Le 10 juillet 1985, le Rainbow Warrior était la cible d’un attentat commis par les services secrets français, provoquant la mort du militant et photographe Fernando Pereira. Nous retraçons ici l’histoire riche et inspirante de ce navire emblématique et de ses successeurs, symboles de résilience et de résistance.
Un navire emblématique
Le Rainbow Warrior, navire amiral de Greenpeace et symbole de résistance pacifique, porte avec lui une histoire riche et marquante.
Il a été au cœur de nombreuses campagnes emblématiques comme celles contre l’immersion de déchets radioactifs, le massacre des phoques gris ou la chasse à la baleine — notamment en franchissant les eaux interdites de Sibérie en 1983, en pleine guerre froide, pour témoigner du massacre des baleines grises.

En mars 1982, le Rainbow Warrior en campagne pour les phoques du Groënland dans Baie Saint-Laurent, au Canada © Pierre Gleizes / Greenpeace
Rongelap : le combat contre l’oubli
En 1985, alors que la guerre froide fait toujours rage, le Rainbow Warrior appareille pour une mission humanitaire cruciale. Cap sur l’atoll de Rongelap, dans le Pacifique-Sud.
De 1946 à 1958, des essais nucléaires américains y avaient provoqué une pluie de poussières radioactives. L’île est hautement contaminée, les conséquences sur la population locale sont dramatiques : cancers, leucémies, malformations génitales…
Face à l’inaction des autorités, les 308 habitants et habitantes demandent à Greenpeace de les aider à fuir.
Greenpeace lance alors l’opération “Exode” et évacue, à bord du Rainbow Warrior, six jours durant, l’intégralité de la population vers l’île de Mejato, plus sûre.
Un acte de solidarité fort mais aussi un défi lancé aux puissances nucléaires.

Évacuation de la population marshallaise de l’atoll de Rongelap vers Mejatto en mai 1985 © Greenpeace / Fernando Pereira
Une vérité qui dérange
Après cette mission, le Rainbow Warrior met le cap sur Mururoa, pour dénoncer les essais nucléaires français dans le Pacifique.
Ce combat dérange. Dans l’ombre, une opération d’État se prépare.
Le 10 juillet 1985, alors qu’il est amarré dans le port d’Auckland (Nouvelle-Zélande), le navire est victime d’un attentat.
Deux bombes explosent à quelques minutes l’une de l’autre. Moins de quatre minutes plus tard, le Rainbow Warrior a sombré.
Fernando Pereira, militant et photographe de Greenpeace, meurt noyé, pris au piège à l’intérieur du navire.

Fernando Pereira sur le Rainbow Warrior en juin 1985 © Greenpeace
Un crime d’État
Très vite, l’enquête révèle l’impensable: le sabotage ne fait aucun doute. Deux agents français opérant sous de fausses identités – les « époux Turenge », en réalité le commandant Mafart et le capitaine Prieur, membres des services secrets – sont arrêté·es par la police néo-zélandaise. Dans les semaines qui suivent, les preuves contre le gouvernement français s’accumulent. Des journalistes du journal Le Monde et du Canard Enchaîné apportent de nouveaux éléments implacables.
Sous la pression internationale, le gouvernement français est contraint d’admettre l’impensable. Le bateau a bien été coulé par les services secrets français qui ont probablement agi sur ordre du président Mitterrand… Charles Hernu, ministre de la Défense du gouvernement Fabius démissionne.
Cette tragédie révèle au monde le combat de Greenpeace, lui donnant encore plus de force et de détermination pour poursuivre ses missions.
En France cependant, une vaste campagne de désinformation est orchestrée avec vigueur par le gouvernement.
Le but ? Faire passer la France pour une victime, l’agresseur n’étant autre que Greenpeace, organisation étrangère probablement manipulée par des intérêts ennemis… La manipulation est efficace et la suspicion entretenue coupe l’organisation du soutien de son public en France. Le bureau français de Greenpeace est contraint de fermer ses portes en 1987. Il ne les rouvrira que deux ans plus tard.

Le 10 juillet 2005, 20 ans après l’attentat du Rainbow Warrior, 500 activistes de Greenpeace, venant de 20 pays différents, créent un symbole de paix « arc-en-ciel » devant la Tour Eiffel pour rendre hommage aux victimes du terrorisme. © Greenpeace / Pierre Gleizes
La détermination en héritage
Destiné à faire taire un mouvement, l’attentat contre le Rainbow Warrior n’a fait que renforcer notre engagement.
Quarante ans plus tard, Greenpeace continue à exposer les crimes environnementaux, à défendre la justice climatique, et à porter la voix de celles et ceux qu’on préfère faire taire.
Le Rainbow Warrior a coulé, mais il est devenu un symbole. Celui de la résistance non-violente, de la liberté d’informer, et de la détermination à agir pour un monde plus juste.
On ne coule pas un arc en ciel.
Le 29 août 2024, le Rainbow Warrior, troisième du nom, arrive à Maui lors de son expédition « One Ocean, One Earth » © Tim Aubry / Greenpeace
Une aventure photographique poignante qui met à l’honneur le destin tragique de ce bateau emblématique.
Aujourd’hui, ce ne sont plus les bombes mais d’autres menaces qui pèsent sur les combattants et combattantes de l’arc-en-ciel et les mouvements de défense de l’environnement et des droits humains. Face à ces nouvelles attaques, résistons ensemble ! Rejoignez le mouvement #TimeToResist
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