Réacteurs EPR : petits arrangements entre industriels et déni de démocratie

Climat

Selon diverses sources, le président de la République Nicolas Sarkozy s’apprêterait à annoncer la construction en France d’un deuxième, voire même d’un troisième réacteur nucléaire EPR. Pour Greenpeace, on assiste à des tractations qui n’ont rien à voir avec les enjeux énergétiques et l’intérêt des citoyens français. Greenpeace dénonce le fait du Prince et conteste avec la plus grande fermeté la logique à l’œuvre : la France fait donc du nucléaire pour les beaux yeux de l’industrie, et sans aucune justification énergétique.

« Les décisions de couloir sont indignes de notre démocratie. Le Président n’a pas été élu pour servir l’intérêt de grands groupes industriels ! En revanche, il a pour devoir de penser politique énergétique digne de ce nom et dans l’intérêt collectif. Le Président ne peut pas non plus faire fi des processus démocratiques et décider dans son coin, s’indigne Frédéric Marillier, en charge de la campagne Énergie de Greenpeace France. Alors que la feuille de route établie par le Grenelle de l’environnement fait des économies d’énergie et des renouvelables la priorité pour la France, Nicolas Sarkozy compte faire deux réacteurs supplémentaires, qui coûteraient au moins 4 milliards d’euros chacun, juste pour ne pas pénaliser EDF ou GDF-Suez, c’est grotesque ! Et pourquoi pas un autre EPR pour Poweo, et un pour Direct-Énergie, pendant qu’il y est ? »

L’EPR ne répond à aucun besoin énergétique, bien au contraire !
Suite à l’annonce par Nicolas Sarkozy le 3 juillet 2008 de lancer un second EPR en France, le ministre de l’Énergie Jean-Louis Borloo a lancé l’été dernier un nouvel exercice de Programmation Pluriannuel des Investissements (PPI) dans le secteur de l’électricité. Cet exercice, qui devrait être finalisé prochainement, doit définir les besoins d’investissements en fonction des besoins énergétiques identifiés.
Pour appuyer l’analyse, l’administration a réalisé un scénario dit « Grenelle » qui intègre les décisions prises par la loi Grenelle et retient l’hypothèse d’un second EPR. Résultat peu surprenant et pourtant impressionnant : le scénario prévoit une augmentation spectaculaire des exportations d’électricité jusqu’à 129 Twh en 2020 (contre 63 aujourd’hui), soit l’équivalent de la production d’électricité de 11 EPR ! En clair, ceci signifie que l’électricité construite par de nouveaux EPR ne répondrait à aucun besoin énergétique national, mais serait destinée uniquement à l’exportation…

Les orientations du Grenelle induisent en effet une baisse des consommations et des besoins, ce qui est en contradiction, non seulement avec le développement de nouveaux réacteurs mais même avec le maintien d’un parc nucléaire aussi important.

Déni de démocratie
Au-delà de la question énergétique et aussi de la question des risques et des impacts environnementaux que le président de la République ignore totalement, ces tractations de couloirs posent à nouveau et de manière criante la question de la place de la démocratie dans les décisions nucléaires.

Plus que jamais, le nucléaire échappe à tous processus démocratique : écarté du Grenelle, il ne fait l’objet d’aucune discussion parlementaire, et même le ministre en charge du dossier de l’Énergie est court-circuité. C’est le fait du Prince.

Greenpeace en appelle à un sursaut démocratique des acteurs politiques, qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité. Greenpeace demande par ailleurs que la Commission nationale du débat public soit sollicitée pour organiser un vrai débat public sur le sujet.