Quatre ans après l’adoption d’un premier règlement européen limitant les émissions de gaz à effet de serre des véhicules particuliers, la Commission européenne a proposé le 11 juillet une mise à jour de cette réglementation…
Les propositions présentées par la Commission représentent une bonne base de travail mais ont pourtant déçu, car elles manquent clairement d’ambition !
Les perdants : le climat, et les consommateurs !
Les propositions de la commission ne définissent aucun objectif après 2020, laissant supposer que le problème du dérèglement climatique serait résolu à l’issue de cette période d’engagement. Alors que l’industrie automobile connaît une crise sans précédent, dont les causes sont à rechercher dans l’absence de vision d’une mobilité durable, la Commission européenne ne semble pas pressée de définir des objectifs de moyen et long termes, se contentant d’objectifs modestes et de court terme !
De plus, cette réglementation est un filet aux mailles lâches : les échappatoires sont nombreuses pour les constructeurs. Parmi ces multiples dérogations, figurent les « super crédits« , une modulation qui permet aux constructeurs de compter chaque véhicule électrique comme 1,3 véhicules, réduisant automatiquement l’impact environnemental de leur flotte en général. Indirectement, la réglementation européenne incite donc les constructeurs à concevoir des véhicules lourds et inadaptés aux enjeux écologiques du 21è siècle tout en respectant sur le papier les moyennes d’émissions.
Le conducteur, vache à lait ?
Un conducteur français dépense en moyenne 1 503 euros par an pour remplir le réservoir de sa voiture. En 2020, si la proposition de la Commission européenne n’est pas affaiblie au cours du processus législatif européen, il dépensera 327 euros de moins par an (soit 1176 euros). Mais si l’UE décide de fixer un objectif ambitieux en plafonnant les émissions des voitures à 60 g CO2 par km en 2025, l’automobiliste français pourrait économiser 651 euros par an sur cette facture, soit une dépense moyenne de 852 euros par an.
Lire l’étude complète « permis d’économiser » sur les économies que les automobilistes de 15 pays européens pourraient réaliser : si les objectifs actuels en matière d’efficacité énergétique des véhicules individuels sont confirmés et si des objectifs plus ambitieux sont adoptés en la matière.
Concevoir des véhicules plus efficaces est donc profitable au climat et au porte monnaie des conducteurs. C’est également une démarche d’innovation, nécessaire à l’industrie automobile pour rester compétitive.
En effet, il s’agit d’un secteur où la concurrence venue de Chine et des États-Unis est de plus en plus forte, particulièrement sur les voitures moins gourmandes en pétrole. Les constructeurs français avaient jusqu’ici un avantage compétitif sur ce créneau, qu’ils pourraient voir fondre comme neige au soleil à cause du manque d’ambition de l’Europe. Pour entrer sur d’autres marchés, les constructeurs ont besoin d’innover.
Le parlement européen et les gouvernements de l’UE devront donc être davantage ambitieux que la Commission lorsqu’ils examineront cette proposition dans les mois qui viennent. Et ne pas se laisser influencer par le lobbying des constructeurs allemands, tels que Volkswagen, qui souhaitent amoindrir l’ambition de ce texte et continuer à faire payer plus cher les automobilistes européens.