Climat

EDF : un emprunt risqué au service de l’impérialisme nucléaire

Paris, le 17  juin 2009. Alors qu’EDF lance aujourd’hui une vaste opération de séduction financière en France, Greenpeace publie un rapport qui rappelle que la stratégie du groupe de production d’électricité est 100 % nucléaire, risquée et au service du développement de l’EPR dans le monde. L’argent qu’EDF espère collecter en France servira à boucher les trous de cette stratégie hasardeuse.

A travers ses incessantes campagnes de publicité,  EDF aime à se présenter comme un gros investisseur dans les énergies renouvelables. Or, sa stratégie de développement est uniquement axée sur le prétendu « renouveau » du nucléaire. Les prévisions d’investissements annoncés aux investisseurs à Londres le 4 décembre 2008 n’en faisaient du reste pas mystère en affichant  le besoin de 50 milliards pour construire 10 EPR à l’étranger. Or, cette relance ne s’est pour l’instant pas concrétisée et semble largement surestimée. Chez EDF, éolien et économies d’énergies restent bien à leur place en 4e de couverture sur papier glacé.

« Le milliard français n’est qu’une goutte d’eau à fin de communication dans un plan d’investissement 100% nucléaire ! explique Frédéric Marillier, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace. En période de crise sociale, énergétique et climatique, les français doivent se demander où va leur argent et ne pas laisser abuser par le mirage EDF. Il ne faut pas cautionner la dangereuse stratégie d’une entreprise qui n’a plus rien de publique ! »

20 milliards d’euros… en fumée ?
EDF a investi 15 milliards l’année dernière pour racheter British Energy et 4,5 milliards dans la prise de participation de Constellation, un groupe énergétique américain. Pour Steve Thomas, professeur de politique énergétique de l’école de commerce de l’Université de Greenwich, qui a rédigé le rapport pour Greenpeace, ces lourds investissements sont autant de pari sur le renouveau du nucléaire dans ces deux pays. Or, ce renouveau est hypothétique ; il se pourrait bien que dans ces deux pays, aucun projet de nouveau réacteur n’aboutisse.
Le troisième pari d’EDF se trouve en Chine. Là aussi, le pari est pour le moins hasardeux : les futurs réacteurs basés sur le modèle EPR, s’il y en a, seront construits par la Chine elle-même.

Parmi les autres conclusions de l’étude « AREVA et EDF : perspectives commerciales et risques dans le secteur de l’énergie nucléaire » :

– Areva est tributaire de l’aide du gouvernement français via son agence de garanties de crédits à l’exportation, la Coface. Sans l’aide du contribuable français, Areva n’est pas et ne sera pas en mesure de commercialiser ses réacteurs EPR.
– Du fait de leurs stratégies hasardeuses, les deux groupes ont atteint un endettement record.
– EDF comme Areva risquent d’être amenés à vendre très rapidement une partie de leurs actifs.
– Le nombre de commandes qui se concrétisent en comparaison de celles qui sont prévues, est très faible. Le nombre d’EPR vendu par Areva devrait donc se limiter à quelques unités ces dix prochaines années.
– Les opérations « sûres » des deux groupes sur le marché français sont en perte de vitesse. La encore, ces groupes font reposer leurs choix risqués sur le contribuable français et les citoyens.

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Résumé
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Aujourd’hui en Finlande, Greenpeace a manifesté pour rappeler que l’EPR en construction à Olkiluoto aurait du être livré au mois de mai 2009, soit déjà depuis plus d’un mois. Greenpeace a par ailleurs distribué à 20000 foyers une facture pour symboliser ce fiasco industriel : il coûtera aux consommateurs finlandais entre 3 et 4 milliards d’euros, soit 600 euros par foyer dans les prochaines années.