Récemment jugée trop lente par la Cour de Justice de l’UE, la Commission européenne s’emballe et donne aujourd’hui son feu vert pour autoriser la culture du maïs transgénique 1507 de Pioneer.
La balle est maintenant dans le camp des états membres : lors du prochain conseil des ministres de l’environnement le 13 décembre, ils devront réunir une majorité qualifiée pour décider… Faute de quoi la Commission serait obligée d’autoriser la culture de ce nouvel OGM.
Cette situation ne s’était pas produite depuis 2010 et l’autorisation de la pomme de terre Amflora imposée par la Commission européenne. Qui a par ailleurs été un cuisant échec, puisqu’elle a été si peu cultivée que BASF en a stoppé la commercialisation au bout de 2 ans !
Les raisons pour ne pas autoriser ce maïs transgénique ne manquent pourtant pas.
Et en tout premier lieu, l’aberration du système agricole en vigueur, qui consiste à empiler les problèmes !
La culture des OGM est synonyme de toujours plus de pesticides, d’impacts sur la biodiversité et sur les écosystèmes, d’apparition de résistances (insectes, plantes, …) et de moins d’agriculteurs.
Alors que la solution réside justement dans une agriculture qui préserve et utilise les fonctions naturelles des écosystèmes en se basant sur les principes de l’agronomie et les savoir-faire paysans.
Avec trois autres organisations, Greenpeace a d’ailleurs adressé jeudi dernier un courrier aux 28 Commissaires Européens pour leur exposer ces principales raisons de s’opposer à la culture du maïs 1507. (Voir ce courrier – en anglais)
L’évaluation de cet OGM ne satisfait pas le minimum requis par la législation européenne !
Le maïs transgénique 1507 a deux traits spécifiques : il est modifié pour produire un insecticide (la toxine Bt, ciblant la pyrale du maïs) et résister à des herbicides, en particulier le glufosinate d’ammonium, si toxique que l’UE envisage d’en programmer le retrait d’ici 2017.
La législation européenne requiert une évaluation des risques pour ces 2 traits. Or un seul l’a été : la production d’insecticide. Et cette évaluation révèle des risques pour des organismes non cibles (papillons diurnes et nocturnes) ainsi qu’un manque de données scientifiques concluantes concernant les risques pour les pollinisateurs tels que les abeilles ou encore les organismes aquatiques. Sur la base des avis de l’EFSA, la Commission européenne a par 2 fois demandé à Pionner d’apporter des compléments sur ces points, ce que Pioneer a toujours refusé.
Les impacts de la tolérance à l’herbicide n’ont pas été évalués
La législation européenne requiert également d’évaluer les changements dans les pratiques agricoles causés par la culture d’OGM tolérant aux herbicides. Il s’agit en particulier d’évaluer les effets des herbicides associés à l’OGM sur la biodiversité et les organismes non cibles. Une requête renforcée en décembre 2008 à l’unanimité par le conseil des ministres de l’UE. Cette même année, la Commission avait expressément demandé à l’EFSA de réaliser une telle évaluation, mais celle-ci manque toujours.
Cette évaluation est d’autant plus cruciale que la culture d’OGM tolérant des herbicides entraîne une augmentation très importante de l’utilisation d’herbicides !
En résumé : la Commission européenne donne aujourd’hui son feu vert pour autoriser la culture du maïs transgénique 1507 de Pioneer, alors qu’en réalité, elle a entre les mains toutes les cartes pour ne pas le faire! (Voir l’article : UE – Maïs OGM TC1507 : la Commission peut proposer un refus d’autorisation sur Inf’OGM)
Les OGM, une technologie dépassée qui ne présente pas d’intérêts
Une large majorité d’Européens continue à rejeter les OGM, en raison de leurs risques environnementaux et sanitaires mais également pour leur manque d’intérêts.
La culture des OGM n’augmente globalement pas les rendements, ni la résistance aux conditions climatiques extrêmes telles que sécheresses ou inondations. Ils n’apportent pas plus de solution à la dégradation des sols ou à la pollution des eaux.
La technologie OGM est basée sur une compréhension simplifiée des systèmes biologiques qui n’apporte pas de solution efficace et durable aux problématiques agricoles. La solution réside dans une agriculture écologique, basée sur la compréhension et l’utilisation des systèmes biologiques complexes.
La France doit non seulement s’opposer à l’autorisation de culture de ce maïs OGM mais également convaincre les autres pays européens d’en faire autant !