Nucléaire : deux nouveaux incidents, en Espagne et en France…

Climat

Incendie en Espagne et légère fuite radioactive à Pierrelatte, juste à côté du Tricastin : la série d’incidents nucléaires se poursuit !

Alerte sur la centrale de Krsko (Slovénie), en juin, fuites radioactives au Tricastin et à Romans-sur-Isère et contamination de salariés en juillet, nouveau scandale sur le chantier de construction de l’EPR en Finlande il y a une semaine : l’été 2008 s’est chargé de nous rappeler que le nucléaire est une technologie polluante, risquée et mal maîtrisée. « Il faut tirer les leçons des récents incidents avant que quelque chose de plus grave encore ne se produise, estime Yannick Rousselet, responsable de la campagne Énergie à Greenpeace France. Qu’attendons-nous pour investir dans une politique ambitieuse d’efficacité énergétique et dans les renouvelables, qui sont sans danger et répondent à la fois aux enjeux de lutte contre les changements climatiques, d’indépendance énergétique et de pouvoir d’achat ? »

Un incendie en Espagne…
La centrale nucléaire de Vandellos II, en Catalogne, au nord-est de l’Espagne, s’est arrêtée automatiquement dimanche 24 août, à la suite d’un incendie dans son générateur d’électricité. L’incendie s’est déclaré dimanche matin à 8h49 dans le générateur, qui sert à transformer en électricité l’énergie dégagée dans le réacteur nucléaire. Il a été éteint par les pompiers de la centrale vers 10h30, selon le Conseil de sécurité nucléaire espagnol (CSN). « Tous les systèmes de sécurité de l’installation ont fonctionné comme prévu », a précisé l’organisme dans communiqué. « La centrale est à l’arrêt et stable » et l’incendie « n’a eu aucun impact sur les travailleurs ou l’environnement ». Le réacteur devrait cependant rester sans fonctionner pendant plusieurs semaines. « Du point de vue de la sécurité, nous sommes relativement tranquilles », a affirmé par Rafael Cid, sous-directeur général de technologie nucléaire du CSN.
Autre son de cloche du côté des associations de défense de l’environnement. Greenpeace et l’association Écologistes en action affirment qu’une grande colonne de fumée était visible vers 10h00 à Vandellos II s’échappant de la salle des turbines. Elles demandent « que soit retirée à l’Anav l’autorisation d’exploiter les centrales qu’elle gère (Asco I, Asco II et Vandellos II) » et qu’on arrête « préventivement leur activité face à l’accumulation d’incidents ».
En effet, l’Anav, l’Association nucléaire Asco Vandellos II, gère trois centrales nucléaires en Catalogne et s’est déjà retrouvée sur la sellette au début de l’année 2008. Elle a été accusée de ne pas avoir correctement informé les autorités sur une fuite qui s’est produite dans la centrale Asco I, en novembre 2007. Cet incident, sans danger significatif pour les populations, selon le CSN, n’a été rendu public que cinq mois plus tard. Le 18 août, le CSN avait cependant recommandé au gouvernement espagnol d’infliger une amende record comprise entre 9 et 22,5 millions d’euros aux gérants d’Asco I.
« L’Anav n’a pas su prouver qu’elle était un opérateur responsable, estime Carlos Barvo, de Greenpeace Espagne. Nous risquons un accident sérieux. » Le CSN doit ouvrir d’ailleurs une enquête pour déterminer les circonstances et les causes de cet incendie. Pour mémoire, l’Espagne compte six centrales nucléaires en fonctionnement, avec un total de huit réacteurs qui produisent environ un quart de l’électricité consommée dans le pays, selon le CSN. Le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, au pouvoir depuis 2004, est partisan de l’abandon progressif du nucléaire.

… et une nouvelle fuite en France !
Une petite fuite d’uranium a été détectée jeudi 21 août sur une canalisation des réseaux d’effluents de la société Comurhex, filiale d’Areva, à Pierrelatte (Drôme), a indiqué l’entreprise le lendemain, dans un communiqué. Cette fuite a été détectée sur une canalisation enterrée, qui n’était normalement plus utilisée. Mais lors de travaux de modernisation de ce réseau, les ouvriers se sont aperçus qu’un clapet anti-retour défectueux avait laissé passer de manière occasionnelle des échantillons sortant d’un laboratoire d’analyses et qui devaient aller vers une station de retraitement, a expliqué à l’AFP un porte-parole d’Areva.
La fuite serait vraiment mineure. En se basant sur la concentration moyenne en uranium des échantillons et sur l’importance de la fuite, la Comurhex estime qu’environ 250 grammes d’uranium par an ont pu pénétrer dans le sol environnant la canalisation défectueuse. De son côté, la préfecture de la Drôme a indiqué que « selon l’Autorité de sûreté nucléaire, les risques environnementaux apparaissent très faibles d’après les données actuellement disponibles. Des études plus détaillées seront menées et leurs conclusions seront communiquées ». La préfecture a ajouté que « les services de la direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (Drire) et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sont actuellement sur place ».
Comurhex Pierrelatte est spécialisée dans la transformation de l’uranium nécessaire au fonctionnement du parc nucléaire. Le site produit de l’hexafluorure d’uranium, indispensable aux procédés d’enrichissements.

(Avec AFP)