Après son départ de Londres en avril et une première escale en Arctique, l'Esperanza se trouve désormais dans l'Atlantique Nord. A son bord, des scientifiques nous aideront à décrypter les mystères qui se cachent derrière Lost City.

Océans

La vie sur terre a-t-elle commencé en eau profonde ?

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Après son départ de Londres en avril et une première escale en Arctique, l'Esperanza se trouve désormais dans l'Atlantique Nord. A son bord, des scientifiques nous aideront à décrypter les mystères qui se cachent derrière Lost City.

Lorsqu’il s’agit de parler de créatures étranges aux allures extraterrestres, presque sorties d’un film de science-fiction, l’océan est une source d’inspiration intarissable : isopodes géants, poisson-globes, le kiwa tyleri (un homard aux pinces poilues), et bien plus encore. Pas surprenant qu’Hollywood choisisse régulièrement de scruter le fond de l’océan pour inventer toujours plus de monstres et de paysages mystérieux.

La surface de la lune est mieux documentée que le plancher océanique. Pourtant, d’après certains scientifiques, c’est là que la vie sur Terre aurait commencé.

Vers turbicoles © Greenpeace / Gavin Newman

La découverte des cheminées hydrothermales

Les cheminées hydrothermales apparaissent là où les plaques tectoniques se rencontrent et permettent d’évacuer une partie de la chaleur de la Terre. La lumière du jour n’atteint pas ces évents qui se forment à des profondeurs complètement dépourvues d’oxygène.

C’est seulement en 1977 que les cheminées hydrothermales ont été découvertes. Elles n’ont pas manqué d’étonner les scientifiques par leur taille, mais aussi par la diversité des espèces vivant aux alentours. Des vers marins géants (les siboglinidae), des crabes se nourrissant de bactéries, et d’autres créatures surréalistes prospèrent miraculeusement dans ces profondeurs, agglutinées autour de colonnes d’eau chaude riches en minéraux.

Cette découverte a remis en question tout ce que tout le monde a toujours pensé des origines de la vie sur Terre.

Cheminée hydrothermale de Lost City. © NOAA / OAR / OER

Lost City : la vraie soupe primordiale ?

Lost City (la Cité perdue) est le site le plus connu de cheminées hydrothermales. On y trouve des tourelles, des tours et des cheminées dont certaines ont plus de 120 000 ans !

Des recherches ont montré que ces évents généraient des hydrocarbures, des molécules essentielles à toute vie sur Terre, qui se forment par le simple contact de l’eau de mer avec les roches et minerais présents sur le site de Lost City. Est-ce que ce mélange de minéraux et d’eau salée à haute température, tel que cela existe à Lost City, est à l’origine de tout ? Est-ce l’authentique soupe primordiale (ou soupe primitive) ?

En toute franchise, nous ne le savons toujours pas. Ces 20 dernières années, des scientifiques ont travaillé d’arrache-pied pour confirmer (ou non) cette théorie et décrypter les mystères de Lost City. Alors qu’on attend encore des réponses à ces questions, le plancher océanique commence à attirer l’attention des industriels avides de minéraux et de métaux stockés en eaux profondes, comme les nodules polymétalliques (riches en cuivre, nickel, cobalt…), des minerais rares servant à la fabrication des écrans de téléphones, ordinateurs, etc.

Monster machines” dans les starting blocks

Nous ne savons pas grand-chose du plancher océanique. Nous en savons encore moins lorsqu’il s’agit d’endroits reculés et hostiles. Bien que ces écosystèmes semblent à première vue extrêmement résilients, ils s’avèrent aussi fragiles et précieux. Malheureusement, ils sont déjà menacés par l’extraction minière en eaux profondes.

Méduse pélagique (Pelagia noctiluca),
© Greenpeace / Gavin Newman

Bien que l’exploration minière en eaux profondes n’ait pas encore commencé, des autorisations ont déjà été délivrées à plusieurs États, structures publiques et industriels pour une exploitation commerciale. Elle s’effectue avec des machines monstrueuses qui labourent le plancher océanique et détruisent tout sur leur passage, avant même que nous puissions comprendre l’importance de ces endroits.

En France, l’Ifremer a fait preuve d’un intérêt manifeste pour exploiter les fonds marins et a bénéficié de 103 licences l’autorisant à effectuer de l’exploration minière en eaux profondes.

Un rapport de Greenpeace sur le sujet paru aujourd’hui (en anglais) révèle que les industriels sont parfaitement conscients que leur activité pourrait conduire à la disparition de certaines espèces uniques. Ce rapport appelle également les gouvernements à se mettre d’accord pour adopter un traité mondial pour les océans qui devra donner la priorité à la protection des océans, et non à leur exploitation.

L’heure est à la prise de conscience

 

Cheminée hydrothermale de Lost City. © NOAA / OAR / OER

La précipitation des groupes miniers pour exploiter les fonds sous-marins doit nous pousser à agir. Les citoyen.ne.s ne sont pas prêt.e.s à laisser le plancher océanique se faire massacrer pour produire toujours plus de nouveaux gadgets.

Pour cette raison, l’expédition #ProtectTheOceans fera une escale à Lost City d’ici quelques jours avec, à bord de l’Esperanza, les scientifiques qui ont découvert cette merveille. Ils nous aideront à en savoir plus et tenteront de déchiffrer les énigmes qui entourent cette cité perdue. En renforçant nos connaissances, nous serons mieux à même d’appeler à la protection de cette zone.

Vous l’avez compris : il y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas à propos de Lost City. En revanche, ce dont nous sommes certains, c’est que les activités humaines détériorent déjà cet écosystème vitesse grand V.

Rejoignez-nous en signant notre pétition pour un traité mondial des océans ambitieux.