Le GIEC publie aujourd’hui la synthèse de son 6e Rapport d’Évaluation (RE). Cette synthèse concentre les informations contenues dans les milliers d’articles scientifiques publiés ces 10 dernières années et dans les six rapports constituant le RE. Vous vous sentez déjà perdu·e ? Pas de panique. Nous avons résumé pour vous l’essentiel à retenir de cette publication :

Climat

Climat : ne baissons pas les bras !

Le GIEC publie aujourd’hui la synthèse de son 6e Rapport d’Évaluation (RE). Cette synthèse concentre les informations contenues dans les milliers d’articles scientifiques publiés ces 10 dernières années et dans les six rapports constituant le RE. Vous vous sentez déjà perdu·e ? Pas de panique. Nous avons résumé pour vous l’essentiel à retenir de cette publication :

  • Les gouvernements peuvent encore agir pour garantir un monde vivable pour les générations futures, mais il faut faire vite.
  • Il est nécessaire de mettre rapidement en marche des transitions profondes dans tous les secteurs de nos sociétés.
  • Nos choix et nos actions au cours des 10 prochaines années auront des conséquences cruciales sur l’avenir proche et lointain de la planète.

Envie de creuser un peu plus le sujet?  Alors cet article est fait pour vous.

Le changement climatique, causé par les activités humaines, s’intensifie rapidement

Forest Fires in Portugal.

Feux de forêts au Portugal.
© Pedro Armestre / Greenpeace

Aucune région du globe n’est épargnée. Les impacts du changement climatique, et les pertes et dommages liés aux événements climatiques extrêmes se sont généralisés et aggravés depuis la dernière évaluation des scientifiques.

Et c’est pire que ce qu’on pensait

Le GIEC estime que des niveaux d’impacts et de risques “élevés” voire “très élevés” pourront être atteints avec une augmentation des températures plus basse qu’initialement prévu.

À l’heure actuelle, la planète enregistre déjà un réchauffement moyen de +1,1 °C (par rapport à l’ère pré-industrielle). Si rien n’est fait, nous nous dirigeons vers une hausse de 3,2 °C.

Quels risques pour quel réchauffement ?

Chaque dixième de degré compte. Avec 1,2 °C d’augmentation de la température moyenne du globe, certains écosystèmes uniques seront fortement menacés. Avec +1,5 °C, jusqu’à 14 % des espèces terrestres évaluées pourraient être exposées à un risque très élevé d’extinction. Avec +1,9° C, la moitié de la population humaine serait exposée à des conditions climatiques mortelles d’ici à 2100, en raison de l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité extrêmes. Entre 2 °C et 3 °C d’augmentation, les calottes glaciaires du Groenland et l’Antarctique-ouest auront presque totalement fondu, et ce de façon irréversible.

Les populations les moins responsables du changement climatique sont les plus touchées

Près de la moitié de la population mondiale (entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes) vit dans un environnement très exposé aux aléas climatiques. Entre 2010 et 2020, la mortalité humaine due aux inondations, sécheresses et tempêtes était 15 fois plus élevée dans les régions très vulnérables, par rapport aux régions où les risques climatiques sont plus faibles.

Dans le même temps, les 10 % des ménages les plus aisés à l’échelle mondiale contribuent à hauteur de 45 % aux émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation.

En perspective : des risques climatiques élevés voire très élevés, et une absence de réduction des émissions mondiales

Au vu des politiques qui ont été mises en œuvre jusqu’à fin 2020, nous nous dirigeons vers un réchauffement de 2,2° C à 3,5 °C d’ici à 2100

Au lieu d’une division par deux des émissions mondiales d’ici à 2030 qui serait nécessaire pour respecter la limite de réchauffement à long terme de 1,5° C fixée par l’accord de Paris aucune baisse ne serait enregistrée d’ici à 2030.

Il est encore possible d’inverser la tendance

Little Girl with Windmills at Wonderfruit Festival in Thailand.

© Antolin Avezuela / Greenpeace

Nous devrions atteindre un réchauffement moyen de la planète de 1,5 °C dans les années 2030. Ce qui importe maintenant, c’est de savoir si le réchauffement s’arrêtera à cette date et s’il sera suivi d’un refroidissement, ou s’il s’envolera vers des niveaux beaucoup plus élevés.

En suivant la trajectoire de réduction des émissions les plus ambitieuses proposée par le GIEC, le réchauffement maximal pourrait atteindre 1,4 °C à 1,6 °C, puis se stabiliser à environ 1,5 °C d’ici la fin du siècle. À condition de prendre rapidement les mesures nécessaires, l’objectif de l’accord de Paris est donc encore à portée de main. 

Il est essentiel de limiter autant que possible tout dépassement de 1,5 °C, car le refroidissement ultérieur n’annulerait pas les effets irréversibles déclenchés par le pic de réchauffement (tels que la disparition d’espèces ou la fonte de la calotte glaciaire). 

Le solaire et l’éolien ont le vent en poupe

Nous avons tous les outils nécessaires pour diviser par deux les émissions mondiales d’ici à 2030. Le GIEC estime que nombre de solutions pourraient être mises en œuvre à moindre coûts, voire nous permettre de réaliser des économies.

Les principaux leviers à actionner sont le développement des énergies solaire et éolienne, dont les coûts sont désormais équivalents voire inférieurs à ceux des combustibles fossiles, la protection et la restauration des forêts et autres écosystèmes, l’adoption de modèles alimentaires et agricoles respectueux de l’environnement et le déploiement de l’efficacité énergétique.

❗ Alors que le GIEC rappelle l’urgence d’agir dès maintenant en priorisant les technologies permettant de réduire efficacement et rapidement les émissions, comme l’éolien ou le solaire, le gouvernement français continue de concentrer l’essentiel de son action énergétique sur la relance du nucléaire, qui ne répond en rien à l’impératif d’agir d’ici à 2030 et n’est pas une technologie suffisamment résiliente (vulnérabilité au changement climatique et aux crises, retards et surcoûts des chantiers, déboires en cascade…). Aussi, Greenpeace estime que la France doit investir dans des moyens plus rapides à déployer, comme les énergies renouvelables et la sobriété énergétique, et pas dans le nucléaire.

Autre mesure qui présenterait le plus gros potentiel de réduction des émissions:  la transition vers des régimes alimentaires que le GIEC qualifie d’“équilibrés et de “durables” (balanced sustainable diets), c’est-à-dire des régimes faibles en viande

❗ Alors que le GIEC identifie clairement la fin de la déforestation comme moyen de lutter contre le dérèglement climatique, le gouvernement français continue à autoriser les fermes-usines. Pour Greenpeace, le gouvernement français doit interdire la construction ou l’agrandissement de ce type d’exploitation, et favoriser une transition à la fois vers un élevage plus durable et des régimes moins carnés.

Il faut sortir rapidement des énergies fossiles

D’après les graphiques du GIEC, les infrastructures de combustibles fossiles existantes nous conduisent d’ores et déjà vers un dépassement du seuil de réchauffement de 1,5°C. Il est donc évident, comme l’a clairement déclaré l’Agence internationale de l’énergie, que tout nouveau projet d’extraction des ressources fossiles est indésirable.

❗ Ainsi, sur la base des affirmations du GIEC, Greenpeace estime que le gouvernement français va à contre-courant de ce qu’il faudrait faire en validant des projets de nouvelles infrastructures comme le terminal gazier du Havre, et que les nouveaux projets d’extraction pétrolière ou gazière des entreprises fossiles comme TotalEnergies sont criminels.

Comment agir concrètement ?

Il faut mettre en place de vraies mesures structurantes pour parvenir à des transitions “rapides et profondes dans tous les secteurs et systèmes”, et ne pas compter sur des technologies qui n’ont pas encore fait leurs preuves. Par exemple, les technologies de capture et stockage du carbone présentent, d’après le GIEC, un potentiel très limité dans le laps de temps que nous avons pour agir.

La justice sociale et intergénérationnelle : un impératif

D’après le GIEC, intégrer des mesures climatiques aux politiques macroéconomiques permet de favoriser des trajectoires à faibles émissions, mais aussi la création d’emplois ou la protection sociale, notamment dans les régions en développement.

Ce qui se joue, c’est aussi l’avenir des générations futures, qui seront celles qui paieront les pots cassés de notre inaction. Le graphique du GIEC ci-dessous (tiré du Résumé à l’intention des décideurs) illustre assez bien dans quelles proportions, en fonction de notre année de naissance, nous seront affectés par le dérèglement climatique.

L’argent, le nerf de la guerre

Si un effort a été fait l’an dernier lors de la COP27 pour que les pays qui ont le plus de responsabilités dans la crise climatique soutiennent ceux qui en ont le moins, l’argent manque encore cruellement. Ou plutôt, l’argent est là mais n’est pas investi là où il faut.

D’après l’Agence internationale de l’énergie, les compagnies pétrolières et gazières ont engrangé 4000 milliards de dollars de bénéfices l’an dernier, alors que les émissions du secteur énergétique atteignaient un nouveau record.

Malgré l’urgence, les investissements publics comme privés sont encore davantage tournés vers les énergies fossiles que vers l’adaptation et l’atténuation climatiques. Ainsi, il faudrait investir entre trois et six fois plus par rapport aux niveaux actuels pour répondre aux besoins d’atténuation, notamment dans les pays en développement.

En France comme partout dans le monde, les solutions et l’argent sont là. Il ne faut donc pas baisser les bras, mais au contraire se retrousser les manches pour pousser les gouvernements à agir rapidement pour le climat, si l’on veut que notre belle planète reste habitable.