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François Asselineau
Union Populaire Républicaine

Publié le 30 mars 2017 - mis à jour le 5 avril 2017

"Catastrophe", "désastre", "apocalypse" : François Asselineau ne mâche pas ses mots pour décrire notre avenir si aucun virage radical n’est engagé. Le candidat à l’élection présidentielle fait-il référence à la crise climatique ? A l’épuisement des ressources essentielles à notre survie ? Non. Pour l’UPR, tous nos problèmes viennent de l’Union européenne (UE), une occupation étrangère de la France. François Asselineau double son acharnement anti-européen d’un rejet des Etats-Unis sur fond de complotisme. Pour le reste, son programme politique repose sur  l’enjeu de la souveraineté nationale, loin des préoccupations écologiques actuelles.

 

Pour l’énergie, on verra plus tard

Dans le domaine de l’énergie, le programme présidentiel de l’UPR appelle à la nationalisation des grandes entreprises énergétiques et à l’organisation, une fois élu, d’un référendum “sur la question de l’énergie en France et en particulier sur l’électricité nucléaire”. La réduction des gaz à effet de serre fait également partie de ses propositions de même que le soutien aux économies d’énergie, dans le secteur du logement ancien notamment.

Pourquoi renvoyer à plus tard la formulation de propositions sur le nucléaire et les renouvelables ? D’abord parce que l’UPR estime que si l‘énergie est un sujet important, il l’est “indubitablement moins” que “l’urgence à sortir de l’UE, de l‘euro et de l’OTAN”. Tout comme le Général de Gaulle ne s’est pas prononcé sur “les houillères du bassin de Lorraine” dans son appel du 18 juin, François Asselineau souhaite respecter “une hiérarchie des priorités” et semble ne pas vouloir perdre du temps sur la transition énergétique ou le rôle du nucléaire alors qu’il est occupé à appeler à la libération de la France du joug de l’Eurocratie.

Sur le site du parti, on obtient toutefois un peu plus d’informations sur d’éventuelles prises de positions.

Concernant l’électricité nucléaire, l’UPR affirme a priori n’être ni pour, ni contre, mais tout de même favorable à un développement des énergies alternatives (sans fournir de précisions) pour “diminuer graduellement le poids du nucléaire”. Le parti considère “qu’il n’est pas exclu” que ces énergies renouvelables deviennent aussi rentables que le nucléaire “à horizon d’une dizaine d’années”. En affirmant cela, l’UPR accuse un vrai retard dans son analyse de la viabilité économique des énergies, puisqu’il est déjà clair que le nucléaire est un  gouffre financier insoutenable et que certaines énergies renouvelables sont devenues plus compétitives que le nucléaire.

Dans un article de 2012, François Asselineau faisait pourtant preuve d’un bel enthousiasme pour l’énergie solaire, allant jusqu’à espérer que “l’humanité s’achemine vers un monde où l’énergie dépendra de moins en moins de l’énergie nucléaire et des énergies fossiles polluantes et non renouvelables”. Le fondateur du parti s’exprime également sur quelques projets pétroliers, mais a priori davantage pour tacler les ministres au pouvoir que pour développer un argumentaire climatique. Lorsque François Asselineau évoque l’accord de Paris sur le climat, il cite seulement le transport des marchandises dans le monde parmi les sources d’émission de CO2. C’est bien mais largement insuffisant à nos yeux car il ne dit pas un mot sur les émissions liées à la production d’énergie, au secteur agricole ou encore à la déforestation.

De plus, nous trouvons que son souhait d’organiser un nouveau référendum sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est incohérent avec son constat sur les émissions de CO2 liées au secteur des transports. Pour nous, l’abandon pur et simple du projet est la meilleure solution.

Ces prises de position ne valent pas un programme énergétique, qu’il aurait été intéressant de voir développer par un candidat à la plus haute fonction de l'État. On a donc l’impression que l’UPR botte en touche, promettant de faire un bilan des énergies alternatives dès son arrivée au pouvoir pour permettre aux Français de se prononcer rapidement… Pourquoi ne pas avoir mené cette étude dans le cadre de l’élaboration du programme ?

 

Agriculture : la question des pesticides non abordée

Dans le programme présidentiel de l’UPR, François Asselineau propose d’assurer un revenu décent pour les agriculteurs en favorisant un prix juste à la vente des productions. Les productions locales doivent être favorisées grâce à des circuits courts et les OGM interdits y compris dans l’alimentation animale, ce qui rejoint nettement nos positions sur le sujet. Le candidat souhaite également “accroître la biodiversité et la qualité de l’agriculture avec les nouvelles techniques plus respectueuses de l’environnement et protectrices des sols et des terroirs”. Parmi ces techniques, il cite notamment l’agroforesterie et la permaculture, des modèles que nous estimons effectivement respectueux de la nature. Nous regrettons cependant que l’UPR ne mentionne pas explicitement l’usage des pesticides ou des intrants chimiques, alors que l’agriculture locale que nous attendons doit aussi être bio ou appliquer les principes de l’agriculture écologique.

C’est évidemment par le biais de sa critique de l’Europe que l’on peut en apprendre davantage sur la vision agricole de l’UPR. Il accuse l’UE  d’avoir favorisé une course aux rendements se traduisant par “un agrandissement constant des surfaces d’exploitation, une intensification des cultures, la traque des pertes de production et un recours croissant aux engrais et pesticides.”

François Asselineau veut remplacer la PAC, dont le cahier des charges est jugé “hyper productiviste”, par la PAN (Politique agricole nationale), qui aura vocation à “subventionner et favoriser le développement de l'agriculture familiale”.. Si l’on partage le constat des effets dramatiques de l’industrialisation de l’agriculture et du rôle que jouent les subventions européennes pour l’encourager, nous ne partageons pas la solution de François Asselineau – la sortie de l’Union européenne n’est pas un préalable à toute politique écologique.

La France n’a pas besoin de l’UE pour être un énorme consommateur de pesticides, et s’agissant des engrais, c’est même la justice européenne qui doit rappeler à l’ordre notre chère nation dont la législation est trop laxiste et la pousser à restreindre la contamination aux nitrates à l’aide de condamnations, pénalités et négociations. Une sortie de l’Europe ne transformerait pas la France en un pays d’agriculture locale et écologique.

 

Une obsession anti UE au détriment de l’environnement

Le cœur de la "pensée UPR", c’est donc une opposition farouche à la construction européenne et une grande partie de ses positionnements en découle, parfois au détriment d’une analyse de fond, notamment sur les questions écologiques. François Asselineau propose la sortie de la France de l’Union européenne.

Toujours prêt à tacler la Commission pour ses reculs face aux lobbies industriels (parfois à juste titre), et niant le rôle de l’UE dans les avancées de la protection de l’environnement en Europe, l’UPR oublie que la France seule et souveraine n’est pas forcément un modèle en matière de protection des écosystèmes…

Notre pays n’a pas eu besoin de l’Europe pour autoriser le déversement de boues rouges dans le parc national des Calanques ou pour se lancer dans un projet d’aéroport inutile dans le bocage nantais, dossiers sur lesquels la Commission a su se montrer bien plus "verte". A tout analyser à travers le prisme de l’Europe comme source de tous les maux, l’UPR passe à côté d’un programme écologique solide. Le parti reconnaît d’ailleurs ne pas aborder un certain nombre de sujets – y compris l’environnement – arguant que sa priorité est un rassemblement sur l’essentiel, c’est-à-dire la sortie de l’UE et de l’OTAN. Or pour nous, répondre à l’urgence écologique est essentiel, et une grande partie des mesures nécessaires face aux menaces globales qui pèsent sur notre environnement exigera des actions collectives des Etats et donc de choisir un cadre d’action supranational.

Évidemment, l’UPR s’est fermement opposé au TAFTA, même si l’on peut se demander si cette position est dictée par des inquiétudes pour la santé et l’environnement ou par une réaction d’opposition systématique à l’UE.