déséquilibré et donc… un recours accru aux engrais et aux pesticides !

Résultats ? La France est le 1er consommateur de pesticides en Europe et le 3e au niveau mondial (données 2013). De plus, loin d’être en déclin, les ventes de pesticides n’ont cessé d’augmenter ces dernières années pour atteindre 9,4 % de croissance en 2014 ! Les conséquences environnementales et sanitaires de cette utilisation massive de pesticides sont désastreuses : destruction de la flore et de la faune (dont les abeilles), pollution des sols et de l’eau, mutation des cibles des pesticides (insectes, mauvaises herbes…), maladies professionnelles chez les agriculteurs, maladies chroniques chez les riverains, etc.

OGM, toujours d’actualité

Les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont la quintessence de cette vision productiviste et industrielle du modèle agricole dominant. Ils sont source de pollution génétique, menacent la biodiversité et ne remplissent pas les objectifs qui leur sont officiellement assignés. Ils existent depuis bientôt trente ans et n’ont pas résolu le problème de la faim dans le monde ni démontré leur valeur ajoutée en matière de rendement.

En revanche, ils standardisent l’agriculture au profit des multinationales (comme Monsanto), et posent la question de la brevetabilité du vivant et celle du droit qu’ont les agriculteurs de vivre de leur métier et d’utiliser leurs propres semences. C’est le principe même de souveraineté alimentaire qui est remis en cause.

La culture du dérèglement climatique

L’utilisation excessive d’intrants chimiques tels que les engrais est responsable de 12 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole dans le monde, et cette part n’a cessé d’augmenter depuis les années 1960 (+ 3,9 % par an). Quant à la fermentation entérique (les flatulences des bovins), elle représente entre 32 et 40 % du total des émissions de ce secteur. L’agriculture est ainsi l’une des grandes causes du dérèglement climatique : elle est responsable de 10 à 12 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Au niveau européen,  elle est à l’origine de près de 10 % des émissions, occupant ainsi le 3e rang derrière la combustion des carburants fossiles (55,1 %) et les transports (23,2 %).

Perte de biodiversité et de savoir-faire

L’agriculture industrielle favorise la monoculture, ce qui entraîne l’appauvrissement de la biodiversité, la destruction d’écosystèmes naturels et complexes et la disparition des abeilles et autres insectes pollinisateurs, dont dépendent pourtant les deux tiers de nos cultures.

La mécanisation, l’agrandissement des parcelles et l’utilisation de produits phytosanitaires ont aussi changé le métier de paysan. Nous sommes passés d’une agriculture familiale à une agriculture industrielle monoculturale, dépendante des industries agrochimiques et nécessitant moins de main-d’œuvre (les agriculteurs ne représentent plus que 3,4 % de la population active française).

Des solutions existent

Les principes de l’agroécologie

L’agriculture écologique, seule à garantir des pratiques agricoles saines et une alimentation de qualité aujourd’hui et pour les générations à venir, s’appuie sur les principes de l’agroécologie, une science qui étudie les processus écologiques dans le système agricole. Ce sont donc des pratiques durables qui respectent et utilisent l’environnement, tout en permettant de faire face aux dérèglements climatiques.

Supprimer les intrants chimiques, utiliser moins d'énergies fossiles

L’agriculture écologique repose sur la biodiversité, sur la protection des sols, des eaux et du climat et ne contamine pas l’environnement avec des produits chimiques (pesticides, engrais) ou des OGM. Avec l’agriculture écologique, les agriculteurs sont maîtres de leur production, hors du contrôle des multinationales.
L’usage du pétrole est également réduit. La production étant distribuée localement, les distances de transport sont raccourcies. La consommation de produits de saison évite les serres chauffées et les importations, toutes deux gourmandes en énergies fossiles. Quant aux intrants chimiques produits avec du pétrole, ils sont bannis !

Premier pas essentiel : sauver les abeilles

Les abeilles et autres insectes pollinisateurs, à l’origine de 35 % de notre alimentation, étant menacés par cette agriculture industrielle, il faut, notamment au niveau européen, une mesure contraignante et globale d’interdiction des pesticides chimiques les plus dangereux pour les abeilles. Greenpeace en a identifié sept qu’il faut immédiatement interdire : l’imidaclopride, le thiaméthoxame, la clothianidine, le fipronil, le chlorpyriphos, la cyperméthrine et la deltaméthrine. Il faut également favoriser la biodiversité et le maintien des écosystèmes naturels, dont les insectes pollinisateurs ont besoin pour vivre.

Réduire notre consommation de viande et de produits laitiers

Émissions de gaz à effet de serre, pollution de l’eau, accaparement des terres pour l’alimentation animale… L’élevage intensif engendre des conséquences néfastes pour l’environnement. Il est donc indispensable de réduire considérablement notre consommation de viande et de produits laitiers. Greenpeace recommande ainsi un maximum d’environ 12 kg de viande issue de l’élevage écologique par personne et par an (soit environ 230 g par semaine).

Pertinence écologique, économique et sociale

Des études menées en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique démontrent que l’agriculture écologique est plus rentable pour les agriculteurs. Les méthodes modernes d’agroécologie sur lesquelles elle s’appuie permettent d’augmenter les rendements.
L’efficacité économique provient également de l’utilisation d’engrais naturels, disponibles localement, et de la lutte biologique contre les ravageurs. Cela réduit les dépenses en intrants chimiques de synthèse, qui sont non seulement chers mais aussi polluants.

Guérir la terre

Bien entendu, cette métamorphose complète du modèle agricole implique de profondes modifications d’autres aspects de la société : modèles de consommation, échanges commerciaux, partage des connaissances, technologies de transformation et de stockage des aliments…
Des résultats durables se feront sentir dans le temps : les nappes phréatiques, les arbres, les bassins d’écosystèmes se transformeront au fur et à mesure et les sols retrouveront leur fertilité.

Nourrir le monde

Dans le monde, la majorité des aliments sont produits par 2,6 milliards de petits agriculteurs. Dans les pays en développement, l’agriculture écologique peut produire jusqu’à 80 % de plus à l’hectare. C’est la seule agriculture qui sera capable d’ici à 2050 de nourrir toute la population mondiale avec l’installation, partout où cela est nécessaire, de petites fermes locales très productives.
En outre, les produits issus d’une agriculture écologique ont meilleur goût et sont meilleurs pour la santé. Une étude californienne de 2010 montre par exemple que les fraises issues de l’agriculture biologique ont un goût plus sucré que leurs équivalents cultivés avec des produits chimiques. La variété biologique contient également 10 % d’antioxydants en plus, connus pour protéger contre les maladies.

Nos demandes

Interdire la culture des OGM

Les OGM sont une menace pour l’environnement car ils présentent un risque de contamination des cultures avoisinantes. De plus, de par leur nature, les OGM encouragent l’utilisation abusive d’intrants chimiques qui polluent les sols et les nappes phréatiques. Aujourd’hui, la culture de maïs OGM est interdite sur le territoire français, mais ce n’est pas le cas partout en Europe. Greenpeace demande l’application rigoureuse du principe de précaution et la mise en place d’un moratoire sur tous les OGM en France et en Europe.

Par ailleurs, le débat porte désormais sur ce que l’on appelle communément les “nouveaux OGM”, c’est-à-dire les produits issus de nouvelles techniques de modification génétique. Greenpeace demande que ces “nouveaux OGM” soient traités comme des OGM afin que la directive européenne sur les OGM leur soit appliquée. Si ces “nouveaux OGM” ne rentraient pas dans ce cadre réglementaire, ils ne seraient alors pas soumis aux obligations d’étiquetage ou d’évaluation des risques. En réalité, comme leur présence serait passée sous silence, nous ne pourrions rien faire pour nous en protéger !

Interdire l’utilisation des pesticides nocifs pour les abeilles

Des substances particulièrement nocives pour les pollinisateurs sont aujourd’hui toujours autorisées en Europe. Greenpeace a établi une liste de pesticides à éliminer en priorité : l’imidaclopride, le thiaméthoxame, la clothianidine, le fipronil, le chlorpyriphos, la cyperméthrine et la deltaméthrine.
En parallèle de ce travail européen, nous demandons également aux principales enseignes françaises de la grande distribution de travailler au plus près avec leurs fournisseurs afin de s’assurer que les fruits et légumes  présents sur leurs étals soient exempts de ces substances (en commençant par la pomme et la pomme de terre, qui sont les fruits et légumes les plus produits et les plus traités).

Favoriser la recherche et le développement pour les pratiques agricoles écologiques

Nous devons abandonner les méthodes chimiques de contrôle des parasites au profit de pratiques basées sur le respect de la biodiversité et la santé des écosystèmes. Les responsables politiques européens doivent veiller à ce que, dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) et du programme de recherche européen Horizon 2020, on accorde davantage de subventions à la recherche sur des alternatives agricoles écologiques , sous la forme des « paiements directs » .

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