Le 14 novembre 2018, le gouvernement adoptait une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée. En mai 2019, le ministère de l’Agriculture annonçait la publication en juin 2019 d’une nouvelle stratégie sur les protéines végétales pour entre autre rendre la France moins dépendants des importations de soja, qui contribuent à la déforestation. En août 2019, Emmanuel Macron disait s’opposer à l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur suite aux incendies catastrophiques qui ont ravagé l’Amazonie. Nous sommes en août 2020, et les feux menacent de nouveau dangereusement cette forêt primaire. Qu’en est-il des promesses gouvernementales ?

Agriculture - Forêts

Déforestation : l’inaction coupable d’E.Macron

J'agis

Le 14 novembre 2018, le gouvernement adoptait une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée. En mai 2019, le ministère de l’Agriculture annonçait la publication en juin 2019 d’une nouvelle stratégie sur les protéines végétales pour entre autre rendre la France moins dépendants des importations de soja, qui contribuent à la déforestation. En août 2019, Emmanuel Macron disait s’opposer à l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur suite aux incendies catastrophiques qui ont ravagé l’Amazonie. Nous sommes en août 2020, et les feux menacent de nouveau dangereusement cette forêt primaire. Qu’en est-il des promesses gouvernementales ?

SNDI : une liste de bonnes intentions restées lettre morte

Le gouvernement a adopté la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) en novembre 2018. Elle a pour objectif d’interdire, d’ici 2030, toutes nos importations ayant contribué à la déforestation. Le hic, c’est que depuis son adoption, le gouvernement n’en a rien fait : les bonnes intentions qu’il affichait alors sont restées lettre morte. Depuis la publication de cette stratégie, la France a ainsi importé plus de 5 millions de tonnes de soja pour alimenter ses élevages, majoritairement en provenance du Brésil. Or la culture du soja contribue à la destruction d’écosystèmes sud-américains, comme l’Amazonie ou le Cerrado. Au total, cela fait près de deux ans que le gouvernement préfère la communication et l’attentisme à l’action concrète face au saccage des écosystèmes sud-américains par l’agriculture industrielle.

La SNDI symbolise ainsi l’hypocrisie d’Emmanuel Macron et de son gouvernement concernant la déforestation. Elle est aujourd’hui une coquille vide alors qu’elle pourrait être une stratégie à l’efficacité redoutable. Vous pouvez faire pression à nos côtés pour qu’elle soit réellement suivie d’effets en signant notre pétition.

 

Accord UE / Mercosur : une opposition seulement dans le discours

Le projet d’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) vise à faciliter les échanges entre ces deux régions. Or l’activité agro-industrielle des pays du Mercosur exerce une pression terrible sur leurs écosystèmes. Mettre en place cet accord augmenterait notre demande en produits issus de leur agriculture industrielle. Ainsi, il exposerait davantage des écosystèmes précieux comme l’Amazonie ou le Cerrado aux ravages de l’agro-industrie.

Suite aux incendies catastrophiques qu’a connus l’Amazonie en août 2019, le président Emmanuel Macron a déclaré qu’en l’état, il ne signerait pas ce traité. Sauf que plusieurs pays, dont l’Allemagne, font pression pour que cet accord soit finalisé et ratifié au plus vite.

Pour réellement s’opposer à cet accord avec le Mercosur, Emmanuel Macron ne doit pas se contenter de simples déclarations médiatiques. Il doit passer de la parole aux actes, en s’engageant à opposer le veto de la France à cet accord de commerce ainsi qu’en mettant en place une réelle stratégie de blocage de l’accord au sein des institutions européennes. Plus globalement, l’ensemble des accords commerciaux doivent être soumis au respect de l’accord de Paris. Ce n’est clairement pas le cas de l’accord UE / Mercosur aujourd’hui.

Stratégie sur les Protéines Végétales : l’histoire sans fin

La stratégie sur les protéines végétales vise à réduire la dépendance de la France aux importations de protéines végétales, comme le soja. Un excellent but, qui permet de réduire la pression que nous exerçons sur les écosystèmes sud-américains et qui va dans le sens d’une végétalisation de notre alimentation.

Problème : le plan actuel prend fin cette année et la publication du prochain document ne cesse d’être repoussée. Elle a d’abord été annoncée en mai 2019 pour une sortie en juin 2019. Puis en juin 2019, le gouvernement a annoncé sa finalisation pour septembre 2019. La stratégie a ensuite disparu des communications officielles… Avant de ressurgir subitement en juin 2020 après un an de silence, lorsque Didier Guillaume, alors ministre de l’Agriculture, a déclaré qu’il aurait dû le présenter quelques jours avant le confinement. Il avait alors annoncé une présentation pour septembre-octobre 2020.

Julien de Normandie, le nouveau ministre de l’Agriculture, respectera-t-il cette nouvelle date ? Ce plan permettra-t-il réellement à la France de viser l’autonomie protéique totale de nos élevages et de s’affranchir des importations de soja ? Rien n’est moins sûr. Pourtant, ce plan s’attaque à un enjeu crucial et reconnu comme tel par le président dans de nombreuses sorties médiatiques (au salon de l’Agriculture 2019, lors d’une allocution télévisée le 13 avril 2020, et devant la Convention citoyenne pour le climat le 29 juin dernier).

Le retard pris pour publier cette stratégie envoie un bien mauvais signal. Il atteste au mieux d’un véritable manque de considération pour le sujet. Une réalité qui est très éloignée des sorties médiatiques du président

 

Copyright photographie : © Christian Braga / Greenpeace