Retard de 9 mois sur le chantier EPR : qui va payer la facture ?
« Depuis le début des travaux à Flamanville, malgré l’accumulation des problèmes, Areva, EDF, Bouygues nous chantent « aucun problème, aucun retard, tout va très bien, madame la marquise », déclare Yannick Rousselet, responsable de la campagne Énergie de Greenpeace France. En réalité, ils ne savent pas construire un EPR dans les délais et le budget annoncés. Ce retard de 9 mois va entraîner un dépassement budgétaire : qui va payer la facture ? Combien va réellement coûter cet EPR aux Français ? On n’en sait rien. Pourtant on s’entête à construire ce réacteur, et Nicolas Sarkozy ose annoncer qu’on va en faire un deuxième ! »
Greenpeace estime qu’à l’heure du ralentissement de la croissance et de la rigueur budgétaire, la France a certainement mieux à faire en matière de politique énergétique que d’investir plus de trois milliards d’euros dans un projet inutile, mal maîtrisé, extrêmement coûteux et risqué. Greenpeace appelle le gouvernement à stopper le programme EPR pour investir l’argent des Français dans le développement des renouvelables et dans un ambitieux programme d’efficacité énergétique, options sans danger, qui répondent à la fois aux enjeux de lutte contre les changements climatiques, d’indépendance énergétique et de pouvoir d’achat.
L’EPR de Flamanville est le deuxième réacteur de ce type qu’Areva et Bouygues tentent de construire. Le premier chantier, à Olkiluoto, en Finlande, a déjà subi d’importants retards et son exploitation n’interviendra pas avant mi-2011, au lieu de début 2009, comme prévu à l’origine. Depuis deux semaines, le chantier finlandais est l’objet d’un nouveau scandale, impliquant Areva et Bouygues, l’un de ses principaux sous-traitants. Les deux entreprises ont autorisé la réalisation de soudures sans avoir au préalable de procédures de spécification dûment approuvées. Le géant français du BTP est aussi accusé par certains salariés de leur interdire d’évoquer les problèmes rencontrés sur le chantier avec quiconque.
Ce scandale n’est que le dernier en date d’une longue série de problèmes survenus sur le chantier finlandais depuis le début des travaux, fin 2005. Plus de 1 000 incidents ont déjà été rapportés (mauvaise qualité du béton, soudures défectueuses sur l’enceinte de confinement, composants essentiels non conformes, etc.), sans parler de l’incendie survenu fin juillet, qui a causé des dommages à l’extérieur et à l’intérieur du mur d’enceinte du réacteur. Résultat : en Finlande, la construction du réacteur affiche déjà plus de deux ans de retard et 2 milliards d’euros de dépassement budgétaire (prix initial : 3,3 milliards d’euros).
« Le cas d’Areva et de Bouygues s’aggrave. Sur les chantiers finlandais et français, ce sont les deux mêmes entreprises qui sont aux manettes. Olkiluoto, c’est la boule de cristal dans laquelle on peut lire les ennuis qui nous attendent à Flamanville, déclare Yannick Rousselet. Arrêtons les frais pendant qu’il en est encore temps. L’obsession de tenir des coûts et des délais irréalistes l’emporte depuis de début sur les impératifs de sûreté. Le retard de 9 mois révélé aujourd’hui nous montre à quel point c’est absurde en plus d’être dangereux! »