« On est ce que l’on mange »… Cet adage revêt quelque chose de terrifiant quand on sait que, à l’échelle mondiale, à peine une dizaine de multinationales tiennent les rênes de nos systèmes alimentaires. Le tribunal contre Monsanto, qui vient de rendre son avis juridique, nous permet d’espérer du changement.

Agriculture

Tribunal Monsanto : s’affranchir de l’agroindustrie

« On est ce que l’on mange »… Cet adage revêt quelque chose de terrifiant quand on sait que, à l’échelle mondiale, à peine une dizaine de multinationales tiennent les rênes de nos systèmes alimentaires. Le tribunal contre Monsanto, qui vient de rendre son avis juridique, nous permet d’espérer du changement.

Les cinq juges du tribunal Monsanto, octobre 2016.
© Bas-Beentjes / Greenpeace

Derrière les profits que réalisent les firmes agro-industrielles se cachent des sols privés de nutriments, des cours d’eau empoisonnés et des pratiques de production non durables qui se répercutent sur nos organismes.

C’est pourquoi des agriculteurs, des scientifiques et des militants des quatre coins du monde se sont rassemblés au sein du Tribunal contre Monsanto à La Haye, en octobre 2016, afin de juger ce géant de l’agrochimie et de le pousser à assumer ses responsabilités. Ce tribunal populaire a certes une portée symbolique, mais ses cinq juges sont des professionnels de stature internationale.

Le tribunal a été chargé de répondre à six questions précises portant sur un environnement sain, le droit à l’alimentation, le droit à la santé, la liberté de la recherche scientifique, la complicité dans des crimes de guerre et l’écocide.

Un premier pas pour se libérer de l’emprise de l’industrie

Dans leur avis, les juges ont déclaré que :

Les activités de Monsanto ont des conséquences sur la biodiversité, mais également sur les droits des peuples autochtones et des communautés locales. Ces conséquences sont d’autant plus graves qu’il existe une forte dépendance des peuples autochtones et des communautés locales à l’environnement. Le manque d’informations sur les risques des herbicides et des OGM, de mesures d’atténuation adéquates, d’évaluations crédibles de l’impact environnemental et de véritables consultations témoignent encore davantage de l’influence négative de Monsanto sur l’exercice des droits humains.

Quant au modèle agricole actuel, il est inadéquat, selon le tribunal : « Le modèle agro-industriel actuel pose d’importants problèmes, non seulement parce qu’il dépend de dangereux produits chimiques, mais aussi en raison de ses effets négatifs sur les changements climatiques, de son impact sur la perte de biodiversité et de son incapacité à garantir la souveraineté alimentaire des populations. »

Bien que ce Tribunal soit une initiative de la société civile, les avis formulés par les juges sont utilisables partout et par tous afin de lutter pour un meilleur système alimentaire.

Le mouvement contre les pesticides grandit

En attendant, le mouvement populaire visant à protéger les gens et l’environnement contre les pesticides toxiques grandit. Plus de 600 000 citoyens européens ont déjà apporté leur soutien à une initiative citoyenne européenne demandant l’interdiction du glyphosate, l’herbicide le plus utilisé au monde et le principal ingrédient du Roundup de Monsanto, classé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la catégorie des substances potentiellement cancérogènes. En Thaïlande, des organisations de la société civile ont réussi à convaincre leur gouvernement d’interdire deux grands produits chimiques toxiques, à savoir le paraquat (herbicide) et le chlorpyrifos (insecticide). Aux États-Unis, plus de 300 groupes alimentaires et agricoles ont signé une lettre ouverte demandant au ministère de la Justice de s’opposer aux gigantesques fusions dans le monde agricole.

À votre tour de demander l’interdiction du glyphosate :