DCP : destruction, carnage, pillage
Utilisé principalement pour la pêche au t

Pêche au thon : qu’est-ce qu’un dispositif de concentration de poissons ?

Océans

DCP : destruction, carnage, pillage

Utilisé principalement pour la pêche au thon, un dispositif de concentration de poissons (DCP) est un radeau formé d’un assemblage d’objets flottants se prolongeant sous l’eau par des filets ou des cordages
Depuis des millénaires les pêcheurs savent que tout objet flottant dans les océans attire du poisson. C’est ce qui se passe avec les DCP artificiels déployés par l’industrie, qui ont pour effet de concentrer les bancs de poissons autour de ces radeaux.

Une fois que la quantité de poissons agrégée autour d’un dispositif est jugée suffisante, les thoniers se rendent sur la zone, déploient un grand filet, la senne, autour du DCP et remontent tout ce qui se trouve autour.

Conséquences environnementales de l’utilisation des DCP

Les DCP dérivants sont utilisés par les thoniers senneurs qui pêchent le thon tropical. Chaque année, la Commission thonière de l’océan Indien (CTOI) se réunit avec pour objet la gestion mais aussi la conservation de la ressource et l’adoption de mesures de gestion.
En 2014, elle a pour la première fois adopté une limitation du nombre de DCP autorisé par navire. Bien que ce nombre ait été ramené à 450 par navire de pêche en 2016, il reste encore beaucoup trop élevé.

En moyenne, les thoniers français en déploient 250 par marée, alors que la flotte espagnole en utilise le double.

La prolifération des DCP : une surpêche assurée

Les DCP ont pour effet la concentration des thons et permettent de réduire le temps de recherche du poisson.

Équipés de balises satellite, les DCP peuvent être repérés très facilement alors même qu’ils dérivent, et grâce à un sondeur il est possible d’estimer la quantité de poisson autour.

Ces outils démultiplient la capacité de pêche et maximisent ainsi les prises des pêcheurs industriels. C’est un véritable problème pour une ressource dont de nombreux stocks sont déjà surexploités, l’albacore en particulier. Si nous continuons à ce rythme, ces stocks vont s’effondrer, subissant le même sort que la morue de Terre-Neuve.

Un volume de prises accessoires bien trop important

En déployant leur filet autour du DCP, les thoniers remontent à bord du thonier tout ce qui se trouve à proximité du dispositif, sans distinction. Ainsi, de nombreuses espèces autres que les thons, notamment des requins, se retrouvent sur le pont du navire avant d’être rejetées à la mer, le plus souvent mortes.

Les thons juvéniles sont également capturés en grande quantité, ce qui menace gravement la pérennité des stocks.

Les scientifiques évaluent à 100 000 tonnes les prises accessoires de requins capturés par an par les thoniers senneurs dans le monde, soit la même quantité que les volumes de thons effectivement pêchés par les bateaux français chaque année. De quoi remplir 625 millions de boîtes de thons !

Une pression de pêche excessive sur les thons tropicaux

Le thon tropical, celui qu’on trouve dans les placards de près de neuf Français sur dix, subit une pression de pêche qui est en train d’épuiser la ressource. Les captures au niveau global ont été multipliées par neuf depuis les années 1950 !

Le thon albacore est l’espèce la plus consommée en France. Aujourd’hui, il ne reste plus que 30 à 55 % de la population de ces stocks.

Impact sur les communautés côtières de l’océan Indien

Les grands thoniers senneurs pêchent tout, mêmes les poissons juvéniles.

Les petits pêcheurs locaux, quant à eux, ne vont viser que les gros poissons arrivés à maturité, grâce à des hameçons qui ne prennent pas les poissons juvéniles. Les poissons capturés par les immenses filets des thoniers senneurs partent pour les marchés des pays industrialisés, alors que la pêche artisanale fait vivre de très nombreuses personnes dans les pays en développement.