Crise climatique, pétrolière, alimentaire : Greenpeace condamne les leaders des pays du G 8 qui, plutôt que de suivre les recommandations des experts internationaux et des Nations unies sur le climat et sur l’agriculture, s’entêtent à défendre les intérêts de leurs grands groupes industriels.
Climat et pétrole
Pour éviter les pires impacts des changements climatiques, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites au moins de moitié d’ici à 2050. L’Agence internationale de l’énergie, le Giec ou la Commission européenne estiment que la maîtrise de notre consommation et le développement des renouvelables sont les réponses les plus efficaces, rentables et sûres pour réaliser cet objectif.
Pourtant, les pays du G8, qui concentrent 40 % des émissions mondiales de CO2, tout en hébergeant seulement 13 % de la population, demeurent incapables de s’accorder sur un objectif chiffré et contraignant de réduction de leurs émissions. Ils imposent au reste du monde un modèle énergétique fondé sur le paradigme du « produire plus pour consommer plus », totalement dépassé et inadapté à la crise climatique. Les pays les plus riches exploitent ainsi le dérèglement du climat pour vendre des technologies immatures, comme le captage et la séquestration du carbone et la voiture électrique, ou dangereuses, chères et polluantes, comme le nucléaire, que le président de la République française fait tout pour promouvoir, y compris en annonçant le lancement en France d’un 2e réacteur EPR absolument inutile.
« Rien n’oblige les membres du G 8 à s’entendre sur une déclaration finale, rappelle Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace France. Il serait intolérable que les pays qui ont ratifié Kyoto, comme la France, cèdent aux États-Unis et signent une déclaration qui ne mentionnerait pas l’objectif contraignant d’une réduction d’au moins 50 % des émissions mondiales d’ici à 2050, ni un engagement à moyen terme de réduire de 30 % les émissions des pays du G 8 d’ici à 2020. »
Crise des modèles agricoles
La crise alimentaire est d’abord une crise de la pauvreté et des modèles agricoles. Les pays les plus touchés sont ceux qui ont été obligés de s’aligner sur la logique des institutions de Bretton Woods et de l’OMC, promue par les pays du G 8 : spécialisation dans un ou deux produits d’exportation, réduction des surfaces destinées aux cultures vivrières, ouverture des marchés et mise en concurrence déloyale de petits producteurs avec les agricultures intensives et largement subventionnées des États-Unis et d’Europe, etc. Face à cette double crise, le rapport de l’IAASTD (évaluation internationale des sciences et technologies au service de l’environnement), paru en avril 2008, est sans ambiguïté : le modèle agricole répondant le mieux aux enjeux alimentaires et environnementaux repose sur l’agriculture paysanne, valorisant les savoir-faire et les semences locales, et non sur un modèle d’agriculture intensive, déconnectée du local, fortement consommatrice de phytosanitaires, prônant les OGM et rejetant les petits paysans vers les villes.
De la même façon, les agrocarburants détournent les céréales de l’alimentation (Etats-Unis et Europe), détruisent les forêts tropicales et renforcent l’effet de serre (Indonésie et Brésil) et génèrent insécurité sociale et alimentaire (notamment Brésil). Ainsi, plutôt que de promouvoir d’aussi mauvaises solutions, les pays du G 8 devraient suivre les recommandations de l’IAASTD et favoriser le développement d’un modèle agricole juste et performant, sur le plan social comme écologique.
« La première mesure que les pays les plus riches de la planète doivent prendre consisterait à respecter leur engagement, maintes fois réaffirmé, d’affecter 0,7 % de leur PNB à l’aide au développement », indique Yannick Jadot.
Consultez le document « Le G 8 et le dérèglement du climat »