Les 6 et 9 août 1945, deux bombes atomiques pulvérisaient les villes de Hiroshima et Nagasaki, au Japon. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, plus de 220 000 personnes ont été tuées, dont près de 38 000 enfants, entre ces deux dates et la fin de l’année 1945. D’autres ont survécu, mais au prix de maladies, de traumatismes, d’exclusion sociale ou de fausses couches à répétition. Leur mémoire, incarnée par les hibakusha (le terme utilisé au Japon pour désigner les victimes et survivant·es de ces deux tragédies), est aujourd’hui piétinée par les logiques guerrières qui regagnent du terrain, y compris dans les États dits démocratiques.
En 2024, l’organisation Nihon Hidankyo, porte-voix historique des hibakusha, a reçu le prix Nobel de la paix. Mais dans le même temps, les arsenaux nucléaires mondiaux continuent de croître. En France, Emmanuel Macron déclarait récemment que « pour être libre dans ce monde, il faut être craint », légitimant un discours de puissance fondé sur la menace et la peur.
Gaza : le monde au bord du gouffre
En juin 2025, Greenpeace France, Oxfam France, Amnesty International France, Médecins du Monde et Ekō ont mené une action symbolique au cœur de Paris pour dénoncer la situation à Gaza aujourd’hui. © Robin Jehl / Greenpeace
Un génocide est en cours, selon des expert·es indépendant·es, les ONG et plusieurs institutions internationales. Un génocide marqué par une volonté explicite d’anéantissement et une négation du droit international humanitaire.
Ailleurs, et notamment en Ukraine où la guerre continue à faire rage, les tensions géopolitiques s’intensifient, alimentées par une logique de confrontation armée et d’instrumentalisation de la dissuasion nucléaire. Pour preuve, les deux sous-marins nucléaires déployés par Donald Trump au large de la Russie le 1er août dernier, témoignage supplémentaire que le tabou sur l’utilisation de l’arme nucléaire se fissure.
Face à cela, le silence des puissances nucléaires occidentales et leur refus de remettre en cause leur propre doctrine stratégique sont assourdissants. La banalisation de la dissuasion, l’accumulation des armes et le silence des puissants dessinent un monde de plus en plus instable — et profondément inhumain.
La dissuasion est une impasse
Des activistes de Greenpeace ont fait voler une montgolfière appelant à bannir les armes nucléaires, en 2020 en Allemagne. © Bernd Lauter / Greenpeace
À rebours de cette logique, une majorité croissante d’États – y compris en Europe – choisit une autre voie : celle du désarmement multilatéral, du droit international, et de la sécurité collective. Ils veulent, eux aussi, protéger leurs « intérêts vitaux » menacés en permanence par les conséquences potentielles d’un emploi délibéré, involontaire, accidentel ou dû à une erreur de calcul d’armes nucléaires. Lors de la dernière réunion des États parties au TIAN, ils l’ont rappelé sans ambiguïté : la dissuasion ne protège pas, elle expose.
Désarmer la violence, résister aux puissants
Time To Resist : pour nos droits, pour la planète, résistons ! © Hélène Boissel-Arrieta / Greenpeace
Cette lame de fond inquiétante concerne de nombreux pays dans le monde avec des gouvernements qui accordent la priorité à l’expansion militaire, à l’exploitation mortifère des énergies fossiles plutôt qu’à renforcer les services publics, développer des énergies renouvelables et nous protéger contre le changement climatique. Résister à ce militarisme galopant, c’est aussi refuser cette violence structurelle — et se battre pour un monde plus juste.
Pour la paix, élevons nos voix
Ces commémorations des 6 et 9 mai 1945 sont l’occasion d’élever la voix. Dans une tribune commune, les organisations membres de la campagne ICAN France – dont Greenpeace France – alertent sur le retour en force des discours de puissance fondés sur la peur. Elles dénoncent l’aveuglement stratégique autour de la “sainte Bombe” et appellent à prendre enfin au sérieux les alternatives portées par le TIAN et ses États parties.
Parallèlement, Greenpeace International a rejoint un appel mondial à l’action porté par la Confédération syndicale internationale (ITUC), qui relie étroitement paix, démocratie et justice sociale. Face aux conflits, aux oppressions systémiques et à la répression des mouvements de résistance civile dans de nombreux pays, cet appel invite à défendre les droits fondamentaux comme piliers de la paix et à bâtir une sécurité commune basée sur la démocratie, le multilatéralisme, la durabilité environnementale et non sur la puissance militaire.
Faisons émerger notre vision d’un monde où la paix ne serait pas le résultat d’un équilibre de la terreur, mais d’un engagement lucide et déterminé pour bâtir, ensemble, une société libérée de la menace et des dominations.