Nouveau réacteur EPR : le Grenelle, l'environnement, la démocratie sacrifiés sur l'autel d'EDF et Areva !

Climat

Greenpeace condamne avec le plus grande fermeté la décision, confirmée dans la soirée du 29 janvier par Nicolas Sarkozy, de construire d’un deuxième réacteur EPR en France, sur le site de Penly (Seine-Maritime). Greenpeace va employer les moyens qu’elle jugera adaptés pour contrer cette décision absurde.

« Cette relance du nucléaire, décidée sans concertation, sans transparence, sans évaluation des besoins énergétiques, constitue un passage en force inacceptable et digne des années 1970 et non de la France de l’après-Grenelle ! Une telle décision n’a qu’un seul objectif : satisfaire quelques lobbies comme Areva, EDF ou GDF-Suez, déclare Yannick Rousselet, de Greenpeace France. Ce deuxième EPR signe l’avis de décès du Grenelle de l’environnement : c’est le signe qu’en France, on privilégie la consommation tous azimuts, et non l’efficacité énergétique et les renouvelables. »

Déni total de démocratie
Le lancement d’un 2e EPR est le choix du prince : aucune concertation, aucune rationalité économique, aucune évaluation indépendante des coûts, des avantages et des inconvénients des différents modes de production électrique, aucune prise en compte des conséquences sanitaires et économiques des déchets radioactifs…
Suite à la volonté exprimée en juillet dernier par Nicolas Sarkozy de construire un nouveau réacteur, l’État avait entamé une révision de la programmation pluriannuelle des investissements de production électrique (PPI). Cet exercice, piloté par le ministère de l’Écologie et de l’Énergie, vise à planifier les investissements nécessaires pour la production d’électricité, en fonction d’une analyse de la demande à l’horizon 2020.
« Le président de la République n’attend même pas la finalisation de ce processus pour officialiser le 2e EPR, affirme Yannick Rousselet. Il s’agit d’un simulacre de concertation et de réflexion, et seuls les intérêts de l’industrie nucléaire guident la politique énergétique française ! »

La France : le dernier pays où l’on a besoin d’un autre réacteur
Construire un nouveau réacteur EPR est en totale contradiction avec les engagements du Grenelle, qui prévoit une baisse des consommations et des besoins, en totale contradiction non seulement avec le développement de nouveaux réacteurs mais même avec le maintien d’un parc nucléaire aussi important. Augmenter la production d’électricité en France nous enferme dans la logique qui a prévalu jusqu’à présent : pas de maîtrise de l’énergie, les renouvelables relégués au second plan, coûts astronomiques du chauffage électrique, etc.
« La France est en pleine schizophrénie, déclare Yannick Rousselet. Ce 2e EPR contredit les engagements du Grenelle, c’est-à-dire 23 % de renouvelables et 20 % d’économies d’énergie d’ici à 2020, comme ceux du paquet climat/énergie adopté par l’Union européenne en décembre dernier, sous présidence française ! »

La France impose son nucléaire à l’Europe
Que va-t-on faire de toute cette surproduction d’électricité ? Comment amortir le coût exponentiel de construction de ces EPR, sachant que le prototype finlandais accuse 38 mois de retard et avoisine les 5,5 milliards d’euros, que le chantier de Flamanville prend le même chemin et qu’EDF a déjà estimé le coût du kilowattheure nucléaire d’un 2e EPR à 0,60 €, soit une augmentation de plus 100 % en cinq ans… Une seule solution : augmenter encore les exportations d’électricité, comme le prouve le scénario développé par l’État dans le cadre de la révision de la PPI, qui table sur une augmentation des exportations d’électricité jusqu’à 129 Twh en 2020 (contre 63 aujourd’hui), soit l’équivalent de la production de onze EPR !
« L’électricité construite par les EPR ne répond à aucun besoin énergétique national ! Nicolas Sarkozy est en train de préempter la politique énergétique européenne pour imposer son nucléaire à ses voisins, condamne Yannick Rousselet. La France ne peut pas faire pire ! Parce qu’il implique une surconsommation d’électricité et du gaspillage, le nucléaire entrave la lutte contre les changements climatiques. Il s’oppose aux politiques d’efficacité énergétique et de développement des renouvelables, qui sont les deux seules vraies solutions prônées par les Nations unies, Al Gore ou encore les experts du Giec. L’atome demeure une technologie dangereuse, mal maîtrisée, extrêmement onéreuse. »