Pour un monde plus sûr sans armes nucléaires

Ma ville bien-aimée d’Hiroshima est soudainement devenue désolation, avec un amas de cendre, de décombres, de squelettes et de cadavres noircis
Témoignage de Setsuko Thurlow, Hibakusha (survivante) du bombardement d’Hiroshima.

Ce témoignage bouleversant doit nous rappeler l’immense capacité de destruction des armes nucléaires, qui aujourd’hui sont pour la plupart 60 fois plus puissantes que la bombe larguée sur Hiroshima.

Le Traité d’interdiction sur les armes nucléaires (TIAN), adopté le 7 juillet 2017 par 122 États à l’ONU, est une feuille de route vers l’interdiction et l’élimination totale de ces armes. Pour entrer en vigueur, il doit être ratifié par 50 pays. Déjà 15 ratifications et 60 signatures ont été enregistrées à ce jour.

Il était ainsi temps que naisse l’interdiction des armes nucléaires ! Cette interdiction doit aboutir et entraîner un processus de désarmement nucléaire pour que le droit international soit respecté, pour mettre un terme à la prolifération nucléaire et pour renforcer la sécurité internationale.

Voici cinq raisons pour lesquelles il faut soutenir l’interdiction des armes nucléaires :

1. Parce qu’elles sont les plus destructrices

En mai 1985, l’équipage du Rainbow Warrior aide les habitants de Rongelap, un atoll des îles Marshall contaminé par les essais nucléaires américains, à évacuer vers d’autres îlots plus surs.
© Greenpeace / Fernando Pereira

Les armes nucléaires sont les armes les plus inhumaines jamais créées, frappant sans aucune discrimination civils et combattants. À cause des dévastations sans communes mesures et des retombées radioactives persistantes, contaminant les générations futures, ces armes ne ressemblent à aucune autre arme.

Les armes nucléaires ont été utilisées deux fois en temps de guerre, en 1945, sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, faisant de nombreuses victimes.

Plus de 2000 armes nucléaires ont également été testées dans le cadre de programmes militaires, avec des conséquences dévastatrices.

Dix jours durant, nous avons aidé des femmes, des hommes, des personnes âgées et des enfants, dont beaucoup souffraient des conséquences médicales d’une exposition aux radiations. Ils ont dû quitter la terre de leurs ancêtres car elle les rendait dorénavant malades.
Témoignage de Bunny McDiarmid, aujourd’hui co-directrice générale de Greenpeace Internationale, alors matelote de l’équipage du Rainbow Warrior qui a secouru des populations du Pacifique victimes d’essais nucléaires.

2. Parce qu’elles sont inutiles

La flottille de la paix manifeste contre la présence du navire nucléaire américain USS Midway à Yokosuka, Japon, avril 1991. © Greenpeace / Naoko Funahashi

Que peut la bombe atomique contre les principales menaces de notre temps, comme les changements climatiques, le terrorisme, ou encore les cyber-attaques ? L’arme nucléaire, développée dans les années 1950 (pour la France), est totalement obsolète pour répondre aux défis d’aujourd’hui. Au contraire, loin de maintenir la paix, elle cultive la peur et la méfiance entre pays.

Affirmer que la stabilité internationale entre les grandes puissances existe grâce à la dissuasion nucléaire est une idée étonnante. En effet, il est surprenant de qualifier une arme de destruction massive de facteur sécuritaire et stabilisateur du monde ! Cette stabilité par la dissuasion est un point de vue qui n’est partagé que par les détenteurs de la bombe et leurs alliés. Pour tous les autres États, les arsenaux nucléaires sont des facteurs d’instabilité et menacent leur propre sécurité, en raison des conséquences humanitaires et environnementales qu’engendrerait toute détonation.

3. Parce qu’elles nous coûtent une fortune

Manifestation contre la guerre en Irak, Berlin, mars 2003. © Paul Langrock / Greenpeace

Alors que la Guerre froide est terminée et que les arsenaux nucléaires ont très largement diminué depuis le milieu des années 1980, les dépenses budgétaires liées aux armes nucléaires ne cessent d’augmenter. Cette dépense d’argent public est une réalité que l’on retrouve au sein de tous les États qui possèdent l’arme nucléaire. Selon des estimations (Global Zéro, 2011) cette somme sur la décennie 2010-2020 serait proche des 1000 milliards de dollars !

Alors que des millions de personnes souffrent de la faim à travers le monde – un grave facteur d’instabilité – les États nucléaires utilisent de vastes ressources publiques. Ces dépenses pourraient être affectées à la santé, l’éducation, la lutte contre les changements climatiques, l’aide aux sinistrés, l’aide au développement et autres services essentiels pour assurer la sécurité des populations.

En France, le budget du ministère des Armées était de 34,2 milliards d’euros en 2018. C’est 24 fois plus que celui de la Santé (1,42 milliard d’euros). Les montants exacts restent secrets mais on sait que la part allouée au renouvellement de la force de « dissuasion nucléaire » devrait exploser dans les années à venir (six milliards d’euros prévus en 2025 contre quelque 4,04 milliards en 2018). Ce bond en avant budgétaire est dû à la modernisation et au renouvellement des équipements d’armes nucléaires.

4. Parce que les risques de prolifération sont énormes

Commémoration au Japon des 60 ans des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, août 2005.
© Greenpeace / Jeremy Sutton-Hibbert

La prolifération, c’est le risque que les États nucléaires augmentent leurs stocks d’armes ou que de nouveaux États se dotent de l’arme nucléaire. Pour lutter contre ces risques énormes, le Traité sur la non-prolifération (entré en vigueur en 1970) a pour but que les pays non nucléarisés ne développent pas l’arme nucléaire, et que les pays qui la possèdent réduisent leurs arsenaux.

Ces engagements restent, hélas, en grande partie lettre morte. Mais comment est-il possible d’affirmer que la sécurité d’un État repose sur une politique de dissuasion nucléaire quand, dans le même temps, on demande aux autres États de ne pas se doter de ce moyen « sécuritaire » ?

Enfin, que se passerait-il si des matières dangereuses tombaient entre les mains de personnes mal intentionnées ?

5. Parce qu’elles sont les seules armes de destruction massive à ne pas être (vraiment) encore interdites

Manifestation anti-nucléaire devant l’usine d’armes nucléaires de Rocky Flats, Colorado, USA, janvier 1978.
© Greenpeace / Rex Weyler

Mais cela pourrait bientôt changer ! Alors même que les armes biologiques et chimiques font l’objet d’une interdiction globale (respectivement depuis 1972 et 1993), les armes nucléaires échappaient jusqu’à présent à cette logique. Cette anomalie juridique est en passe d’être pleinement éliminée avec l’entrée en vigueur, attendue pour 2020, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) adopté en 2017 par l’ONU.

Bien évidemment, les pays possédant l’arme nucléaire, dont la France, ont boycotté ce traité. La pression pour que la France et les huit autres États nucléaires rejoignent ce traité se construit avec un nombre toujours croissant d’États, d’établissements financiers qui renoncent à investir dans la production de ces systèmes d’armes et de milliers de personnes à travers le monde.

Tous ensemble, partout dans le monde, montrons que nous voulons un monde plus sûr sans armes nucléaires ! Montrez votre soutien à la paix en partageant sur Twitter et Facebook nos visuels :

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