Nucléaire
Pourquoi doit-on sortir du nucléaire, et comment ?
L’énergie nucléaire est parfois considérée à tort comme une solution pour le climat parce que les centrales nucléaires, une fois en état de fonctionnement, émettent peu de CO2. Mais considérer uniquement son intérêt bas carbone, c’est oublier la partie immergée de l’iceberg : cette énergie est excessivement coûteuse, polluante pour des centaines de milliers d’années, productrice de déchets toxiques, trop lente à déployer face à l’urgence climatique et dangereuse pour la santé et l’environnement. Partout où elle est déployée, elle ajoute le risque de l’accident nucléaire aux risques liés au dérèglement climatique auxquels vont déjà devoir faire face les populations partout dans le monde. Une sortie progressive du nucléaire est essentielle pour amorcer une transition énergétique juste pour toutes et tous et réduire la contamination environnementale ainsi que le risque nucléaire.
Pourquoi l’énergie nucléaire est un problème ?
Le nucléaire est sans issue
Les pollutions et risques liés au nucléaire devraient à eux seuls disqualifier cette énergie des réflexions sur les moyens de production d’électricité. Il n’y a qu’une solution face aux dangers de l’énergie nucléaire : y renoncer. D’autant plus que des alternatives existent. Le nucléaire est sans issue : il faut changer de voie. En défendant ce point de vue, Greenpeace ne se montre pas utopiste, mais pragmatique. Comment défendre une énergie aussi risquée, aussi coûteuse, aussi peu démocratique, aussi peu adaptée au futur de notre planète ?
Les centrales nucléaires sont vulnérables au dérèglement climatique
« Les conséquences du changement climatique vont affecter, et affectent déjà, à des degrés divers mais croissants, les réacteurs du parc actuel », déclarait Annie Podeur, présidente de la deuxième chambre de la Cour des comptes, à la Commission des finances du Sénat en mars 2023. Greenpeace dénonce également les risques de submersion marine liés à la montée du niveau des océans, ainsi que les risques de submersion fluviale liés à l’augmentation des événements climatiques extrêmes provoquant des pluies diluviennes et des tempêtes de plus en plus intenses et fréquentes, capables de provoquer de graves inondations.
Par ailleurs, les réacteurs nucléaires en fonctionnement nécessitent un refroidissement continu avec de l’eau froide, un raccordement permanent au réseau électrique et des conditions de fonctionnement stables.
Ces caractéristiques rendent les centrales nucléaires vulnérables à de nombreux effets du dérèglement climatique comme les canicules, la baisse du niveau d’eau et le réchauffement des cours d’eau. Vu leur besoin vital d’eau froide disponible, des conflits d’usage de l’eau pourraient éclater dans les prochaines décennies. Si la France ne sort pas du nucléaire. Mais qui préférera sacrifier de l’eau nécessaire à l’irrigation des champs ou à l’eau potable pour refroidir des réacteurs nucléaires ?
Le risque d’accident nucléaire est réel
L’énergie nucléaire est dangereuse à cause des risques d’accidents inhérents à cette technologie, et de leurs conséquences dévastatrices sur la santé des populations, sur l’environnement et sur la société à court, moyen et très long termes. Fukushima, Tchernobyl ou encore Three Mile Island sont autant d’exemples non exhaustifs d’accidents nucléaires tragiques. Pour les populations impactées, ces accidents sont toujours en cours. Selon les autorités et les exploitants des centrales à travers le monde, la sûreté des installations a été renforcée suite à ces accidents, mais le risque zéro n’existe pas – les présidents successifs de l’Autorité de sûreté nucléaire l’ont eux-mêmes déclaré. Les populations à proximité de centrales nucléaires vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Un risque d’autant plus important que la France est l’un des pays les plus nucléarisés au monde, avec 56 réacteurs en fonctionnement (57 avec l’EPR de Flamanville quand il sera connecté au réseau) sur 18 centrales sur son territoire (en 2024), 66% des français vivent à moins de 75 km d’un réacteur nucléaire. S’ajoutent à cela les centrales en démantèlement, les nombreux sites de stockage et la circulation régulière de convois de matières radioactives sur les voies de transport qui sont un danger pour les populations.
Le parc nucléaire français est vieillissant
Le parc de réacteurs nucléaires français est vieillissant. Installés il y a plusieurs décennies, ses réacteurs ont une durée de vie de quarante ans. EDF a pour objectif de demander systématiquement la prolongation de leur durée de fonctionnement jusqu’à 50, voire 60 ans. Ce qui signifie, au fil du temps, une augmentation du risque d’accident nucléaire, notamment dû à la fragilisation des cuves (là où se passe la réaction nucléaire en chaîne).
Le nucléaire génère des pollutions graves, récurrentes et à long terme
Les sites nucléaires rejettent des substances chimiques et radioactives dans les eaux, l’air et les sols. Régulièrement, les associations dénoncent des cas de pollutions, de rejets toxiques et radioactifs en dehors des réglementations et documentent les contaminations chroniques et persistantes des milieux naturels par l’industrie nucléaire. EDF a d’ailleurs été condamnée pour des rejets radioactifs dans la nappe phréatique et dans l’atmosphère à la centrale nucléaire de Golfech.
Les déchets s’accumulent
L’industrie nucléaire produit des déchets radioactifs qui restent nocifs pendant des centaines de milliers d’années et pour lesquels il n’existe aucune solution de gestion acceptable. Les projets de gestion ou de réutilisation de ces déchets ne sont pas concluants malgré les communications très offensives du lobby du nucléaire. Certains déchets sont très discrètement envoyés en Russie où ils polluent les sols. Tandis que d’autres sont stockés pour “retraitement” : fausse promesse d’un recyclage bancale à travers un processus dangereux, tout en produisant de nouveaux déchets qui continuent de s’entasser jusqu’à saturation des espaces de stockage. Les défis sont l’entreposage et la gestion des déchets hautement radioactifs, qui vont rester dangereux durant des centaines de milliers d’années – un temps vertigineusement long qui pose question sur la transmission des informations sur les risques et leur gestion par les générations futures sur un temps si long.
Le nucléaire retarde la transition énergétique
Les coûts astronomiques du nucléaire et les investissements massifs qu’il nécessite sont autant de fonds qui ne sont pas utilisés pour une transition énergétique juste et durable. Investir dans les énergies renouvelables et la rénovation énergétique est bien plus bénéfique pour le climat et la justice sociale qu’investir dans le nucléaire. Créer de nouvelles centrales est une option infructueuse, car leur construction est beaucoup trop longue et bien trop chère comparée au développement des énergies renouvelables. Or, face à l’aggravation du dérèglement climatique, les énergies renouvelables ont besoin d’être financées et développées à grande échelle. Il n’est pas réaliste de faire les deux en même temps.
Le nucléaire est un gouffre financier
Le coût du nucléaire en France est astronomique. Le dernier réacteur construit par EDF en France, l’EPR de Flamanville, a vu son coût multiplié par plus de six : initialement évalué à trois milliards d’euros, il en coûtera une vingtaine. Quant aux deux réacteurs d’Hinkley Point, en Angleterre, la facture a bondi en janvier 2024 à plus de 50 milliards d’euros au lieu des 21 prévus initialement en 2015. La relance du nucléaire avec la construction de nouveaux réacteurs de modèle EPR2 et l’allongement de la durée de vie des centrales coûtera des milliards d’euros à EDF, qui peine à rassembler ces fonds. Malheureusement, il ne fait aucun doute que les consommateurs et les contribuables, d’aujourd’hui et de demain, en paieront la facture.
Comme Greenpeace l’a démontré, ni le coût, ni le calendrier du programme « nouveau nucléaire » annoncés par EDF ne peuvent être considérés comme crédibles au vu des capacités de l’industrie nucléaire et du retour d’expérience de la filière EPR (les derniers réacteurs construits par la France). Ce projet de construction de nouveaux réacteurs n’est pas rentable.
Le risque géopolitique est trop important
Les réacteurs et installations nucléaires sont susceptibles d’être exposés au risque d’actes malveillants ou de devenir des cibles en temps de guerre. C’est le cas de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia en Ukraine, envahie par l’armée russe et sous pression depuis le début du conflit en 2022. Les centrales nucléaires peuvent désormais devenir des armes de menace atomique dans le cadre de conflits géopolitiques. Qu’en sera-t-il avec l’aggravation du dérèglement climatique et la montée de conflits autour des ressources naturelles de plus en plus rares ? Les risques de prolifération du nucléaire sont réels, notamment en ce qui concerne la fabrication de bombes sales. La frontière entre nucléaire civil et militaire est une illusion. Qu’il soit civil ou militaire, le nucléaire est toujours dangereux. En niant cette réalité, l’État et les industriels de la filière nucléaire se montrent irresponsables. D’autres part, pour faire tourner la machine nucléaire, la France importe 100% de son uranium en passant massivement par la Russie, un risque supplémentaire important en incohérence totale avec le discours de soutien au peuple ukrainien.
Quelles solutions pour sortir du nucléaire ?
Plus de sobriété
Pour vivre dignement sur Terre, nous ne pouvons pas continuer sur le modèle de surconsommation actuel qui épuise les écosystèmes et provoque l’effondrement de la biodiversité et la contamination de l’eau, de l’air, de la terre et in fine de nos corps.. Nous devons identifier les gaspillages, optimiser la production et la distribution de l’énergie et réduire nos consommations, afin de garantir un niveau de vie digne à toutes et tous, aujourd’hui et demain. La priorité est donc de revoir nos usages liés à notre consommation énergétique et d’adopter un modèle de sobriété. Pour autant, ce modèle ne signifie pas de “revenir à un éclairage à la bougie”, mais il doit au contraire être vecteur de justice sociale, d’une énergie accessible à toutes et tous.
L’efficacité énergétique
L’efficacité énergétique consiste à optimiser nos ressources en faisant mieux avec moins. Aujourd’hui, nos systèmes de chauffage, nos voitures ou nos logements consomment trop, car ils sont conçus sans réelle attention à la réduction du gaspillage. C’est le reflet d’une société d’excès qui n’est plus viable. Pour limiter les conséquences du dérèglement climatique, il est crucial de réduire notre consommation énergétique. La rénovation énergétique performante des bâtiments permettrait notamment de limiter les pertes d’énergie et d’améliorer l’efficacité globale de nos habitations tout en ayant un impact social et sanitaire positif.
Développer les énergies renouvelables
Contrairement à ce que le lobby nucléaire nous répète depuis des décennies, il est possible de sortir du nucléaire. Aujourd’hui, les énergies renouvelables entrent dans leur ère de maturité avec une augmentation exponentielle de leur capacité de production en énergie. C’est notamment le cas du photovoltaïque qui a multiplié sa capacité de production par 10 depuis 2013 et par deux depuis 2021. D’ailleurs, d’ici à 2026, le solaire devrait surpasser le nucléaire dans la production mondiale.
Les moyens financiers, techniques et humains sont là : les énergies renouvelables sont aujourd’hui prêtes à prendre le relais du nucléaire et des énergies fossiles (et elles le font déjà dans bien d’autres pays). Pour permettre de sortir progressivement du nucléaire, la France doit investir massivement dans les économies d’énergie, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables et libérer les fonds accaparés par les coûts exorbitants du nucléaire qui retarde cette avancée indispensable. En effet, les centaines de milliards d’euros consacrés au nucléaire aujourd’hui pourraient bénéficier plus utilement aux énergies renouvelables et à une politique de maîtrise de l’énergie (sobriété et efficacité énergétiques). Là où la manne du nucléaire incite au gaspillage de l’électricité, les énergies renouvelables pourraient produire de l’électricité à moindre coût et créer des dizaines de milliers de nouveaux emplois. Pensées et déployées dans le respect de la biodiversité, elles sont une bonne solution pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre, sans présenter de vulnérabilité dangereuse face aux dérèglements climatiques futurs.
Que faire à son échelle pour sortir de l’énergie nucléaire ?
Rejoindre une lutte locale
En signant la pétition « Non aux EPR2 à Gravelines : danger pour les habitants et les générations futures ». Plus nous serons nombreuses et nombreux à faire entendre notre voix et à dénoncer les dangers du nucléaire, plus nous aurons de poids pour :
– protéger les populations aujourd’hui et demain,
– lutter contre la désinformation répandue par le lobby du nucléaire,
– inciter les responsables politiques à s’engager réellement pour une transition énergétique durable et juste.
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