Le gaz naturel liquéfié (GNL) est une énergie fossile qui aggrave la cris

Climat

Gaz : à qui profite la guerre?

Les entreprises gazières et les gouvernements profitent de la guerre en Ukraine pour enfermer l’Europe et les États-Unis dans leur dépendance au gaz naturel liquéfié (GNL). Dans une investigation publiée jeudi 27 avril, Greenpeace International analyse l’évolution du commerce de GNL entre les États-Unis et l’Union européenne.  

Le gaz naturel liquéfié (GNL) est une énergie fossile qui aggrave la crise climatique. Depuis le début de la guerre en Ukraine, il connaît un boum retentissant. Les importations européennes de GNL en provenance des Etats-Unis ont augmenté de 140% rien qu’en 2022

L’investigation de Greenpeace International montre comment l’industrie du gaz pousse les États-Unis et l’Europe à conclure des contrats climaticides sur le long terme, parfois sur plusieurs décennies. Les entreprises pétro-gazières comme TotalEnergies cherchent ainsi à nous enfermer dans un système énergétique toxique qui sert les intérêts des pollueurs, aux dépens des populations et du climat.

Le gaz naturel liquéfié, une solution magique contre la crise énergétique ?

La Russie était l’une des principales sources d’approvisionnement de gaz pour l’Europe, mais depuis l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, les pays européens sont en train de couper les vannes. L’industrie du gaz a profité de ce moment d’instabilité et de peur lié à la crise énergétique pour pousser le GNL, notamment celui des États-Unis, comme une solution magique

Les entreprises pétro-gazières n’ont de cesse de présenter le GNL comme une énergie de transition, plus verte et plus sûre. Les gouvernements européens et états-uniens qui ont plongé la tête la première dans ce mensonge, en laissant loin derrière eux leurs engagements climatiques.

Des projets inutiles et climaticides

Alors même que les infrastructures existantes sont suffisantes pour répondre à nos besoins énergétiques à court terme, l’Union européenne prévoit de plus que doubler sa capacité d’importation. Huit infrastructures pour accueillir le GNL sont en construction et 38 autres ont été proposées. Si l’intégralité de ces projets voient le jour, ils émettront chaque année 950 millions de tonnes d’équivalent CO2, ce qui représente 32% des émissions de CO2 de l’Union européenne de 2019.

Même constat du côté des États-Unis qui prévoient de doubler leur capacité d’exportation grâce aux nouveaux terminaux de liquéfaction et aux nouveaux projets d’extraction qu’ils ont approuvés. On estime que les émissions de ces infrastructures pourraient atteindre chaque année l’équivalent de celles de 488 centrales à charbon ou de 393 millions de voitures.

En réalité, la plupart des projets proposés ne pourront pas être opérationnels à temps pour éviter les pénuries d’énergie à court terme provoquées par la guerre en Ukraine. La plupart d’entre eux se concrétiseront trop tard pour compenser l’insuffisance de l’offre actuelle. 

Le danger du gaz de schiste 

Le GNL importé des États-Unis est tout sauf une énergie de transition : 80% du gaz produit sur leur territoire est du gaz de schiste, c’est-à-dire un gaz extrait en fissurant la roche pour faire sortir le méthane et ainsi le récupérer.

Cette technique d’extraction par fracturation hydraulique est particulièrement problématique. Elle est dangereuse pour le climat, pour la biodiversité et pour la santé des populations locales. C’est pour ces raisons environnementales et sanitaires que de nombreux pays de l’Union européenne comme la France ont interdit sa pratique. 

Pourtant aujourd’hui, nous acceptons d’importer du gaz de schiste des États-Unis, aux dépens de la santé des communautés les plus pauvres qui subissent de manière disproportionnée la pollution des nouveaux projets d’extraction.

Panneau d’avertissement sur les gazoducs au Colorado

Panneau d’avertissement concernant un gazoduc dans l’une des régions des États-Unis où la fracturation hydraulique est la plus intensive. © Les Stone

Des profits, toujours des profits

Cette expansion du GNL ne permettra même pas de réduire le coût de l’énergie pour les consommateurs et consommatrices des deux côtés de l’Atlantique, qui vont devoir encore une fois mettre la main au porte-monnaie.

Le gaz liquéfié est une énergie fossile particulièrement chère du fait de ses coûts de production et de transport élevés. En comparaison, les énergies renouvelables sont une alternative bien meilleur marché et plus saine.Pendant ce temps, l’industrie pétro-gazière continue d’engranger des bénéfices records, sur le dos des gens et du climat. Les cinq plus grandes compagnies pétro-gazières du monde, dont TotalEnergies fait partie, ont réalisé au total 192 milliards d’euros de bénéfices en 2022.

Et la France dans tout ça ?

Emmanuel Macron avait annoncé en février 2022 que nous deviendrions d’ici 30 ans « le premier grand pays du monde à sortir de la dépendance aux énergies fossiles ». Pourtant, la France est devenue en 2022 le premier importateur mondial de GNL américain, témoignant de la contradiction entre l’actuelle politique énergétique du gouvernement et les promesses qui ont été faites.

Cette politique énergétique semble s’installer sur le long terme puisqu’il est prévu que les exportations américaines continuent d’augmenter, imposant le développement de nouveaux projets aux États-Unis pour extraire le gaz fossile et répondre à la demande. 

La France va également se doter en septembre 2023 d’une nouvelle infrastructure gazière pour accueillir le GNL américain : un terminal flottant affrété par TotalEnergies et amarré au Havre pour une durée de cinq ans.

Mettons un terme à l’ère des énergies fossiles

Pour nous assurer un monde plus vivable et plus juste, l’Europe doit mettre en place des mesures pour réduire nos besoins en gaz. Ce n’est pas tout : elle doit aussi progressivement nous sortir de cette dépendance à toutes les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), en s’appuyant sur plus de sobriété et sur les énergies renouvelables.

Vous souhaitez vous aussi un monde libéré du gaz et du pétrole ? Rejoignez la mobilisation et signez notre pétition !

Si vous voulez plus d’informations sur l’investigation menée par Greenpeace International, vous pouvez lire le résumé du rapport disponible en français.