Le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a remis ce lundi le deuxième volet de son 5e rapport. Le 1er volet de ce rapport, en septembre 2013, avait clairement attribué la responsabilité du dérèglement climatique aux activités humaines… Hier, le GIEC a mis l’accent sur les impacts – déjà observables et à venir – des changements climatiques.
Le dérèglement climatique n’est pas une menace : c’est une réalité
Ce 2e rapport nous donne les impacts potentiels dans toutes les régions du monde pour un réchauffement de 2 et de 4 degrés. Il souligne également que les effets des bouleversements climatiques sont déjà là, bien visibles.
En mars, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) lançait déjà une petite bombe climatique. Pour l’OMM le doute n’est pas de mise : le réchauffement provoqué par l’activité humaine est à l’origine des nombreux phénomènes climatiques extrêmes vécus en 2013.
Certains pays sont déjà durement touchés : nous avons assisté à des précipitations plus abondantes, à des vagues de chaleur plus intenses et à une aggravation de dommages causés par les ondes de tempête et les inondations côtières du fait de la hausse du niveau de la mer; le typhon Haiyan, qui s’est déchaîné aux Philippines en est ainsi la plus tragique illustration
voir le rapport complet de l’OMM
Les pays du Sud sont touchés … Invitées par le Réseau action climat (RAC) trois femmes originaires du Bangladesh, du Pérou et du Tchad ont témoigné de la difficulté pour leurs communautés de s’adapter à un climat de plus en plus imprévisible. Lire l’article de 20 Minutes : Elles ont vu le changement climatique sur le pas de leur porte
Mais le Nord aussi ! Pour la France, l’OMM relève que notre pays a connu une répétition de tempêtes, et que les précipitations ont été supérieures de 40 % à la moyenne à long terme. En Bretagne, sur la côte Atlantique, les pluies ont été les plus fortes depuis 1959, provoquant des inondations répétées, tout comme dans le Sud-Est, en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cet hiver a été le deuxième le plus chaud depuis 1900, a également souligné l’OMM…
Trop tard pour arrêter le dérèglement climatique, mais pas pour le limiter !
Il est trop tard pour éliminer tous les impacts des changements climatiques mais pas trop tard pour agir : on peut les limiter ! Il y a une grande différence entre un réchauffement de 2 et de 5 degrés….
Le scénario du GIEC qui vise à rester sous la barre des 2 degrés de réchauffement planétaire d’ici à 2100 implique que l’on atteigne un pic de nos émissions en 2020 et que l’on n’émette plus de CO2 en 2070 (et que l’on capture par la suite les émissions).
Et, parce que nous ne sommes pas sûrs d’atteindre ce pic en 2020, parce que nous ne sommes pas sûrs de pouvoir capturer les émissions, parce que ce scénario représente seulement 66% de chances de rester sous les 2 degrés : nous devons atteindre le niveau zéro d’émissions fossiles en 2050.
Il y a des conséquences des changements climatiques que l’on ne pourra plus éviter (ouragans, typhons, sécheresses). Mais en parallèle du travail d’adaptation recommandé par le GIEC aux gouvernements, nous devons réduire nos émissions !
Il s’écoule entre 30 et 50 ans avant que les gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère se traduisent par une hausse effective des températures à la surface de la planète. En d’autres termes, les changements que nous constatons aujourd’hui sont le résultat des activités anthropiques datant de la révolution industrielle. Les effets du niveau actuel d’accumulation de CO2 dans l’atmosphère ne se font donc pas encore sentir.
Une quantité considérable des émissions de CO2 reste dans l’atmosphère pendant plusieurs siècles, voire des millénaires. Chaque tonne de CO2 rejetée va ainsi s’accumuler dans l’atmosphère et y rester pendant des centaines d’années, même si l’on réduit nos émissions dès demain.
Nous sommes dans une voiture lancée à pleine vitesse : entre le moment où nous appuyons sur le frein et le moment où notre véhicule s’arrêtera, il continuera à parcourir quelques mètres…
Les énergies décarbonées ? Ce sont les renouvelables !
Les réserves fossiles doivent rester dans le sol. Et nous devons développer massivement les renouvelables !
Deux axes doivent être mis en œuvre :
Sortir progressivement des fossiles d’ici à 2050 et ne pas lancer de nouveaux projets. Il faut donc, au niveau mondial, un accord dès 2015 qui permette d’atteindre un pic des émissions en 2020 et un niveau proche de zéro en 2050.
Les pays du Nord et l’Europe notamment doivent agir, et mettre en place un objectif de 45% d’ENR d’ici à 2030 en Europe. Cet objectif contraignant de 45% est absolument nécessaire pour sortir de notre addiction aux fossiles et aux fissiles, et pour témoigner de la bonne volonté européenne avant l’accueil de la conférence sur le climat à Paris en 2015.
Les énergies renouvelables sont les seules à garantir une baisse des émissions. Contrairement à ce que les promoteurs du nucléaire laissent à penser, le nucléaire n’est pas l’énergie miracle pour le climat.
Aujourd’hui, 400 centrales nucléaires produisent 6% de l’énergie produite dans le monde ! Même si l’on construisait 1 300 réacteurs nucléaires dans le monde d’ici à 2050, on réduirait les émissions mondiales de CO2 de seulement 4 %. Cela reviendrait à faire sortir de terre un réacteur tous les 10 jours. Irréaliste et aberrant : pas plus de 6 réacteurs par an ne voient le jour aujourd’hui.
Si l’Union européenne ne s’engage pas, les autres pays resteront eux aussi frileux … Il est de sa responsabilité, face au monde, d’agir !