Agriculture

La Bombe OGM, ou l’impossible coexistence des filières avec et sans OGM

Contaminations de ruches, de cultures de maïs, production de semences arrêtée, querelles de voisinage, mélanges de récolte…Durant l’été 2007, Greenpeace a recueilli de nombreux témoignages des victimes de l’expansion des cultures d’OGM en France, mais aussi de cultivateurs d’OGM et de professionnels de l’agro-alimentaire. Ces témoignages sont rendus publics aujourd’hui dans un nouveau rapport « La Bombe OGM ». Ils illustrent à quel point la coexistence des filières est impossible.

« Les cas de contaminations et les graves conséquences économiques qui en découlent se sont cette année multipliés, alors que les cultures d’OGM représentent moins de 1% des cultures de maïs… C’est pourquoi nous demandons au gouvernement d’instaurer un moratoire sur toutes les cultures d’OGM en plein champ et de préparer une loi qui garantisse à tous la liberté et le choix de produire et consommer sans OGM ! » souligne Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM à Greenpeace France.

Cultivés en milieu ouvert, les OGM se disséminent de façon incontrôlable
Charles Le Pape, apiculteur dans le Lot-et-Garonne témoigne de la contamination de ses ruches. Pierre de la Serve, un cultivateur d’OGM dans le Gers apporte pour sa part un éclairage instructif sur l’impossible étanchéité des filières… La contamination peut en effet se produire à tous les stades de la production par des vecteurs naturels (abeilles, vent, eau…) ou liés à la main de l’homme (machines, silos, vêtements, mélanges de récolte…). De nombreux cas de contaminations à la source, par les semences, ont également été recensés.

Le principe du pollueur-payeur
Comme aucun régime de responsabilité n’existe pour les producteurs d’OGM, les mesures nécessaires pour s’en protéger sont à la charge de ceux qui ne veulent pas être contaminés. Les filières bio, AOC, de qualité ou tout simplement sans OGM, dont les cahiers des charges les excluent, sont à terme menacés. Ces productions auront à faire face à des coûts de plus en plus élevés, tant pour les analyses que pour l’accès à une matière première raréfiée. Patrick Prades a par exemple été contraint d’arrêter sa production de semences de maïs bio à cause d’un champ OGM à 100 m de chez lui. « Ce sont ceux qui refusent les OGM qui font les frais de cette technologie. Combien de temps tiendront-ils ? » s’interroge Arnaud Apoteker.

Graines de discorde
500 ha en 2005, 5 000 en 2006, 22 000 en 2007… Dans le secret et l’opacité, contre la volonté de l’immense majorité des citoyens et en l’absence d’une loi, les promoteurs des OGM tentent aujourd’hui de mettre le pays devant le fait accompli de la pollution génétique. Partout les conflits se multiplient entre ceux qui tentent à leurs frais de préserver une agriculture « naturelle » et les tenants du productivisme transgénique, qui n’ont cure des conséquences de cette technologie sur leurs voisins.