Le conseil des ministres de l’environnement qui se réunissaient hier pour discuter du financement de l’aide aux pays en développement en matière de lutte contre les changements climatiques s’est conclu sur un échec : aucun engagement financier concret n’a été décidé. Le sujet sera de nouveau débattu par les ministres des finances le 10 mars puis par les chefs d’Etat le 19 et 20 mars.
« Les ministres de l’environnement ont préféré passer la « patate chaude » aux ministres des finances. Pas un euro n’a encore été mis sur la table pour sauver le climat… La question du financement est pourtant au cœur de la négociation du prochain accord. Il ne reste plus que 300 jours avant la conférence de Copenhague. Et pour l’instant, nous n’avons que des mots sur la table » explique Karine Gavand, chargé de campagne Climat pour Greenpeace France.
A 300 jours de Copenhague, aucun engagement chiffré de l’Europe…
Pour contenir les dangers liés au changement climatique, l’Union européenne a appelé les pays en développement à fournir leur part d’effort pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (de -15 à -30% par rapport à un scénario « laisser faire »). Mais cela ne sera possible que si ces pays bénéficient d’une aide financière leur permettant d’améliorer leur efficacité énergétique, produire de l’énergie « propre » et réduire la déforestation. Dans le même temps, les pays en développement doivent également être en mesure de s’adapter aux impacts, déjà dramatiques, du dérèglement climatique. « Les pays industrialisés sont les responsables historiques du réchauffement de la planète. Ils ne peuvent exiger des efforts des pays en développement sans les soutenir ! », commente Jérôme Frignet, chargé de campagne Forêt pour Greenpeace France. « L’Union Européenne doit aller dans le sens d’un partage équitable des efforts avec les pays pauvres ».
… pas plus qu’une proposition de mécanisme pour générer des fonds
Les ministres de l’environnement n’ont pas non plus réussi à s’accorder sur les mécanismes de financement à destination des pays en développement qui pourraient voir le jour dans le cadre de l’accord de Copenhague. « Ce n’est pas faute d’avoir des propositions intéressantes sur la table depuis des mois ! », constate Karine Gavand. « La proposition « norvégienne », qui impose aux Etats d’acheter une part de leurs allocations annuelles d’émissions, fidèle au principe « pollueur – payeur », permettrait de générer une partie substantielle des fonds nécessaires. Mais les ministres n’ont même pas réussi à exprimer leur soutien à cette proposition… envoyant un signal déplorable aux pays en développement ».
Pour répondre aux besoins des pays en développement, Greenpeace considère que les pays industrialisés doivent apporter une aide de :
– au moins 40 milliards d’euros par an pour des investissements dans des énergies propres,
– 30 milliards pour protéger les forêts,
– et 40 milliards d’euros pour mitiger les impacts du changement climatique sur les pays en développement.
L’Union Européenne devrait financer environ 1/3 de ce montant, soit environ 35 milliards d’euros par an d’ici à 2020.