Greenpeace dénonce le grand bluff de l'EPR et empêche la reprise des travaux
Paris, le 24 juin 2008 – Ce matin, une vingtaine d’activistes de Greenpeace ont bloqué l’entrée des trois carrières de Montebourg, Lieusaint et Doville (La Haye-du-puits), trois sites qui approvisionnent en sable et en graviers le chantier de construction du réacteur EPR de Flamanville (Manche), afin d’empêcher le redémarrage des travaux autorisé le 19 juin par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) alors qu’aucun problème touchant à la sûreté du futur réacteur n’a été résolu. *
Vers 5 heures du matin, les activistes de Greenpeace se sont rendus devant chacune de ces trois carrières. À l’aide de chaînes, de cadenas et de fûts lestés, ils ont bloqué les accès et étendus des banderoles dénonçant : « EPR : le grand bluff ».
© Pierre Gleizes
« Nous nous opposons aujourd’hui à la reprise du chantier, en particulier à celle des opérations de bétonnage, pointées du doigt par l’ASN, et pour dénoncer le gigantesque coup de bluff que tentent Areva et EDF avec l’EPR, déclare Yannick Rousselet, chargé de la campagne Énergie à Greenpeace France. EDF et Areva prétendent pouvoir tenir des coûts et des délais irréalistes et être capables de mener à bien un tel chantier. Résultat : devant l’accumulation des malfaçons, l’ASN a fini par stopper le chantier de Flamanville le 21 mai. Mais le bluff continue : il y a une semaine, EDF a été autorisé à reprendre les travaux sur la base de déclarations de bonnes intentions concernant la seule amélioration des contrôles, et sans qu’aucun des problèmes qui avaient entraîné l’arrêt du chantier n’a été réglé sur le fond. »
À ce jour, de nombreuses questions demeurent sans réponse :
– Le béton coulé sans ferraillage a-t-il été cassé et va-t-il être remplacé ?
– Les gâchées (coulées) de béton présentant des défauts de composition (teneur en eau, granulométrie, température) ont-elles été reprises ?
– L’atelier de soudure du « liner » a t-il été dûment homologué ? Les soudures mises en cause par l’ASN pour non-conformité ont-elles été rebutées ?
– Les fissures, qui avaient dans un premier temps été réparées dans des conditions non conformes, ont-elles été finalement rebouchées de manière correcte ?
– Les personnes et entreprises travaillant sur le chantier sont-elles dûment habilitées ?
– Le tableau de bord permettant un suivi de ces incidents, dont Greenpeace a proposé la création à la Commission locale d’information du 12 juin, va-t-il être mis en place ?
« Greenpeace considère que l’ASN, qui avait fait preuve de sérieux en contraignant EDF à stopper les travaux de l’EPR, n’aurait jamais dû autoriser un redémarrage dans de telles conditions, conclut Yannick Rousselet. Le lobby industriel et politique du nucléaire aurait-il eu raison de la volonté affichée de transparence de l’ASN ? »
« En Finlande comme en France, l’industrie nucléaire prétend qu’elle peut mener à bien la construction d’un réacteur EPR, conclut Yannick Rousselet. Nous demandons la France d’abandonner ce projet inutile, hors de prix et dangereux, et de mettre le paquet sur le développement de l’efficacité énergétique et des renouvelables. »