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Réaction au dossier de L’Express
"Le vrai pouvoir des ONG"

L’Express a publié le 18 août 2022 un dossier sur “l’influence” des ONG, avec notamment un classement de 50 ONG, des articles sur leurs méthodes et leurs modes de financement. La question du poids des associations et ONG dans le débat public et dans la conduite du pays est intéressante, et démontre qu’elles font partie du paysage démocratique et politique. C’est une reconnaissance du rapport de force qu’elles souhaitent créer face à des lobbys des secteurs industriels et marchands aux moyens immensément plus importants afin que l’intérêt général prime sur les intérêts privés.

Malheureusement, l’Express aurait pu aller plus loin dans son analyse de l’influence sur le pouvoir en France. Ce dossier insinue que les ONG manquent de transparence et indique souhaiter que “la lumière soit […] faite sur leurs objectifs, leurs méthodes, leurs relais ou leurs financements.” Ce reproche fréquemment formulé au secteur associatif est pour le moins excessif alors que les associations sont soumises à des obligations de transparence, notamment via la publication de leurs rapports financiers. Greenpeace publie chaque année ses comptes sur son site et déclare toutes ses activités de plaidoyer auprès de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique.

L’Express demande aux associations “d’assumer”, mais c’est exactement ce que Greenpeace fait ! Nous assumons de faire des choix parmi les sujets sur lesquels nous travaillons, nous assumons de ne pas dépendre de l’argent public ou de subventions d’entreprises, nous assumons de faire à la fois de la sensibilisation du grand public, de militer pour des politiques publiques meilleures pour l’environnement et de faire pression sur les entreprises.

Tout ce que Greenpeace fait, elle l’assume, le revendique et le signe.

Lobby or not lobby ?

Greenpeace France est une association d’intérêt général et mène des campagnes pour protéger l’environnement et promouvoir la paix. À ce titre, nous menons des actions pour influencer et faire évoluer les législations ou les politiques environnementales et climatiques.  Nous contestons donc l’appellation de lobby qui s’applique selon nous aux entreprises ou groupements d’intérêt. 

La différence est énorme entre d’une part les entreprises ou groupements d’intérêts qui cherchent à influencer, via des activités de lobbying, les politiques publiques dans le seul but de défendre leurs intérêts privés ou ceux de leurs clients, de préserver leurs part de marché ou d’augmenter leurs profits ; et d’autre part, les ONG qui, comme Greenpeace, cherchent à faire prévaloir le bien commun ou à défendre l’intérêt général via des activités de plaidoyer, sans bénéfices, ni part de marché, ni actionnaires.

Greenpeace regrette par ailleurs que l’Express compare les associations avec les cabinets de consultants comme McKinsey qui, selon l’hebdomadaire, seraient aussi souvent présents que les associations “dans les couloirs des ministères”.  Pourtant, leurs objectifs n’ont rien en commun avec ceux des ONG. Quand les associations cherchent à améliorer des lois ou à porter des questions d’intérêt général, les cabinets de conseil comme McKinsey y gagnent de l’argent : ce dernier a touché plus de 12 millions d’euros pour ses conseils  sur la gestion de la crise sanitaire.
Les cabinets de conseil emploient en France 40 000 personnes, et selon le rapport sénatorial, en 2021, « les dépenses de conseil de l’État au sens large ont dépassé le milliard d’euros, dont 893,9 millions pour les ministères ».

Peut-on toujours établir une comparaison avec le travail des ONG ?

Financements

Greenpeace est financée uniquement par des fonds privés qui sont la seule et unique ressource de l’organisation. Dans certains pays, des financements de fondations privées sont acceptés avec des critères stricts de sélection des fondations pour le respect de l’indépendance et de la liberté de ton de l’organisation, et leur montant demeure très faible par rapport au budget global de l’organisation. Les dons de fondations représentent moins de 5% du budget total de Greenpeace dans le monde.

Nous avons toujours été transparents vis-à-vis de nos adhérentes et adhérents sur la part des frais affectés à la collecte de fonds.

En revanche, aucune subvention publique d’aucun État, organisme public ou para-étatique ni aucun don d’entreprise ne financent Greenpeace en France ou à l’étranger. C’est une règle intangible que respectent tous les bureaux de Greenpeace depuis sa création. Cette règle est la garantie pour tous les adhérents donateurs de Greenpeace que l’organisation est totalement indépendante, ne subit aucune influence et parle en leur seul nom. La collecte de fonds auprès des particuliers est donc vitale pour Greenpeace. Chaque euro investi dans la recherche de nouveaux dons en France permet d’en recueillir trois autres et 59% des dons financent bien nos campagnes en France et à l’international. La Cour des comptes a d’ailleurs contrôlé la bonne conformité de notre communication financière et de l’allocation de nos ressources. 

Greenpeace France (comme tous les bureaux de Greenpeace) a signé la charte INGO. Cette charte couvre les domaines tels que : une bonne gouvernance et direction, le respect des principes universels (comme la Déclaration universelle des droits de l’homme), l’indépendance, le plaidoyer responsable, des programmes efficaces, la non-discrimination, la transparence et la collecte de fonds éthique.

Transparence

Il est dommage que l’Express, dans son épais dossier, n’ait pas mentionné la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Tous les organismes ayant recours au plaidoyer et au lobbying doivent déclarer le montant annuel qu’ils consacrent à ces activités auprès de la HATVP.
Ainsi en 2021, Greenpeace France a déclaré des activités de plaidoyer concernant : 

  • la défense d’un traité sur la haute mer et le vote d’une résolution à l’assemblée ;
  • l’enjeu de réduction du trafic aérien dans le débat public et politique dans le contexte de crise Covid/post-Covid, notamment via la proposition d’amendements ambitieux sur la réduction de l’impact climatique du secteur aérien dans le cadre du projet de loi climat et résilience ;
  • la proposition d’amendements ambitieux sur la rénovation énergétique des logements dans le cadre du projet de loi climat et résilience ;
  • l’introduction de menus végétariens en restauration collective ;
  • la réalisation d’une contribution écrite au gouvernement sur le « document de travail sur le projet d’accord d’association UE-Mercosur » pour le convaincre d’abandonner l’accord ;
  • la préservation de la réglementation protectrice actuelle sur les OGM à l’échelle communautaire.

Pascal Pogam, directeur adjoint de la rédaction, conclut son édito en affirmant que “au Parlement, on sait désormais que les ONG se sentent un peu comme chez elles…”. Si c’était le cas, la loi climat et résilience aurait été plus efficace en suivant les recommandations de la Convention citoyenne sur le climat, et la récente loi sur le pouvoir d’achat n’aurait pas autorisé la construction d’un terminal méthanier flottant…
M. Pogam voudrait également mieux connaître nos objectifs. Mais chaque association a des statuts, des rapports annuels d’activités, des rapports financiers… Greenpeace publie également sur son site son cadre stratégique qui précise clairement les objectifs de l’organisation.

Expertise

Nos équipes sont composées de nombreux expert·es (docteur en physique, ingénieurs agronomes, scientifiques, cartographes, juristes, analystes financiers…) et nous travaillons aussi avec des expert·es indépendants hautement qualifiés. Nous bénéficions également du soutien d’une unité scientifique basée à l’Université d’Exeter. 

Greenpeace n’a pas de “puissants relais” dans la presse nationale et audiovisuelle comme l’écrit l’Express. Nous publions des rapports, des enquêtes ou des analyses et ce sont les journalistes qui décident d’en parler ou pas.
C’est la qualité et la diversité de notre travail qui expliquent la couverture médiatique de nos campagnes de mobilisation ; c’est la richesse de notre expertise qui convainc les parlementaires de nous rencontrer et d’entendre nos analyses ; c’est notre transparence et notre sincérité qui confortent nos plus de 230 000 adhérents et adhérentes dans leur choix de nous soutenir financièrement chaque année. 

Enfin, nous aurions aimé que l’Express consacre au moins une partie de son dossier aux solutions proposées par les ONG face aux enjeux colossaux du changement climatique, des inégalités, de la pauvreté, du sous-développement, de la pollution ou encore du bien-être animal. Nous portons fièrement des alternatives aux côtés des nombreux acteurs de la société civile, d’associations et de syndicats, avec le soutien de millions de personnes dans le monde. Au nom de la défense de l’environnement et de l’intérêt général, Greenpeace continuera à faire face aux lobbys les plus puissants des industries fossiles, du nucléaire ou de l’agro-industrie, qui influencent la sphère politique et ne défendent que leurs profits..