Agriculture

Les OGM ne sauveront pas la planète, MM. les sénateurs !

Paris, le 16 avril 2008. Echec de l’agriculture productiviste et incapacité des OGM à éliminer la pauvreté et la faim sont les constats principaux de la première évaluation générale de l’agriculture mondiale. Plus de 400 experts ont participé à ce processus mené sous l’égide de l’ONU et dont les conclusions viennent d’être rendues publiques. A l’heure où l’on débat en France d’une loi sur les plantes génétiquement modifiées, et où les firmes biotechnologiques présentent leurs produits comme des solutions à la crise alimentaire, ce constat est d’importance. Greenpeace appelle cet après-midi les sénateurs à la lucidité devant les prétendus attraits des OGM. Le projet de loi doit être amendé dans le sens de la protection des filières sans OGM. L’amendement 252 ne doit pas être vidé de son sens et faire les frais de manœuvres politiciennes.

La semaine dernière, 59 gouvernements, dont la France, ont signé le rapport final de l’Evaluation Internationale des Sciences et Technologies au Service du Développement (International Assessment of Agricultural Science and Technologie, IAASTD) lors d’une réunion intergouvernementale à Johannesburg. Le travail d’évaluation, auquel Greenpeace a été associé dès le début, a quant lui duré 4 ans. Les groupes de travail étaient dirigés par le professeur Robert Watson, ancien président du GIEC (groupe international des experts sur le climat).

Les Etats-Unis, le Canada et l’Australie ont été les seuls pays à ne pas approuver ce rapport. Quant aux firmes biotechnologiques Monsanto, Sygenta et BASF, elles se sont retirées en octobre de ce processus d’évaluation indépendant, qu’elles ont aussitôt accusé d’être partial… Le rapport de l’IAASTD appelle en effet à un changement fondamental de notre manière de cultiver, afin de contrer la hausse des prix alimentaires, la faim, les inégalités sociales et les désastres environnementaux. Il dénonce les pratiques destructrices qui ont dominé l’agriculture et convient que les plantes génétiquement modifiées ne joueront pas de rôle substantiel dans la résolution de problèmes clé comme la faim et la pauvreté.

« Ce rapport prouve que nous pouvons produire plus de nourriture et de meilleure qualité sans mettre en péril les modes de vie ruraux et les ressources naturelles. La « modernité » en agriculture favorise la biodiversité, l’emploi rural et travaille avec la nature et non contre elle, déclare Arnaud Apoteker de Greenpeace France, qui a participé au collège central de l’IAASTD. Pour contribuer à développer la production agricole, il faut d’abord garantir l’accès à la terre, mieux organiser les marchés locaux, ou investir dans la recherche sur les plantes traditionnelles… En plus de 10 ans d’existence, les OGM n’ont fait preuve nulle part de leur capacité à contribuer au mieux être des agriculteurs ou des populations. L’illusion doit prendre fin ! »

Les 400 experts de l’IAASTD se montrent par ailleurs méfiants quant aux brevets relatifs aux plantes transgéniques et s’inquiètent des futurs problèmes de voisinage entre cultivateurs pro et anti-OGM en cas de contamination. Ce point n’est pas suffisamment encadré par le projet de loi sur lequel les sénateurs se prononcent cet après-midi en seconde lecture. C’est à l’agriculteur d’apporter la preuve que son champ a été contaminé, de réaliser les analyses adéquates. C’est donc au pollué d’apporter la preuve de la contamination !

A l’initiative d’une lettre ouverte parue ce matin dans Libération
et signée par un grand nombre de personnalités, dont Juliette Binoche, Marion Cotillard, Jacques Higelin, Jonathan Littell, Lambert Wilson, Jean Pierre Coffe, Olivier Rollinger ou encore le président des fermiers de Loué, Alain Allinant, Greenpeace demande aux sénateurs de ne pas vider de son sens le seul amendement de protection de cette loi. L’ensemble de la loi doit bien au contraire être modifiée dans le sens de la protection des filières sans OGM (AOC, bio, labels…). La préservation de l’agriculture sans OGM et des filières de qualité ne doit pas faire les frais de la politique politicienne. Greenpeace assistera à l’ensemble des débats dans les tribunes du palais du Luxembourg.