Élevage industriel : à Landunvez, associations et citoyens toujours déterminés contre la méga-porcherie Avel Vor

Agriculture, Eau

Les associations et membres du collectif “Stoppons l’extension d’Avel Vor” [1] et près de 300 citoyens et citoyennes se sont rassemblés aujourd’hui à Landunvez (Finistère) pour défendre une agriculture sans fermes-usines sur ce territoire. Le collectif maintient la pression notamment contre la méga-porcherie Avel Vor, symbole de l’industrialisation de l’élevage et dont l’extension a déjà fait l’objet de plusieurs décisions de justice défavorables.

Dans une prairie proche de l’exploitation Avel Vor, les militants et militantes ont déroulé une banderole géante de 35 mètres de long sur laquelle est écrit : “Des fermes pas des usines”.
D’autres banderoles ont été déployées pour rappeler les conséquences délétères de l’élevage industriel (“Méga-porcheries = méga-pollutions”, “Fermes-usines = eau + air pollués”), la nécessité d’y mettre fin (“Stop fermes-usines”, “Fermes-usines non merci”) et de défendre “Une paysannerie sans agro-industrie”. Les participants ont ensuite déambulé dans les rues de Landunvez, de manière festive mais déterminée, sous forme de carnaval des animaux pour symboliser les animaux d’élevage.

📷 Des photos de la mobilisation sont disponibles ici. © Thomas Bour 📷

La méga-porcherie Avel Vor à Landunvez, un cas emblématique et problématique
En 2016, dans un contexte critique de pollution du littoral sans précédent, l’exploitant de la SARL Avel Vor a obtenu auprès du préfet du Finistère l’autorisation d’étendre son cheptel de 8965 à 12 090 animaux (production de 26 000 porcs charcutiers par an), devenant ainsi l’une des plus grandes porcheries de France. Par la suite, cette autorisation a été annulée deux fois par la justice administrative compte tenu des nombreuses insuffisances de l’étude d’impact sur l’environnement. Le préfet du Finistère a pourtant permis à l’exploitant (qui avait déjà finalisé son agrandissement en 2017) de continuer son activité jusqu’à ce que l’extension illégale de la méga-porcherie ait finalement été régularisée par arrêté préfectoral le 8 novembre 2022.

Nous sommes tout simplement face à un déni de justice : l’extension de cette méga-porcherie n’aurait pas dû être autorisée ni régularisée puisqu’elle a fait l’objet de deux annulations par les tribunaux administratifs !, s’indigne Armelle Jaouen, porte-parole du collectif “Stoppons l’extension”. Notre objectif est simple : nous avons récemment déposé un recours visant à faire annuler l’arrêté préfectoral de 2022. Nous sommes déterminés à maintenir la pression jusqu’au bout face à cette usine de production de cochons. L’État doit prendre ses responsabilités et entendre la population locale. Le Finistère a besoin de paysans et paysannes, pas de l’agro-industrie et de ses usines mortifères.

Un environnement usé par les usines de porcs
En France, près d’une ferme-usine sur deux est située en Bretagne et plus de 25 millions d’animaux peuvent être enfermés dans les 445 fermes-usines que compte le Finistère [2]. ​En Pays d’Iroise, on compte 500 000 animaux d’élevage pour 50 000 habitants. La pression sur l’environnement est insoutenable et excessive.

Les fermes-usines ont des impacts massifs et délétères sur le climat, la biodiversité ainsi que sur la santé des riverains, explique Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace. Elles polluent notamment l’eau et la présence excessive de nitrates favorise l’apparition d’algues vertes : la région Bretagne est particulièrement concernée par ce phénomène. Par ailleurs, l’élevage industriel est prédateur d’un modèle d’élevage local, indépendant et écologique. Il est crucial de soutenir ce modèle et d’amorcer, en parallèle, une sortie de l’élevage industriel en instaurant un moratoire sur tous les nouveaux projets de création ou d’extension de fermes-usines en France [3].

Des lois pour réduire la pollution liée à l’élevage industriel
Cette mobilisation intervient alors que la préparation de la future loi d’orientation agricole est en cours. Cette loi se doit d’être ambitieuse pour accompagner la transition vers un modèle d’élevage adapté au territoire, qui respecte les limites planétaires et permet l’autonomie des paysans.

Par ailleurs, l’industrialisation de l’élevage fait également débat à l’échelle européenne : la Commission de l’environnement du Parlement européen s’est prononcée récemment en faveur du renforcement de la directive européenne sur les émissions industrielles en incluant pour la première fois les plus grands élevages de bovins et davantage d’élevages industriels de porcs et de volailles [4]. Le Parlement européen doit voter sur cette position en juillet prochain.

 

Notes aux rédactions :
[1] Le collectif “Stoppons l’extension” est composé de riverains et de trois associations fondatrices : Eau et Rivières de Bretagne, AEPI (Avenir et environnement en pays d’Iroise) et APPCL (Association pour la Protection et la Promotion de la côte des Légendes). En février, Greenpeace France a rejoint ce collectif pour lutter contre la méga-porcherie.
[2] Source : base de données des Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) du ministère de la Transition écologique et solidaire, envoyée à Greenpeace en janvier 2023.
[3] Voir “Élevage industriel : Greenpeace exige un moratoire sur les fermes-usines”, communiqué de presse de Greenpeace France, 16/05/2023
[4] Voir “Les députés et députées européens ont voté en faveur d’une réduction de la pollution liée à l’élevage industriel”, communiqué de presse de Greenpeace France, 24/05/2023