Alors que l’année 2025 s’annonce comme l’une des plus chaudes jamais enregistrées, les gouvernements se sont réunis à Belém au Brésil, pour la conférence internationale sur le climat (COP). Cette 30e édition était une occasion décisive de transformer les promesses en action et ainsi permettre de maintenir le réchauffement sous la limite de 1,5 °C.
Organisée à l’orée de la forêt amazonienne, cette COP30 était chargée d’un grand poids symbolique. L’Amazonie n’est pas seulement la plus grande forêt tropicale du monde, accueillant une biodiversité immense : c’est aussi l’un des plus importants stocks de carbone de la planète. Sa protection est essentielle pour limiter le réchauffement planétaire et préserver la vie sur Terre.
Dix ans après la signature de l’accord de Paris, les gouvernements devaient prendre des décisions contraignantes et justes pour mettre en place collectivement une politique ambitieuse pour le climat et les écosystèmes, centrée sur les peuples, la justice et la planète. C’est pour cela que nous étions sur place : pour suivre les négociations et mettre la pression sur nos responsables politiques.
4 urgences qui devaient être traitées pendant la COP30
Mettre fin à la déforestation et à l’effondrement des écosystèmes
Les forêts jouent un rôle vital : elles stockent le carbone, protègent la biodiversité et régulent le climat. Pourtant, elles sont aujourd’hui menacées, et leur disparition s’accélère. Les peuples autochtones et les communautés locales qui vivent dans des régions comme le Pantanal et le Cerrado au Brésil sont les premières victimes des violences de l’agro-industrie.
Ce secteur, motivé par des intérêts économiques à court terme, met le feu à la forêt pour libérer l’espace nécessaire à l’installation de fermes, cultures de soja et pâturages où sont élevés d’immenses troupeaux de bovins.
Surveillance aérienne des incendies et de la déforestation en Amazonie, en 2025. © Marizilda Cruppe / Greenpeace
Bien que l’Europe se soit dotée d’un règlement contre la déforestation, celui-ci risque aujourd’hui d’être affaibli et sa mise en œuvre à nouveau repoussée. Pire encore, l’Europe envisage de signer un accord commercial avec les pays du Mercosur (dont le Brésil) qui aurait pour effet d’augmenter les importations de viande de boeuf, de volaille, de sucre, d’éthanol ou encore de soja en Europe, exacerbant, de fait, la destruction de l’Amazonie et les violences liées à l’agro-industrie.
La forêt amazonienne est à l’image d’autres écosystèmes dans le monde : elle stocke des quantités immenses de carbone et est essentielle pour l’équilibre du climat, pour la biodiversité et les gens qui y vivent. Pourtant, sa superficie a déjà diminué de 17 %, et plus d’un tiers de sa surface est considérée comme dégradé.
Nous nous rapprochons dangereusement d’un point de non-retour : si nous n’agissons pas pour stopper cette destruction, la forêt amazonienne pourrait s’assécher et subir une transformation irréversible. L’urgence est absolue.
Sortir des énergies fossiles et garantir une transition juste et durable
L’industrie du pétrole, du gaz et du charbon est responsable de 86 % des émissions mondiales de CO₂. Elle est en grande partie à l’origine de la crise climatique.
Aux quatre coins du monde, les populations en subissent les conséquences : vagues de chaleur extrêmes, inondations historiques, tempêtes ravageuses, incendies hors de contrôle. Ces catastrophes mettent en danger nos logements, notre santé, nos conditions de vie, nos écosystèmes.
Pendant ce temps, les entreprises pétro-gazières continuent d’influencer les décisions politiques et les négociations internationales pour protéger leurs intérêts privés. Cette emprise doit cesser.
Les conséquences des inondations à Valence, en Espagne, en 2024. © Gabriel Gallo / Greenpeace
En finir avec les énergies fossiles, c’est choisir un modèle de société résilient et solidaire.
Pourtant, après deux semaines d’intenses négociations et d’appels répétés des pays en développement pour un objectif robuste de financement de l’adaptation face aux impacts croissants des catastrophes climatiques, les pays développés, dont la France, se sont accordés sur une cible d’une faiblesse affligeante. Pendant ce temps, l’industrie fossile ressort une fois de plus intouchée de cette COP. Peu surprenant en considérant l’ampleur de sa présence dans les couloirs, la France ayant même accrédité le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné.
Faire payer les pollueurs et financer la justice climatique
Alors que les citoyen·nes, et notamment les plus vulnérables, subissent les conséquences dévastatrices de la crise climatique au quotidien, les principaux responsables de ce chaos continuent d’engranger des milliards de profits chaque année.
Cette impunité doit prendre fin : les entreprises polluantes, dont les activités alimentent le chaos climatique, doivent rendre des comptes et contribuer à leur juste part pour réparer les dégâts qu’elles causent.
Exigeons-le ensemble : signez la pétition pour faire payer les grands pollueurs.
Parallèlement, des financements publics restent indispensables. Ils doivent permettre de mettre en place des politiques d’adaptation au changement climatique, d’investir massivement dans les énergies renouvelables et d’indemniser les populations impactées par les catastrophes climatiques. Les pays les plus riches, historiquement responsables du réchauffement planétaire, doivent enfin tenir leurs engagements. Le Fonds “pertes et dommages”, discuté lors de la COP28, aurait dû devenir pleinement opérationnel dès la COP30 cat la justice climatique n’attend pas.
Mais une fois de plus, les pays développés ont gardé leurs portefeuilles fermés, alors que des milliers de milliards de dollars de financements publics pourraient être mobilisés en taxant les grands pollueurs fossiles et les ultra-riches. Voilà à quoi ressemblerait une véritable action en matière de financement climatique.
Défendre celles et ceux qui protègent le vivant
La destruction de l’Amazonie par ceux qui considèrent la forêt comme une ressource à exploiter, une terre à conquérir, ne se fait pas sans rencontrer de résistances.
Les peuples autochtones et les communautés locales sont en première ligne de cette opposition. Ils luttent pour la reconnaissance et la protection de leurs territoires, pour leur survie et celle de leurs cultures, en faisant face quotidiennement à de graves violences et dangers.
4e Marche des femmes autochtones et rencontre avec le ministère des Femmes et du Développement à Brasilia. © Scarlett Ramos / TAG / Greenpeace
Ce combat se mène souvent au péril de leur vie. Les représentant·es autochtones font face à des menaces, de la violence, des expulsions. Cela ne peut plus durer : leurs droits doivent être garantis, leurs territoires protégés, leurs savoirs respectés et leur rôle pleinement reconnu. À Belém, ils et elles ont porté un appel à la justice, à la dignité et à la reconnaissance.
Un moment décisif pour la planète et les populations
Cette COP30 ne pouvait pas être une COP “de plus”. Elle devait marquer un tournant historique : celui où les gouvernements cessent d’être menés à la baguette par les lobbies et de faire passer leurs profits avant nos vies.
Les conséquences de la crise climatique nous le rappellent chaque jour : nous n’avons plus le luxe d’attendre. Garder le cap sur 1,5 °C n’est pas une ambition symbolique, c’est une condition de survie.
Et pour maintenir ce cap, les États doivent de toute urgence montrer qu’ils s’engagent réellement, pour le climat, pour les forêts, pour les populations du monde entier. Le temps des excuses est terminé. Le temps des demi-mesures aussi.
Face aux crises qui s’intensifient, nous choisissons la solidarité plutôt que le renoncement, l’action collective plutôt que l’inertie. Nous étions à Belém, déterminé·es, aux côtés des communautés locales, de la jeunesse, des militant·es et de toutes celles et ceux qui défendent le vivant. Toutes ses personnes ont fait preuve d’une détermination sans faille, et la force des mobilisations dans la COP et en dehors nous laissent penser que la résistance ne fait que commencer !
La lutte continue et nous la gagnerons ensemble.