Selon un article paru le 06 octobre 2021 dans le journal La Montagne Entreprendre, « La compagnie Amelia, avec le soutien du syndicat mixte de l’aéroport auvergnat, relancera les vols entre Clermont-Ferrand et Paris-Orly à partir du 2 novembre à raison de onze rotations hebdomadaires. » (1)
Toujours selon cet article, « Le syndicat mixte de l’aéroport (qui rassemble la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Département du Puy-de-Dôme et la Métropole Clermont Auvergne) s’est engagé à hauteur de 700.000 € pour soutenir la ligne pendant la période de reprise. » Ce qui signifie concrètement que de l’argent public est ici utilisé pour consommer plus d’énergies fossiles et aggraver la crise climatique. « Les élus ont aussi appelé les entreprises, qui représentaient 70 % du trafic de cette ligne avant la crise, à remplir les avions. »
Nous avons donc des personnes élues, chargées de représenter les citoyen·nes et de défendre le bien commun, qui d’abord prennent une décision en contradiction avec nos intérêts climatiques, et ensuite encouragent les acteurs économiques locaux à augmenter délibérément leur bilan carbone, ceci au profit d’une toute petite minorité d’usagers, et au mépris de notre avenir. Ces mêmes élu·e·s sont malheureusement moins prompts à agir pour le réseau ferroviaire, et plus généralement pour tout ce qui permettrait vraiment de basculer vers une mobilité bas carbone.
Aujourd’hui, nous dénonçons cette situation et nous rappelons aussi que les arguments que nous avions énoncés en septembre 2020, et rappelés le 03 octobre lors de la marche sur les aéroports, restent évidemment valables aujourd’hui :
Il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’avion « propre » et aucune technologie ne peut permettre de prétendre à une mobilité aérienne bas carbone dans les années ni même les décennies à venir, sans agir en priorité et en parallèle sur la réduction du trafic aérien. C’est dès maintenant qu’il faut réduire drastiquement nos émissions de gaz à effets de serre, et le transport aérien de courte distance est l’un des secteurs les plus rapidement substituables par des solutions réellement propres, qui sont déjà disponibles.
La Convention Citoyenne pour le Climat recommande de substituer par le train les vols intérieurs lorsque le même trajet est réalisable en moins de 4h. Les citoyen·nes y sont majoritairement favorables. Le Réseau Action Climat (réseau national d’associations engagées en faveur du climat, dont Greenpeace fait partie) a démontré que la loi « Climat et Résilience » votée cette année n’aurait que peu d’impact positif sur le climat, y compris sur le sujet des vols domestiques. Il faut être bien plus ambitieux et supprimer, à minima, tous les vols domestiques pour lesquels une alternative en train de moins de 5h ou 6h existe. Les bénéfices climat s’en trouveront alors nettement accrus.
Un seul vol Clermont-Paris représente une émission de gaz à effet de serre équivalente à 50 à 100 fois celle du même trajet en train (2), pour un gain de temps porte à porte négligeable si l’on prend en compte les temps de trajet cœur de ville/aéroports et d’embarquement. Ce vol est pourtant substituable par un trajet en train d’environ 3h30, et potentiellement plus rapide.
Dans ce contexte, nous rappelons l’absolue nécessité de mettre le secteur aérien en cohérence avec les objectifs de l’Accord de Paris, ce qui suppose forcément de réduire et de réguler le trafic, en commençant par supprimer les vols domestiques pour lesquels une alternative est possible et d’anticiper le report modal d’une part grandissante des dessertes. Les enjeux sociaux et démocratiques doivent être placés au cœur de la réflexion, en impliquant les syndicats, les travailleuses et les travailleurs, en assurant la protection sociale des salarié·es impacté·es, leur formation et leur reconversion quand cela sera nécessaire. Cela suppose aussi d’engager de manière prioritaire un vrai plan de développement du secteur ferroviaire utilisant toutes les capacités du train de jour et de nuit, tant au niveau français qu’européen.
La responsabilité de l’Etat est évidemment directement engagée sur ces enjeux, mais ces demandes devraient également être soutenues par les élus locaux et élues locales, plutôt qu’une logique de retour à l’ « anormale », intenable dans le contexte de crise climatique. Et pourtant, M. Wauquiez se gargarise de « sauver » cette ligne climaticide, alors qu’il reste trop souvent absent lorsqu’il s’agit de maintenir l’exploitation des lignes ferroviaires locales.
Greenpeace Clermont-Ferrand ne peut évidemment pas soutenir cette démarche en faveur de la relance d’une liaison aérienne, mais au contraire, attend de la part des responsables politiques locaux et nationaux qu’ils et elles joignent le geste à la parole en anticipant et en accompagnant la mutation nécessaire du secteur des transports, y compris quand elle nous impacte localement.
(1) https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/loisirs/les-vols-clermont-ferrand-orly-relances-a-partir-du-2-novembre_14024925/
(2) En train : 2,2kg de CO2 par personne pour ce trajet en Intercités. Source : SNCF
En avion : vol affaires > entre 161kg et 220 kg // vol éco > entre 100 et 125kg
Sources : co2.myclimate.org et calculateurco2.org