Paris, le 12 décembre 2008 – Alors que le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE s’achève à Bruxelles, Greenpeace dénonce un échec des dirigeants européens à positionner l’Europe comme moteur de la révolution énergétique du 21ème siècle.
« Nicolas Sarkozy ose se féliciter d’un «événement historique» au sujet de l’adoption du paquet énergie-climat, mais la seule chose qui est historique aujourd’hui, c’est l’occasion que l’Europe vient de manquer de redessiner son avenir économique et énergétique et de réaffirmer son statut international de leader en matière de lutte contre les changements climatiques, déclare Karine Gavand, chargé de campagne climat de Greenpeace France. Si tous les pays industrialisés suivaient l’exemple que donne l’Europe aujourd’hui, les températures globales augmenteraient de 4°C ».
Avec le paquet climat/énergie, l’Europe remplace les fameux « 3×20 » par un tragique « 3×4 » :
– 4 % de réduction des émissions sur le territoire européen entre aujourd’hui et 2020 ;
– 4 % seulement des émissions du secteur industriel concernées par la mise aux enchères des permis de polluer (au lieu de 100 %) ;
– +4°C d’augmentation des températures globales d’ici à la fin de ce siècle.
« Quand on regarde de près le texte négocié aujourd’hui, on s’aperçoit que plus de la moitié des efforts de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) se fera en dehors de l’UE. L’Europe ne va réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre que de 4 % entre aujourd’hui et 2020 ! », constate Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. L’Europe aggrave sa situation de dépendance vis-à-vis des importations d’énergies fossiles et perpétue un modèle qu’on sait depuis longtemps insoutenable. Elle rate une occasion unique de doper les investissements dans les technologies du futur. « Toutes les études économiques le disent, le principal levier pour réduire nos émissions de GES est de diminuer notre consommation d’énergie par des gains d’efficacité énergétique. Une politique qui doperait la recherche et créerait donc des millions d’emplois en Europe », poursuit Pascal Husting. « Or le paquet énergie climat propose que presque 70% de l’effort de réduction dans le secteur des transports et de l’habitat notamment, se fasse en dehors des frontières de l’Union européenne. C’est donc un échec non seulement environnemental mais aussi économique et social. »
Concernant le marché des quotas d’émissions, les dérogations accordées aux industriels sont si nombreuses, que seules 4% des émissions polluantes de ce secteur vont être soumises aux enchères. « L’UE choisit de protéger les intérêts de court terme des industriels et se prive d’une source de financement stable et sûre qui aurait pu être consacrée à la protection du climat, notamment pour aider les pays en développement, qui attendent depuis trop longtemps déjà un témoignage concret de la volonté politique affichée dans les discours des pays industrialisés », ajoute Karine Gavand.
En cédant aux pressions polonaises, allemandes et italiennes, l’Union Européenne a donc laissé passer une occasion unique de lancer une mutation économique et de jouer un rôle de leadership mondial en matière de lutte contre les changements climatiques. Si ce plan européen était adopté par l’ensemble des pays industrialisés, nous irions droit vers un réchauffement de la planète de plus de 4 degrés… « Par ses modalités de mises en œuvre, ce paquet énergie-climat enlève toute chance d’atteindre l’objectif de limiter l’augmentation des températures moyennes en deçà de 2°C. », conclut Pascal Husting.
Greenpeace appelle donc les parlementaires européens à absolument rectifier le tir mercredi prochain lors du vote du paquet énergie/climat à Strasbourg.