Du 4 au 7 décembre, le président de la République sera, selon son agenda, en « visite de travail » en Inde. A l’occasion de cette visite, New Delhi et Paris devraient signer un accord pour l’installation de deux centrales nucléaires de type EPR, à Jaïtapur, dans l’état du Maharashtra, à l’ouest du pays. Après la Finlande, la France et la Chine, ce sont 2 à 6 de ces réacteurs nucléaires qui devraient voir le jour en Inde. Un contrat qui compte pour plus de 5 milliard d’Euros.
Mais ce projet de réacteur indien présente une originalité… il est encore plus risqué
Une centrale nucléaire dans une zone à risque sismique
La région de Jaïtapur est traversée par trois failles tectoniques. Au cours des 20 dernières années, de nombreux tremblements de terre ont été recensés dans cette zone. Le plus violent, enregistré en 1967 à une centaine de kilomètres de Jaïtapur, affichait une magnitude de 6,5 sur l’échelle de Richter. Entre 1990 et 2000 un séisme d’une magnitude supérieure à 6 sur l’échelle de Richter et deux supérieurs à 5 ont été mesurés dans la région de Jaïtapur.
Sur l’échelle de risque indienne, la zone de Jaïtapur est classée à l’échelon 4 sur 5 avec des séismes pouvant atteindre une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter. Jamais une centrale nucléaire n’a encore été exposée à une telle magnitude. Voir la carte des zones sismiques indiennes.
Un projet dont la population indienne ne veut pas !
La construction de 2 EPR à Jaïtapur affectera non seulement la vie de quelques 10 000 villageois propriétaires des terrains mais aussi de milliers de pêcheurs. La centrale sera située dans une région qualifiée de haute qualité biologique par le gouvernement indien où la construction de centrales est normalement interdite. L’étude d’impact environnementale effectuée renseigne un risque sismique erroné (zone 3, alors que la zone est effectivement classée en risque 4/5 échelons de l’échelle indienne) et ne prend pas en compte les impacts des rejets qui vont modifier les écosystèmes.
Des protestations réprimées : Alors que les villageois ont refusé les compensations financières versées pour le rachat forcé de leurs terres, les autorités publiques ont réprimé les manifestations contre le projet de Jaïtapur. Environ 3000 personnes se sont faites emprisonner volontairement.
Un projet vendu, construit… et financé par la France !
La centrale de Jaïtapur sera financée à 70% en dette et à 30% en fonds propres. Ce qui veut dire qu’une bonne partie du prêt viendrait de banques occidentales : le Crédit Agricole, la Société Générale, la BNP et HSBC. Les discussions sont en cours au niveau ministériel pour l’attribution d’une garantie d’état française par la Coface.
Alors que la BNP n’a toujours pas vraiment répondu (ou très vaguement, voir le site : http://www.lareponseavosquestions.com/ ) aux questions de Greenpeace et des citoyens sur le financement d’une centrale dangereuse à Angra dos Reis au Brésil, la banque envisage de financer un nouveau projet sale !!
Les acteurs financiers nous disent depuis trop longtemps qu’ils ne sont pas responsables des orientations énergétiques, que c’est un problème politique. En réalité, ce sont eux tout autant que les industriels qui permettent à ces projets nucléaires dangereux de voir le jour.
Il est grand temps que les banques assument leurs responsabilités. Greenpeace demande à BNP Paribas d’annoncer son retrait immédiat des projets Angra 3 et Jaïtapur et de faire toute la lumière sur ses investissements radioactifs.
Pour en savoir plus :
Le site Où va votre argent ?
Le site Nuclear Banks, no Thanks (en anglais)