La COP28 s’est terminée ce mercredi 13 décembre. Après plus de deux semaines de négociations intenses et parfois sous influence (avec la présence de près de 2500 lobbyistes des énergies fossiles), des caps importants ont été franchis à (tout) petits pas. Cependant, le texte de décision finale ne permet pas de lutter de façon assez ambitieuse contre la crise climatique au cours des années à venir.

Climat

Une COP28
(pas vraiment) historique

La COP28 s’est terminée ce mercredi 13 décembre. Après plus de deux semaines de négociations intenses et parfois sous influence (avec la présence de près de 2500 lobbyistes des énergies fossiles), des caps importants ont été franchis à (tout) petits pas. Cependant, le texte de décision finale ne permet pas de lutter de façon assez ambitieuse contre la crise climatique au cours des années à venir.

La bonne direction

Cette COP28 s’annonçait historique. Pour commencer, parler de climat à Dubaï, dans une assemblée présidée par le dirigeant de la plus grande compagnie pétrolière et gazière des Émirats arabes unis pouvait sembler risqué. Ensuite, tout le monde était au rendez-vous : les gouvernements avec des discours d’ouverture plein d’ambition et la société civile à l’affût. Parce qu’une COP ça ne se rate pas. Aujourd’hui, c’est le seul rendez-vous mondial pour parler de la crise climatique avec tous les pays réunis autour de la table. L’urgence climatique est trop grande pour nous permettre de tourner le dos aux initiatives, particulièrement celles qui nous rassemblent. Car le changement dont nous avons besoin passera par un mouvement collectif, impérativement. Pour sauver la planète, nous devons toutes et tous nous y mettre. Alors, il faut relever ses manches.

C’est ce qu’ont fait, pendant plus de deux semaines, de nombreux pays et leurs délégations, les associations, les parties civiles, les observateurs… Évidemment, il y a eu quelques diversions. Oui, le lobby des énergies fossiles était bien présent. Mais un cap important a été franchi : pour la première fois, le texte de décision finale de la COP28 parle d’une “transition hors des énergies fossiles”.

Nous l’attendions et c’était un passage obligatoire pour permettre d’envisager ensuite une quelconque progression. Tous les pays présents à Dubaï, y compris les principaux producteurs d’énergies fossiles, s’accordent aujourd’hui à dire que les énergies fossiles ne sont pas notre avenir.

Le mauvais équipement

La crise climatique est un grand labyrinthe sinueux dans lequel l’humanité risque de se perdre. Cette COP28 était le moment de se rejoindre à un croisement et de trouver, ensemble, la bonne direction. En définitive, l’humanité reste encore très mal équipée :

  • Le texte parle d’une “transition” alors que nous avons besoin d’une sortie définitive des énergies fossiles (préconisée notamment par l’Agence internationale de l’énergie).
  • Nous demandions un calendrier pour cette sortie des énergies fossiles, un horizon commun et nous ne l’avons pas eu.
  • Les moyens financiers mobilisés pour le moment ne sont pas à la hauteur des besoins des pays en développement que ce soit pour opérer leur transition énergétique, s’adapter au changement climatique ou faire face aux pertes et dommages liés aux événements climatiques extrêmes. Le fonds pertes et dommages, concrétisé cette année, devrait enfin permettre aux pays les plus vulnérables de supporter le coût des conséquences de la crise climatique. Toutefois, les pays riches n’ont pour le moment aucune obligation d’y contribuer.
  • Le texte fait aussi mention de paris technologiques dangereux, tels que le captage et stockage du carbone ou le recours au nucléaire qui font diversion et risquent de retarder la mise en place et le financement des solutions efficaces et concrètes dont nous avons besoin.

© Chris J Ratcliffe / Greenpeace

La ligne d’arrivée

Autre cap important : le texte final de la COP28 demande le triplement de la production des énergies renouvelables. Il était temps. Une transition juste vers 100 % d’énergies renouvelables est impérative. Il s’agit maintenant d’assurer les financements capables de soutenir une telle transition énergétique.

Repousser les énergies fossiles et donner de l’élan aux énergies renouvelables, c’est indéniablement la bonne direction. Sortir définitivement des énergies fossiles, c’est la ligne d’arrivée nécessaire. On peut donc considérer que le texte va dans le bon sens mais nous sommes aussi habitués aux vaines paroles. Or nous manquons de temps et plus que jamais nous devons redoubler de vigilance.

Nous attendons désormais que les gouvernements mettent en place de vraies trajectoires. À commencer par des financements innovants qui impliquent en premier lieu les principaux responsables. Que les mots se transforment en actes : c’est ce dont nous avons besoin.