Grande nouvelle en matière de nucléaire : la Suisse a dit oui à la Stratégie énergétique soumise à votation le 21 mai dernier. Nos voisins européens ont ainsi franchi un pas supplémentaire vers une sortie complète du nucléaire : une victoire pour la transition énergétique et contre la menace nucléaire.

Nucléaire

Sortie du nucléaire : la Suisse montre la voie, la France plus isolée que jamais

Grande nouvelle en matière de nucléaire : la Suisse a dit oui à la Stratégie énergétique soumise à votation le 21 mai dernier. Nos voisins européens ont ainsi franchi un pas supplémentaire vers une sortie complète du nucléaire : une victoire pour la transition énergétique et contre la menace nucléaire.

Près de 60% des votants pour une sortie du nucléaire

Juin 2016 : 6000 personnes se sont rassemblées un jour de pluie pour manifester contre la plus vieille centrale d’Europe, la centrale nucléaire de Beznau.

En Suisse, en novembre dernier, l’initiative populaire lancée par les Verts, « Sortir du nucléaire », qui prévoyait de débrancher toutes les centrales suisses d’ici à 2029 était rejetée par une courte majorité. Un résultat décevant qui montrait néanmoins qu‘une partie importante de la population du pays était favorable à une sortie anticipée du nucléaire.

Une révision de la loi sur l’énergie a été soumise à votation aux citoyens suisses le 21 mai dernier, en vue de la mise en oeuvre de la Stratégie énergétique 2050. Cette stratégie est construite autour de 3 axes : une sortie du nucléaire, une promotion des énergies renouvelables et un renforcement des économies d’énergie et de l’efficacité énergétique. 

Cette stratégie énergétique a été largement approuvée par les citoyens suisses (avec plus de 58,2% de votants favorables), qui font ainsi un pas décisif en direction d’une sortie complète du nucléaire. Pour rappel, la Suisse avait annoncé cette sortie à la suite de l’accident de Fukushima Daiichi de mars 2011. Voilà un pays qui, contrairement à la France, tire les leçons de cette catastrophe nucléaire sans précédent.

Une victoire d’étape historique pour la transition énergétique

Ce OUI à la stratégie énergétique est une victoire d’étape historique pour la transition énergétique. C’est aujourd’hui toute une génération qui embrasse le défi visant à débarrasser la Suisse du nucléaire et des énergies fossiles.

Seul regret : il n’y a pas de date précise à la sortie même si une date indicative existe (2034). Ainsi, il n’est pas encore question de fermer les centrales existantes. Mais il faut saluer cette dynamique : aucune nouvelle centrale nucléaire ne sera construite en Suisse.

Nos voisins helvètes doivent maintenant maintenant aller jusqu’au bout de ce triathlon sortie du nucléaire  – développement des renouvelables – efficacité énergétique, jusqu’à la mise en oeuvre de l’Accord de Paris et sans faire de compromis face à la menace nucléaire.

La stratégie énergétique a été clairement acceptée par le peuple suisse : ce vote met donc le pays les rails de la transition énergétique et accélère la sortie du nucléaire. Il s’agit maintenant d’appliquer la lLoi sur l’énergie dans le respect de l’environnement et de la compléter avec une politique climatique plus ambitieuse.

« La centrale la plus vieille d’Europe, c’est par là ! Bienvenue en Suisse »

Une chose est sûre : il faut s’attendre très prochainement à des fermetures de réacteurs en Suisse. Rappel : la Suisse détient sur son territoire la plus vieille centrale nucléaire au monde encore en service : celle de Beznau 1, qui date de 1969.

L’Europe en mouvement, la France à la traîne

L’Europe bouge sur le nucléaire. Il y a 2 semaines, des militants allemands de Greenpeace ont manifesté devant l’usine Areva de production de combustible nucléaire de Lingen, au nord-ouest du pays.

Faisant bloc devant l’usine, ils ont demandé à ce que cesse la livraison de combustible nucléaire allemand aux centrales européennes vieillissantes telles que Fessenheim en France et Thiange et Doel en Belgique. Un message clair : l’Allemagne sort du nucléaire, elle ne peut plus continuer d’alimenter le nucléaire à ses frontières. Une action qui marque une nouvelle étape dans la sortie du nucléaire allemande et qui renforce la pression sur le système nucléaire français.

Avec la loi de transition énergétique, voté à l’été 2015, et la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la France disposait d’outils pour sortir de l’impasse nucléaire. En programmant la fermeture de réacteurs, la PPE aurait pu donner une direction claire et définitive aux producteurs et investisseurs dans le secteur de l’énergie en laissant enfin la place aux énergies renouvelables sur le réseau électrique. Mais ce texte n’indique en fait aucune trajectoire de réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique français et condamne ainsi tout développement massif des énergies renouvelables. Le gouvernement avait donc renoncé à piloter la politique énergétique française et trahit ses engagements tant nationaux qu’internationaux sur la transition énergétique.

La France reste aujourd’hui engluée dans ses fausses solutions, nucléaire en tête, et est à la traîne sur la transition énergétique. Via la publication de ce texte, l’Etat et ses dirigeants se sont réfusés à piloter la politique énergétique en France, face à la pression de l’industrie nucléaire, alors que cette dernière est dans une situation calamiteuse.

Lors de la dernière assemblée générale d’EDF, le PDG du groupe Jean-Bernard Lévy PDG du groupe, a continué tout au long de son discours de maintenir l’illusion sur les bonnes performances de l’entreprise. En réalité, l’exercice 2016 est fortement déficitaire et EDF est dans l’impossibilité financière de poursuivre son programme nucléaire. L’entreprise n’a plus les moyens d’investir dans le maintien de la sûreté de son parc, ni dans le développement des renouvelables. Son retard est considérable en la matière.

Rappelons que l’Etat français, actionnaire majoritaire d’EDF est complice de cette faillite financière et technique de ce blanc-seing donné à EDF sur la politique énergétique du pays.

Alors que les Suisses montrent l’exemple, comme l’ont fait auparavant les Allemands, les Belges et les Autrichiens, la France apparaît de plus en plus isolée en Europe. Et son obsession pour son programme nucléaire semble plus obsolète que jamais.