Ce matin, l’ACRO (association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest) laboratoire indépendant, a publié un rapport sur la qualité radiologique des eaux souterraines au droit du Centre de Stockage de la Manche (CSM). Le contrôle des rejets du centre de stockage est en effet un élément essentiel de la surveillance du site …
Les conclusions de ce rapport sont accablantes : le centre de stockage de déchets nucléaires de la Manche présente des fuites qui polluent la nappe phréatique dans des proportions largement supérieures aux chiffres publiés par l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs).
Lire l’intégralité du rapport de l’ACRO
Les déchets stockés dans ce centre laissent du tritium (élément radioactif) se déverser dans le sol.
La pollution en tritium des nappes phréatiques a pour point de départ une contamination massive des eaux souterraines et superficielles survenue en 1976. Mais l’ACRO note dans son rapport que la pollution n’a pas encore disparu. Si elle a globalement diminué, la contamination des eaux souterraines peut encore atteindre 150 000 Becquerels/Litre dans certaines zones.
Or, cette contamination aurait du baisser si l’on considère la décroissance logique de la radioactivité et le renouvellement des eaux. On ne peut donc pas exclure que le CSM continue à alimenter les nappes phréatiques en tritium.
Dans la Manche, des déchets classés faiblement radioactifs
Les déchets stockés dans la Manche font partie de la catégorie des faiblement radioactifs et ayant une durée de vie courte.
Dans la classification de l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), les déchets de faible et moyenne activité à vie courte sont essentiellement des déchets liés à la maintenance (vêtements, outils, gants, filtres…) et au fonctionnement des installations nucléaires (traitements d’effluents liquides ou gazeux). Ces déchets sont également issus de laboratoires de recherche, d’hôpitaux, d’universités… ou d’opérations d’assainissement et de démantèlement.
Après avoir été stockés au Centre de stockage de la Manche, aujourd’hui fermé et surveillé par l’Andra, les déchets FMA-VC sont accueillis dans un centre exploité par l’Andra dans le département de l’Aube depuis 1992. Plus de 10 000 m3 y sont stockés chaque année.
Malgré cette classification, le rapport dévoilé par l’ACRO aujourd’hui pointe une terrible évidence : l’Andra n’arrive pas à gérer ces déchets sur quelques dizaines d’années !
classification des déchets radioactifs – (c) Andra
Déchets nucléaires : un problème insoluble
L’industrie nucléaire est aujourd’hui dans l’incapacité à résoudre le problème des déchets. Les solutions proposées, à commencer par les centres de stockage ont prouvé leur inefficacité, voire pire, leur dangerosité.
Dès lors, nous ne pouvons que dénoncer le débat organisé sur le centre de stockage de Bure : comment discuter sereinement d’un projet de stockage des déchets les plus fortement radioactifs qui nous engagerait sur des milliers d’années ? Avant même de parler de Bure, essayons de régler les problèmes que nous avons déjà !
Greenpeace suspend sa participation au débat public sur le projet CIGEO – Bure tant que les autorités n’auront pas présenté un plan d’action satisfaisant pour résoudre les problèmes dénoncés par l’Acro au centre de stockage de la Manche : reprise, tri et reconditionnement des déchets ainsi que décontamination de la nappe phréatique et du site.
Les déchets, tabou du nucléaire
Les déchets sont le point faible du nucléaire, son talon d’Achille : l’industrie nucléaire jouit d’une image « fascinante » pour le public. Pour beaucoup, l’énergie atomique est une prouesse scientifique nationale incroyable, le fleuron du « made in France ». C’est ainsi que la présente les responsables politiques et industriels … Mais la question des déchets fait tâche dans la toute puissance de l’atome. Car aucune solution acceptable n’existe.
Nous savons que la seule solution possible pour les déchets nucléaires est d’arrêter d’en produire.
DB
@Sorin, porte-parole de la SFEN et @l'ANDRA L'objet de l'étude de l'ACRO ne portait pas sur l'impact du tritium et vous le savez bien. Pour cela, il suffit de suivre la contamination des ruisseaux dont le Grand Bel qui prend sa source au pied d'une habitation. Pourquoi l'ANDRA doit-elle surveiller la forte contamination en tritium des nappes phréatiques ? Ce n'est pas pour l'impact sanitaire, mais pour détecter d'éventuelles anomalies. Cela doit se faire dans la rigueur. Le but de l'étude était de savoir si la surveillance du site effectuée par l'ANDRA est suffisante ou non. Le sous-traitant choisi par l'ANDRA pour doubler toutes les mesures de l'ACRO s'est trompé plusieurs fois et la différence a atteint 60%. L'ANDRA a dû le déclarer comme "écart" à l'ASN. Et l'étude ACRO montre que le point de prélèvement choisi par l'ANDRA passe souvent à côté de la pollution et les écart sont beaucoup plus grands ! En cas de forte variation de la concentration en tritium, l'ANDRA est incapable de dire si c'est une remontée de la nappe ou une nouvelle fuite ou autre anomalie. Bref, la surveillance de l'ANDRA n'est pas la hauteur des enjeux. Sa réponse est encore plus inquiétante : si les fortes contaminations étaient confinées au plus profond sans bouger, comme l'affirme l'agence, on ne devrait pas la retrouver de temps en temps tout en haut, au niveau du point de prélèvement de l'ANDRA. Dire que l'on a vu une des valeurs relevée par l'ACRO lors des années précédentes n'est pas acceptable quand, par la suite, on prétend suivre l'évolution de la contamination années après années. Comment l'ANDRA espère-t-elle convaincre qu'elle saura gérer un centre de stockage en profondeur quand elle ne sait pas surveiller un centre en surface ?
Sylvain
@Nonucle Envoyer les déchets dans l'espace est trop risqué (1 fusée sur 100 s'écrase au décollage !) et plus coûteux qu'un stockage. cf. http://www.dechets-radioactifs.com/dialoguons/dechets-radioactifs-espace-lune-fusee.html et franchement, ce n'est pas le plus responsable ... au lieu de les gérer on les confie à des "personnes" que l'on ne connait pas ! Comment s'assurer qu'un jour ou l'autre ça ne nous retombe pas dessus ... Votre souhait d'arrêter de produire des déchets est tout à fait légitime et je vous rejoins, je crois même que sur ce point tout le monde rêve de la même chose. mais peut être un peu utopique ... c'est comme vouloir arrêter de produire du CO2 ou des ordures ménagères ! Avant d'arreter de produires des déchets radioactifs, il faudrait arrêter : - toutes les centrales nucléaires, ce qui relève d'un choix de l'état, mais c'est possible comme le font les allemands, - la défense (propulsion des sous marins, armement, ...) ce qui pourrait mettre en péril notre force de dissuasion, même si je préfère que la dissuasion soit la plus efficace possible ca évite les guerres ... - la recherche médicale et les traitements médicaux ... seriez vous prêt à ce que l'on vous dise "désolé votre cancer ont ne peut plus le guerrir car on a souhaité arrêter de produire des déchets radioactifs !" - l'industrie (conservation des aliments, fabrication des pots catalytiques, ...) alors un peu de bon sens, les déchets radioactifs ce ne sont pas que les centrales ! Enfin, il ne s'agit pas au CSM de stocker à 500m de profondeur .... cela concerne le projet Cigéo (autre débat)
L'calve
J'ajouterais même que ce qu'il y a de pire avec le nucléaire, c'est qu'on ne peut arrêter une centrale nucléaire ( cf docu arte)