Pas un jour ne passe, depuis le 11 mars 2011, sans qu'un nouvel incident, une no

Nucléaire

Le déni du gouvernement japonais à Fukushima

Pas un jour ne passe, depuis le 11 mars 2011, sans qu’un nouvel incident, une nouvelle fuite, un nouveau pic de radioactivité ou un nouveau risque ne soit détecté à la centrale accidentée de Fukushima Daiichi.
Malgré la volonté de TEPCO d’étouffer les dossiers, (voir l’article du Point : Fukushima, les silences coupables de Tepco ), les informations parviennent, parfois avec un terrible retard.

Manifestement agacé par la non-gestion de la catastrophe par l’opérateur de la centrale, mardi 3 septembre, le premier ministre japonais a promis de mettre en œuvre « rapidement » un plan d’action de 47 milliards de Yen (360 millions d’euros) pour « résoudre de façon radicale les ennuis à Fukushima ». Le gouvernement japonais avait déjà réagi le 7 août dernier ( voir notre article Le Japon doit reprendre le contrôle de la catastrophe de Fukushima ).
Le gouvernement a ainsi annoncé qu’il allait allouer un budget consacré à la recherche et au développement de solutions techniques.

Ce budget est constitué de fonds publics, donc de la contribution de contribuables japonais, qui paient et prennent ainsi la responsabilité que les industriels du nucléaire n’assument pas.

En février 2013 un rapport de Greenpeace International, détaillait comment les graves lacunes de la réglementation nucléaire mondiale laissent aux institutions et aux contribuables la responsabilités de payer les coûts d’un accident nucléaire. L’annonce du Premier ministre japonais vient donc renforcer encore cette situation absurde.

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Ni les exploitants de centrales nucléaires, ni les fournisseurs d’équipements clés, ne sont concernés par les coûts engendrés … par eux !

Parmi les mesures prévues, le gouvernement annonce la construction d’un mur de glace souterrain d’1,4 km de long autour des réacteurs. Une technique totalement expérimentale, sans précédent… et très onéreuse. Malgré les milliards investis, cette hypothèse de mur n’est évidemment pas assez pour répondre totalement à l’urgence. Le plan d’action a été décidé lors d’une discussion à huis-clos, à partir des seules informations données par TEPCO. En outre, les événements émergents les plus récents, tel que les fuites des réservoirs d’eau au sol, n’ont pas encore été traités.

Le gouvernement japonais fait cette annonce la semaine même où doit intervenir la désignation à Buenos Aires de la ville qui organisera les Jeux olympiques d’été de 2020. Il est à craindre que ce plan d’intervention n’est rien de plus qu’un contre-feu de communication, pour minimiser la situation réelle de Fukushima Daiichi, afin de ne pas gâcher les chances de Tokyo à sa candidature pour les jeux olympiques de 2020.

Des jeux olympiques pour « oublier » Fukushima ?

Tokyo est situé à 230 kilomètres de Fukushima. La candidature de la capitale japonaise est intervenue en Juillet 2011, quelques semaines après le séisme et le tsunami, alors que la catastrophe nucléaire avait déjà démarrée.

Mais les jeux olympiques n’arrêteront pas les fuites d’eau radioactives, ni la fusion des cœurs des réacteurs.
Au total, la compagnie doit déjà faire face à quelque 400 000 tonnes d’eau polluée enfouie dans le sous-sol ou stockée dans des réservoirs, un volume qui augmente chaque jour de 400 tonnes, sans compter les 300 tonnes environ qui filent quotidiennement en mer. Après des bassins de rétention qui ne sont pas étanches, Tepco a découvert un réservoir cylindrique de 1 000 tonnes au tiers vidé, une fuite encore inexpliquée mais déjà qualifiée de « grave » par l’autorité nucléaire.

Le plan d’action annoncé, constitué de mesures patchworks isolées, indiquent que TEPCO et le gouvernement mettent la priorité sur les Jeux olympiques et le redémarrage du nucléaire, plutôt que d’empêcher les fuites d’eau contaminées de se poursuivre. Les Jeux Olympiques passent avant les populations évacuée et déplacées, avant les pêcheurs (voir le reportage de France 24 sur la situation des pêcheurs ), avant l’environnement.

Le gouvernement japonais est dans le déni de la réalité.

Aujourd’hui, le seul réacteur nucléaire en fonctionnement est le réacteur n°4 de la centrale d’Ohi. L’énergie nucléaire est, de fait, déjà inopérante. La sortie du nucléaire a déjà eu lieu. Et le gouvernement japonais doit ouvrir les yeux et l’accompagner ! Les autorités japonaises doivent impérativement élaborer une politique claire, entièrement portée sur la gestion de l’eau radioactive à Fukushima, avec un plan de long terme accompagnant une sortie du nucléaire.

Greenpeace continue de demander au Japon de faire appel à l’expertise internationale afin de trouver des solutions. Et nous ne sommes plus les seuls à porter cette demande :

« Il est indispensable de coopérer avec des organismes et des experts étrangers »

c’est ce qu’a déclaré aujourd’hui Takuya Hattori, ex-directeur du site nucléaire Fukushima-Daiichi et actuel président du Forum des industriels japonais de l’énergie atomique.