On vous parlait il y a quelques mois de la taxonomie européenne : une classifi

Désarmement - Nucléaire

Gaz et nucléaire : fossoyeurs de notre indépendance énergétique

On vous parlait il y a quelques mois de la taxonomie européenne : une classification au niveau européen qui a pour objectif de répertorier les activités économiques durables et de les rendre éligibles aux nouveaux investissements verts. Une sorte de guide à consulter par les investisseurs pour s’assurer que leur argent finance la transition énergétique de l’Europe et contribue à l’atteinte de ses objectifs climatiques.

Au terme des négociations entre les États membres de l’Union européenne, dans lesquelles la France s’est illustrée par son double jeu toxique en s’alliant avec les pays pro-gaz fossile, le nucléaire et le gaz ont été retenus pour figurer dans la liste de la taxonomie, non pas comme énergies vertes mais comme “énergies de transition”, c’est-à-dire des énergies pouvant bénéficier de financements européens, au moins pour un temps.

Nous dénonçons avec force cette décision dangereuse tant pour l’environnement que pour notre indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. L’inclusion de l’énergie nucléaire et du gaz fossile dans la taxonomie revient à saboter la transition écologique puisque cette manœuvre aboutirait à un détournement d’argent nécessaire au déploiement à grande échelle des énergies renouvelables, d’efficacité énergétique et d’économies d’énergies au profit d’énergies fossiles ou inadaptées pour atteindre en temps et en heure l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau européen.

Nous publions aujourd’hui une enquête mettant en lumière le fait que la Russie devrait être l’un des principaux bénéficiaires de cette décision : en l’état, la taxonomie européenne renforcerait le pouvoir de négociation de Vladimir Poutine dans le rapport de force qui l’oppose à l’UE et contribuerait à financer la guerre en Ukraine.

Les géants russes de l’énergie mettent la pression à Bruxelles

Alors que l’Union européenne s’apprête à rendre public son projet visant à rendre l’Europe plus indépendante sur le plan énergétique, notre rapport montre comment les géants russes de l’énergie Gazprom (gaz), Lukoil (pétrole) et Rosatom (nucléaire) ont fait pression à Bruxelles pour inclure le gaz fossile et l’énergie nucléaire à la liste des investissements verts et/ou “de transition”, définissant les investissements durables permettant à l’UE d’atteindre ses objectifs climatiques.

Notre rapport révèle que les entreprises énergétiques russes ont rencontré des commissaires et des hauts fonctionnaires de l’UE, soit directement, soit par l’intermédiaire de filiales et de groupes de pression, au moins 18 fois depuis que la Commission européenne a publié son plan d’action sur la finance durable en mars 2018.

Des contrats nombreux et lucratifs pour la Russie

Selon la Société Française d’Énergie Nucléaire (SFEN), pour chaque nouvelle unité [NDLR : réacteur nucléaire] construite par Rosatom, en Europe ou ailleurs, jusqu’à un milliard d’euros irait à des technologies françaises. En d’autres termes, EDF, et les entreprises de feu Areva (Orano et Framatome) ont tout intérêt à ce que Rosatom prospère à l’étranger. En effet, Rosatom fait appel à des entreprises françaises pour la conception et la construction de composants de réacteurs (turbines, cuves…). L’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie européenne permettrait par ailleurs à Rosatom de bénéficier d’une part importante des investissements européens potentiels dans le nucléaire, estimés à 500 milliards d’euros sur huit ans.

De plus, la Russie pourrait gagner quatre milliards d’euros supplémentaires par an via de nouveaux projets gaziers qui pourraient être financés grâce à la taxonomie européenne, pour un total de 32 milliards d’euros d’ici 2030.

Tout n’est pas perdu pour une vraie taxonomie

Partout en Europe, des citoyen·nes sont vent debout pour faire pression sur leur propre gouvernement afin de ne pas céder à la pression toxique de la France et de la Russie. En lien avec les autres bureaux de Greenpeace en Europe, nous allons accentuer la pression sur les responsables politiques qui mettent en péril la transition énergétique européenne. On ne lâchera rien !