Le 11 mars 2011, un séisme et un tsunami dévastateurs frappaient le Japon. Une catastrophe nucléaire majeure débutait avec la fusion de trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, exploitée par TEPCO. Les années passent et la catastrophe continue de se dérouler sous nos yeux, entraînant à la fois une contamination de l’environnement et une souffrance humaine intolérables.

Fukushima : la catastrophe continue

Nucléaire

Le 11 mars 2011, un séisme et un tsunami dévastateurs frappaient le Japon. Une catastrophe nucléaire majeure débutait avec la fusion de trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, exploitée par TEPCO. Les années passent et la catastrophe continue de se dérouler sous nos yeux, entraînant à la fois une contamination de l’environnement et une souffrance humaine intolérables.

Fukushima : les chiffres effarants de l’eau contaminée

  • En décembre 2014, 320 000 tonnes d’eau hautement radioactive étaient stockées dans environ 1 000 énormes réservoirs sur site, dans l’attente d’être traitées et débarrassées des 62 éléments radioactifs qui la contaminent (sauf le tritium, pour lequel aucune solution de traitement n’existe).
  • Chaque jour, 300 tonnes d’eau sont déversées sur les cuves des réacteurs des unités 1, 2 et 3 pour les refroidir. On ne sait même pas à quelle profondeur se trouvent les cœurs des réacteurs…
  • Chaque jour, 800 tonnes d’eaux souterraines s’écoulent sur le site, dont 300 à 400 tonnes deviennent radioactives.
  • Chaque jour, 400 tonnes d’eau hautement radioactive se déversent dans l’océan Pacifique. À noter que ce chiffre ne comprend pas la dernière fuite annoncée en février 2015 par TEPCO. On estime que 11 000 tonnes d’eau hautement radioactive sont stockées dans des tranchées, que TEPCO a essayé de pomper avec un succès limité.

La contamination à l’extérieur du site continue

Les chiffres sont vertigineux. D’importantes quantités de déchets radioactifs se sont accumulées au fur et à mesure des travaux de décontamination. Ces déchets sont entreposés temporairement dans pas moins de 54 000 décharges à ciel ouvert dispersées aux alentours de la centrale (et environ 146 000 dans l’ensemble de la préfecture de Fukushima), y compris dans les jardins de particuliers, des parkings ou des parcs. D’après les estimations officielles, le volume de stockage nécessaire pour mettre à l’abri ces montagnes de déchets serait de 15 à 28 millions de mètres cubes.

Les efforts de décontamination n’ont pas permis d’éliminer le problème des déchets radioactifs : ils n’ont fait que le déplacer et l’éparpiller.

Dans le village hautement contaminée d’Iitate (à 40 km de la centrale), des milliers d’ouvriers s’activent pour décontaminer les espaces publics. Certains nettoient les trottoirs à l’aide de brosses à dents. Malgré leur détermination et leur courage, leur tâche semble insurmontable…

Nos recherches montrent aussi que les forêts qui entourent Fukushima (comme celles de Tchernobyl) forment des sortes de “réservoirs” de radioactivité, générant des risques de santé publique forts pour les communautés qui vivent encore à proximité.

Des habitants incités au retour malgré des taux de radioactivité inacceptables

Les experts en radioprotection de Greenpeace se sont rendus à Fukushima à une trentaine reprises depuis le début de la catastrophe. Les taux de radioactivité relevés en novembre 2016 dans le village d’Iitate, à environ 35 km de la centrale, sont très inquiétants : dans certaines maisons, les doses de radiation mesurées sont cinq fois supérieures aux doses internationales maximales recommandées.

Or, le gouvernement japonais entend lever l’ordre d’évacuation de la région d’Iitate à la fin du mois de mars 2017 et supprimer les compensations financières un an plus tard. Cela signifie que les habitants de la région seront financièrement contraints de retourner vivre dans une zone qui est pourtant toujours dangereuse pour leur santé.

En 2016, 120 000 habitants étaient encore « déplacés » ou vivaient dans des logements temporaires dans d’autres régions du Japon. Le processus de réparation est loin s’être satisfaisant : toutes les victimes ne sont pas forcément éligibles, le traitement des demandes d’indemnisation a pris du retard, les versements mensuels ne permettent pas aux personnes déplacées de vivre décemment, ni de compenser intégralement la perte de leurs biens, encore moins de démarrer une nouvelle vie. Beaucoup ont perdu espoir de regagner un jour leur domicile.

(Re)lire notre rapport : Fukushima, des victimes livrées à elles-mêmes

À Fukushima, une augmentation du cancer de la thyroïde des enfants a été détectée. Et un tiers environ des mères vivant à proximité ou dans les zones contaminées montrent des symptômes de dépression.

Le nucléaire de plus en plus contesté

Tokyo a relancé en 2015 un premier réacteur nucléaire, Sendai 1, deux ans après la fermeture de toutes les centrales nucléaires du pays en septembre 2013. Cette décision a provoqué de vives protestations. Parmi les opposants à cette décision de redémarrage, Naoto Kan, Premier ministre au moment de l’accident de Fukushima et devenu depuis un des plus virulents militants antinucléaires, à l’instar de plusieurs autres de ses prédécesseurs, dont Junichiro Koizumi (2001-2006), mentor de Shinzo Abe.

Avant la catastrophe de Fukushima, l’industrie du nucléaire était déjà en déclin à l’échelle mondiale. Depuis les années 1990, plus de centrales ont été fermées que de nouveaux réacteurs construits.

Depuis Fukushima, la tendance au déclin s’est accélérée. De nombreux pays ont décidé de sortir progressivement du nucléaire (Allemagne, Suisse, Belgique, Suède…), d’annuler leurs plans de relance (Italie, Égypte, Koweït, Thaïlande…) ou de mettre leurs projets en suspens (Bangladesh, Bélarus, Jordanie, Turquie, Lituanie, Pologne, Arabie saoudite, Vietnam).

Par ailleurs, le « retour d’expérience » de Fukushima contraint les pays nucléarisés à apporter des mesures correctives de grande envergure à leurs installations nucléaires. À ces travaux « post Fukushima » viennent s’ajouter ceux du « lifting » des centrales, rendus nécessaires par le vieillissement du parc nucléaire. En France, les coûts de l’ensemble de ces travaux atteindraient la bagatelle de 4,4 milliards d’euros par réacteur, rendant le nucléaire bien moins compétitif que les énergies renouvelables.





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