1. « Concernant l’huile de palme, il faut d’abord rappeler qu’elle dégrade six à huit fois moins de surface que le soja »
La réalité : le PDG de Total reprend un argument largement utilisé par les promoteurs de l’huile de palme. S’il est vrai que le rendement surfacique de l’huile de palme est meilleur que celui d’autres huiles végétales comme celle de soja, son impact environnemental est en revanche beaucoup plus lourd. Bien plus que pour d’autres cultures, les plantations de palmiers à huile se font presque systématiquement au détriment de forêts tropicales.
Concession PT Megakarya Jaya Raya (PT MJR) pour la production d’huile de palme en Papouasie, Indonésie. © Ulet Ifansasti / Greenpeace
Surtout, du fait de la déforestation qu’entraîne la culture du palmier à huile, le « biodiesel », dont Total veut abreuver le marché européen à travers sa « bio-raffinerie », serait responsable de trois fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que les carburants fossiles et aurait donc un impact catastrophique sur le climat.
2. « 85% des débouchés de l’huile de palme sont alimentaires »
La réalité : si on pouvait encore il y a quelques années parler d’une place marginale de l’huile de palme dans la production des carburants ces dernières années, ce n’est plus vrai aujourd’hui. 46% de l’huile de palme en Europe est utilisée pour du carburant. En France, c’est 75% de l’huile de palme consommée qui l’est sous forme de carburant !
![conso huile de palme en europe transport & environment](https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2018/08/fediol-where-palmoil-goes-in-europe-french.jpg)
3. « Greenpeace fait mine de découvrir des coraux connus depuis trente ans des scientifiques brésiliens »
Copie d’écran de l’étude scientifique internationale sur le Récif de l’Amazone (2016)
4. « Nous forons à 30 kilomètres de là »
La réalité : lors de la seconde expédition scientifique organisée par Greenpeace au large du Brésil en avril 2018, les chercheurs ont prouvé la présence du Récif de l’Amazone dans au moins un des cinq blocs de la concession pétrolière de Total. A la suite de ces révélations, le géant pétrolier a publié un communiqué affirmant avoir l’intention de forer dans un autre bloc que celui où nous avons repéré le Récif, à 28 km du lieu de nos recherches. Pourtant, la demande d’autorisation d’exploration pétrolière aux autorités brésiliennes porte bien sur l’ensemble des blocs, y compris celui où les scientifiques ont identifié le Récif. Par ailleurs, cette région étant soumise à des courants marins parmi les plus forts au monde, les risques de propagation liés à des fuites ou, pire, une marée noire restent très élevés dans l’ensemble de la zone.
5. « Nous avons proposé à Greenpeace de venir sur le site, mais ses équipes ne veulent pas »
La réalité : nous n’avons fort heureusement pas attendu de recevoir un carton d’invitation du PDG de Total pour nous rendre à l’embouchure de l’Amazone, au Brésil. Nous avons mené une première mission exploratoire en 2017 qui nous a permis de ramener les toutes premières images du Récif de l’Amazone. Les informations collectées, réunies dans une étude, ont contribué au rejet par l’autorité environnementale brésilienne (Ibama) du dossier de Total, contraint de revoir sa copie. Malgré plusieurs rejets, Total persiste. Nous aussi : faute d’obtenir un vrai dialogue, nous nous sommes invités à l’Assemblée générale de Total pour dénoncer son entêtement en dépit des preuves recueillies.
Le navire de Greenpeace, l’Esperanza, a effectué une première mission exploratoire sur le Récif de l’Amazone en 2017. Et ce n’était pas à l’invitation de Total… © Greenpeace / Marizilda Cruppe