Ecological Produce at Farmers Market in Paris. © Peter Caton - © Peter Caton / Greenpeace

Les gestes écologiques les plus efficaces
(making off)

Pour comparer l’impact sur le climat de différents gestes écologiques, nous avons réalisé le graphique ci-dessous. Ce graphique donne des ordres de grandeur, en se basant sur des moyennes. Pour comprendre dans le détail comment ont été calculés ces chiffres, nous détaillons sources et hypothèses dans cette page web. N’hésitez pas à nous signaler une erreur ou un oubli (via le formulaire de contact).

Comme mentionné en pied de graphique, cette comparaison se limite aux effets sur le climat, elle ne prend donc pas en compte les autres impacts sur l'environnement (érosion de la biodiversité, pollution de l'air, production de déchets nucléaires, consommation d'eau, raréfaction des ressources...).

 

Refuser un aller-retour Paris - Bangkok en avion

Pour mesurer l’empreinte carbone, nous avons estimé la distance entre Paris et Bangkok (9444 km selon le site distance.to), que nous avons multipliée par deux pour avoir la distance aller-retour, soit 18 888 km. Selon le simulateur de l’ADEME, ce voyage en avion émet 2,9 tonnes équivalent CO2, en prenant en compte les effets réchauffants des traînées de condensation. Pour arriver à ce chiffre, l’ADEME applique une empreinte carbone de 151 g de CO2/km/personne (source : base carbone).

Limites du calcul

Pour mesurer tous les effets sur le climat (CO2 et hors CO2), l’ADEME recommande “faute de mieux” d’appliquer un facteur 2 sur les émissions liées à la combustion du CO2. D’autres experts recommandent d’appliquer un facteur 3. Une étude conduite en septembre 2020 par 21 spécialistes, et dirigée par David Lee, conclut ainsi que “l’impact total du transport aérien sur le climat d’aujourd’hui peut être estimé à trois fois celui de tout le CO2 émis par les aéronefs et accumulé” (source citée par l’association “Rester sur terre”).

Notons enfin que l’empreinte carbone d’un vol augmente avec la distance parcourue. Un aller-retour entre Paris et Lisbonne émettra 0,54 tonnes CO2e, tandis qu’un aller-retour entre Paris et Sydney se chiffrera à plus de cinq tonnes CO2e.

 

Rénover son logement

Pour estimer les économies annuelles d’une rénovation intégrale, nous avons considéré un logement de 42 m² (c’est la surface moyenne par personne citée dans le scénario Négawatt), de classe énergétique D de l’ancienne DPE (c’est la médiane du parc des résidences principales en France, au 1er janvier 2018) et chauffé au gaz. Nous visons une rénovation complète, c'est-à-dire qui permette d’atteindre la classe B du nouveau DPE. On en profite pour passer d’un chauffage à gaz à un poêle à granulés pour le chauffage et un chauffe-eau électrique thermodynamique.

Valeurs fixes :

  • coefficient primaire de l’électricité : 2,3
  • contenu CO2 du kWh gaz : 0,0227 kg CO2/kWh
  • contenu carbone du kWh granulés de bois : 0,030 kg CO2/kWh
  • contenu carbone du kWh électricité des auxiliaires : 0,065 kgCO2/kWh
  • contenu carbone du kWh éclairage : 0,069 kg CO2/kWh

MI : maison individuelle
LC : logement collectif

État initial du logement (avant rénovation) :  45,40 kg CO2e/m²/an

  • consommation d’énergie primaire : 200 kWhEP/m²/an. Classe D de l’ancien DPE.
  • consommation d’éclairage et consommation des auxiliaires (de chauffage, ECS, ventilation) : pas prises en compte dans l’ancien DPE.

État final du logement (après rénovation) : entre 3,23 et 3,26 kg CO2e/m²/an

  • Classe B du nouveau DPE, soit consommation d’énergie = 110 kWhEP/m²/an et EGES = 11 kg CO2/m²/an.
  • Consommation des auxiliaires :
    • VMC double flux : 3,4 kWh/m²/an en maison individuelle (MI) et 7,9 en logement collectif (LC).
    • auxiliaires chauffage + ECS : 2,2 kWh/m²/an (MI et LC).
    • éclairage : 2,7 kWh/m²/an (MI et LC).

NB : le résultat est pratiquement le même en logement collectif (3,23).

Économies réalisées : 42,15 kg CO2e/m²/an, soit 1,8 tonne CO2e par personne et par an.

Limites du calcul

Nous avons fait le choix de calculer les économies d’équivalent CO2 pour la rénovation d’un logement précis (de classe D, chauffé au gaz) qui nous semblait dans la médiane française. Nous avons également opté pour un passage à un chauffage aux granulés bois, qui nous semblait pertinent dans le cadre d’une rénovation complète.

D’autres choix auraient évidemment entraîné d’autres résultats :

  • Si nous avions gardé le gaz pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire, les économies auraient été de 1,4 tonne CO2e/personne/an.
  • Si nous avions choisi un logement de classe F de l’ancien DPE (400 kW/m²/an), en conservant le gaz pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire, les économies auraient été de 3,4 tonnes CO2e/personne/an
  • Si ce logement de classe F était chauffé au fioul et que nous passions aux granulés bois, les économies seraient montées à 5,3 tonnes CO2e/personne/an

Surtout, il aurait été plus juste de calculer les économies pour chaque source d’énergie puis de pondérer les résultats en fonction de la part de chaque source dans le parc des logements français.

Quoi qu’il en soit, cet ordre de grandeur est suffisant pour voir que la rénovation complète d’un logement permet des économies de CO2e très importantes chaque année. C’est donc une des actions prioritaires à entreprendre dès lors que l’on est propriétaire. D’autant que ces économies sont aussi financières.

 

Opter pour un régime végétarien / diviser sa consommation de viande par quatre

Ces chiffres sont issus du calcul du simulateur “Nos gestes climat”, porté par l’équipe Datagir de l’ADEME et l'Association Bilan Carbone :

Limites du calcul

Il s’agit d’économies en fonction du régime alimentaire moyen des Français·es. Plus une personne a une alimentation carnée, plus les économies de CO2e générées par un changement de régime seront importantes.

Le simulateur a aussi calculé le passage à un régime végétalien (c'est-à-dire sans viande, produits laitiers, poissons ni œufs). Les économies se chiffrent à 1,45 tonne CO2e/an. Le régime végétalien, absent du graphique, est donc celui qui émet le moins de gaz à effet de serre.

 

Déposer son épargne dans une banque éthique

Pour estimer les économies de CO2e induites par un changement de banque, nous avons calculé l’intensité carbone moyenne des six grandes banques françaises (calculée par Oxfam et le cabinet Carbone 4, dans le rapport de 2020 intitulé Banque : des engagements climat à prendre au 4e degré) : 468 g CO2e/euro épargné.

Nous avons estimé ensuite que cette épargne serait déposée à la Nef, la banque la mieux disante à ce jour selon les classements d’Oxfam. L’intensité carbone de la banque a été évaluée par le cabinet Utopies, dans un rapport des Amis de la Terre de 2010 intitulé L’empreinte carbone des banques françaises. Elle s’élève à 200 g CO2e/euro. Changer de banque permet donc des économies de l’ordre de 268 g CO2e/euro épargné.

Nous avons considéré que 4770 € étaient virés d’un compte à l’autre. Il s’agit de l’épargne moyenne annuelle par personne en France (source INSEE : 29 954 € de revenu disponible brut annuel par unité de consommation pour 25 184 € de dépense moyenne annuelle par unité de consommation).

Les économies d’un tel virement s’évaluent à environ 1,3 tonne CO2e chaque année.

Limites du calcul

Cet ordre de grandeur est à manier avec beaucoup de prudence au vu des nombreuses hypothèses de ce calcul :

  • Il aurait été plus précis de mentionner clairement sur le graphique le montant d'épargne viré sur une banque éthique (ex : 5 000 euros ou 10 000 euros) afin de faire comprendre que l'empreinte carbone est proportionnelle au montant de l'épargne
  • Choisir l’épargne annuelle par unité de consommation masque le fait que l’épargne accumulée est bien plus importante. Si l’on considère qu’une personne peut virer l’intégralité de son épargne dans une banque éthique, le calcul est sans doute fortement sous-évalué
  • À considérer l’épargne annuelle, il aurait été plus juste d’utiliser l’épargne médiane, sachant que la moyenne est fortement tirée à la hausse par les ménages les plus aisés. Cette médiane est estimée à 2520 € par l’INSEE en 2017 (3e quintile : 26 112 € de revenu disponible brut annuel par unité de consommation pour 23 592 € de dépense moyenne annuelle par unité de consommation). À ce titre, le calcul peut être considéré comme surestimé.
  • L’intensité carbone de la NEF est un chiffre qui date de 2010, mais ni Oxfam ni La Nef ne disposent d’un chiffre plus récent. Nous l’avons donc choisi faute de mieux. En 2022, La Nef a sorti une évaluation de l'intensité carbone de 121 grammes équivalent CO2 par euro investi, soit 40% de moins que l'estimation de 2010. A ce titre, le calcul peut être considéré comme sensiblement sous-estimé
  • Pour calculer la moyenne de l’intensité carbone des grandes banques françaises, il aurait été plus précis de pondérer l’intensité de chaque banque en fonction de leur taille.

Enfin, la notion même d’empreinte carbone de son compte en banque est à utiliser avec prudence. Il faut considérer cette mesure en tant qu’ordre de grandeur.

 

Diviser par deux ses déplacements en voiture

Pour mesurer les économies de gaz à effet de serre en divisant par deux ses déplacements en voiture, nous avons pris l’hypothèse d’une voiture thermique, consommant 0,193 g CO2/km (c’est la moyenne du parc automobile français, source ADEME citée par Ouisncf).

Un véhicule particulier parcourait en moyenne 13 270 km en France en 2016 (source INSEE citée par Alternatives Economiques). Le taux de remplissage des véhicules est d’environ 1,2 en France (source ADEME), soit 11 058 km par personne et par an.

L’empreinte carbone annuelle liée à l’utilisation de la voiture thermique par un·e Français·e est de 2,13 tonnes CO2e. Une division par deux permet donc des économies de l’ordre de 1,1 tonne CO2e par an et par personne.

Limites du calcul

Il s’agit d’économies en fonction de l’usage moyen des Français·es. Plus une personne roule dans l’année, plus les économies de CO2e générées par une division par deux seront importantes.

 

Ne rien acheter de neuf

Pour mesurer les économies réalisées par l’absence d’achat neuf, nous avons fait une estimation de l’empreinte carbone de la consommation moyenne d’un·e Français·e sur les postes d’habillement, d’électroménager et d’hi-tech.

Concernant l’électroménager et le hi-tech, nous avons repris le chiffre du rapport de Carbone 4, Faire sa part, soit 0,16 tonne de CO2e par personne et par an. Notons que pour simplifier, Carbone 4 a estimé que les émissions de CO2e liées à la fabrication et au transport d’un équipement non neuf (d’occasion ou reconditionné) étaient nulles.

Concernant l’habillement, nous sommes également repartis de la même étude. Carbone 4 estime que diviser par trois sa consommation de vêtements permet une économie de 0,22 tonne de CO2e. Nous en avons déduit que l’empreinte carbone totale des achats d’habillement étaient de 0,33 tonne (0,22 x 3/2).

La somme de ces deux postes donne une économie de 0,49 tonne de CO2e par personne et par an.

Limites du calcul

Ce calcul est fortement simplifié dans la mesure où :

  • il considère que la fabrication et le transport d’objets non neufs n’émet pas de CO2e. À ce titre, les économies sont surévaluées ;
  • il ne prend pas en compte d’autres postes de dépense de consommation courante : mobiler, livres et magazines, jouets, etc. À ce titre, les économies sont sous-évaluées ;
  • il ne prend pas en compte l’éventuel achat d’un véhicule neuf, qui est un important poste de CO2. La fabrication d’une voiture neuve émet 6,5 tonnes de CO2 (source : Greenpeace Allemagne citée par Le Monde ;il s’agit d’une moyenne sur les 12 principaux constructeurs).

 

Équiper son logement de LED

Pour mesurer les économies liées à l’équipement en LED de tout son logement, nous avons repris le chiffre de l’étude Faire sa part, du cabinet Carbone 4. L’hypothèse retenue est une induction d’une économie de 10 kWhEF/m²/an, ce qui permet une économie de 20 kg CO2e/an.

Limites du calcul

Carbone 4 n’a pas publié les calculs lui permettant de retenir l’hypothèse de 10 kWh EF/m²/an. Néanmoins l’ordre de grandeur (marginal par rapport aux autres actions retenues) nous semble correct.

À titre d’exemple, nous avons calculé quelles seraient les économies induites par une personne qui n’allumerait jamais la lumière chez elle. Si l’on considère que chaque ménage consomme 387,5 kWH pour son éclairage (moyenne de la fourchette : 325 à 450 kWH, donnée par l’ADEME). Avec une intensité carbone de l’électricité de 0,06 g CO2e/kWh, cela donne une économie de 23 kg de CO2e par ménage et par an. Il faudrait encore rapporter au nombre de personnes habitant dans le ménage, mais l’ordre de grandeur est bon.