Paris, le 25 mars 2009 - Le Président de la République Française, Nicolas

Forêts

Monsieur Sarkozy, les forêts tropicales ne sont pas une « matière première » comme les autres !

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Paris, le 25 mars 2009 – Le Président de la République Française, Nicolas Sarkozy, se rend ce jeudi à Kinshasa pour une visite officielle en République Démocratique du Congo (RDC). Il devrait être évidemment question des ressources naturelles et matières premières dont regorge la RDC, et qui sont la source de nombreux conflits.

Greenpeace espère que la perception des forêts tropicales africaines par le Président Français a changé depuis son précédent passage dans la région, au Gabon en juillet 2007 : tout en exigeant de l’Europe qu’elle soit plus sévère avec les « fournisseurs de bois illégaux », il avait malheureusement qualifié à plusieurs reprises les forêts du bassin du fleuve Congo de « matière première extraordinaire », exprimant ainsi la vision profonde de la France sur ce qu’est « la gestion durable des forêts ».

Cette déclaration choquante signifiait la poursuite par la France, via l’Agence Française de Développement (AFD), d’une politique tournée vers le soutient financier à l’exploitation industrielle des forêts tropicales et l’encouragement au pillage des ressources naturelles au détriment des populations forestières, de la biodiversité et du climat.

« Les forêts tropicales de RDC ne peuvent pas être considérées comme une simple matière première, au même titre que certaines richesses minières. Il s’agit d’abord et avant tout du cadre de vie et du moyen de subsistance de millions de congolais, d’une biodiversité irremplaçable, mais également d’un atout majeur pour le pays et la planète en matière de lutte contre les changements climatiques », déclare René Ngongo, conseiller politique de Greenpeace Afrique à Kinshasa.

La destruction des forêts est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Les forêts du bassin du Congo constituent la deuxième forêt tropicale humide la planète, mais cette ressource inestimable, encore relativement préservée, est menacée : près du tiers de la superficie de ces forêts, soit l’équivalent de la France, est d’ores et déjà attribué à l’exploitation forestière industrielle.

L’AFD a toujours considéré que le meilleur moyen de gérer durablement les forêts et d’améliorer le sort des populations forestières en Afrique centrale était de soutenir le secteur privé industriel du bois. Aujourd’hui, la France envisage encore d’accorder des prêts à taux bonifiés (des subventions) à certains industriels impliqués dans des scandales liés au commerce de bois illégal ou à l’évasion fiscale. Depuis des années, l’argent du contribuable français finance directement l’expansion d’une exploitation qui dégrade les forêts et les vide de leur biodiversité, sans jamais avoir contribué au développement économique et á la réduction de la pauvreté.

« L’appui à la société civile et à la gouvernance forestière comme moyen d’assurer une redistribution des dividendes forestiers, tout en préservant le capital naturel, n’est toujours pas une orientation stratégique de l’AFD, et ne semble manifestement pas être une volonté présidentielle » précise Grégoire Lejonc, chargé de campagne forêts pour Greenpeace France.

Greenpeace demande à la France de passer d’une logique d’exploitation à une logique de protection des forêts. En ces temps de crise, l’argent du contribuable français devrait être bien mieux utilisé, pour participer à l’émergence dune société civile congolaise actrice d’un développement économique durable. Cette aide devrait appuyer de manière conséquente le renforcement des capacités des administrations forestières (centrales et locales) et contribuer ainsi activement à l’amélioration de la gouvernance, á la lutte contre la pauvreté, les changements climatiques et la perte de biodiversité.

« Au lieu d’un soutien inconditionnel à une industrie forestière prédatrice, nous autres Congolais attendons de la France qu’elle devienne le champion de la protection des forêts africaines au sein des enceintes internationales sur les changements climatiques. Après trop de discours c’est le moment de concrétiser les promesses et de mobiliser les ressources financières internationales sur les vrais enjeux. Il est urgent que les bailleurs de fonds développent des politiques pertinentes et des mécanismes de financement pérennes pour garantir un futur écologiquement responsable et socialement juste pour la forêt tropicale humide de la RDC » conclut René Ngongo de Greenpeace Afrique.