Alors que Nicolas Sarkozy s’exprimait le 10 juillet devant le Parlement européen, dans le cadre de la présidence française de l’UE, réaffirmant que la lutte contre les changements climatiques constituait à ses yeux une priorité, Greenpeace a rappelé aux eurodéputés que le président de la République français mène une politique aux antipodes de ses beaux discours.
« Nous voulons avertir les parlementaires européens : Nicolas Sarkozy a le verbe haut, mais la pratique déplorable, déclare Anne Valette, en charge de la campagne Climat à Greenpeace France. Le président de la République n’est pas à la hauteur des négociations climatiques que l’Europe doit boucler d’ici la fin de l’année. Premier exemple frappant : la réglementation visant à limiter les émissions de CO2 des véhicules a été vidée de son contenu au seul profit des constructeurs automobiles allemands. Les députés européens, garants de l’intérêt général, vont être amenés à se positionner sur ce texte et ont un rôle essentiel à jouer. »
Au moment où Nicolas Sarkozy prononçait son discours, des militants de Greenpeace ont déployé deux banderoles, une à l’intérieur de l’hémicycle et une autre à l’entrée du Parlement, pour dénoncer l’accord conclu en juin entre le président français et la chancelière allemande Angela Merkel à propos de la future réglementation visant à limiter les émissions de CO2 des automobiles. Ce compromis franco-allemand est le pur reflet des intérêts des constructeurs européens, et surtout allemands. Il condamne le marché des voitures efficaces, peu gourmandes en carburant et faiblement émettrices de CO2, et sacrifie le climat mais aussi, à l’heure où flambe le prix du pétrole, l’enjeu de l’indépendance énergétique et le pouvoir d’achat des ménages. Comment Nicolas Sarkozy va-t-il pouvoir justifier auprès des citoyens européens son refus de développer des voitures qui consommeraient 25 % de moins en 2012, et 50 % de moins en 2020 ?
Greenpeace rappelle qu’en 1995 la Commission européenne s’est prononcée en faveur d’une limitation moyenne de 120 g de CO2/km pour 2005. En 1998, les constructeurs ont signé un « accord volontaire » visant 140 g de CO2/km pour 2008. Aujourd’hui, ils sont loin d’avoir atteint leur objectif (moyenne 2006 : 160 g/km). Pire : ils font tout pour saboter la réglementation que l’Europe doit adopter d’ici la fin de l’année. Le compromis franco-allemand fait figure de coup de grâce :
– il prévoit un objectif de moyen terme de 138 g (soit 18 g de plus que l’objectif initialement prévu pour 2005) ;
– il retarde la mise en œuvre à 2015 : seule une petite partie de la flotte serait soumise à une norme dès 2012, l’intégralité ne serait concernée qu’en 2015 ;
– pour 2020, il vise seulement 110 g de CO2/km, là où l’Agence européenne de l’environnement préconise 80 à 95 g/km pour que l’Europe puisse respecter ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
« Avec des objectifs aussi faibles, l’Union européenne ne sera pas en mesure de respecter les objectifs qu’elle s’est fixés dans le cadre du protocole de Kyoto, conclut Anne Valette. Greenpeace appelle les États membres de l’UE et les parlementaires européens à rejeter le déplorable compromis franco-allemand. »
Pour être à la hauteur du défi climatique, la réglementation européenne doit notamment :
– fixer la limite moyenne des émissions à 120 g de CO2/km d’ici à 2012, et à 80 g/km d’ici à 2020 ;
– comprendre des pénalités immédiatement dissuasives (150 € pour chaque gramme de CO2 supplémentaire, pour chaque véhicule vendu), seule garantie que les constructeurs respecteront les nouvelles normes.