Il y a 80 ans, les bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki inauguraient une nouvelle ère : celle de la terreur nucléaire. En 2025, alors qu'un génocide est en cours à Gaza, que la guerre se poursuit en Ukraine, et que les menaces d'escalade nucléaire refont surface, la promesse du “plus jamais ça” résonne avec une tragique ironie. Il est urgent de réaffirmer, ensemble, un engagement ferme pour le désarmement et la paix.

Désarmement - Nucléaire - Paix et justice

De Hiroshima à Gaza : défendre la paix

Il y a 80 ans, les bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki inauguraient une nouvelle ère : celle de la terreur nucléaire. En 2025, alors qu’un génocide est en cours à Gaza, que la guerre se poursuit en Ukraine, et que les menaces d’escalade nucléaire refont surface, la promesse du “plus jamais ça” résonne avec une tragique ironie. Il est urgent de réaffirmer, ensemble, un engagement ferme pour le désarmement et la paix.

Les 6 et 9 août 1945, deux bombes atomiques pulvérisaient les villes de Hiroshima et Nagasaki, au Japon. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, plus de 220 000 personnes ont été tuées, dont près de 38 000 enfants, entre ces deux dates et la fin de l’année 1945. D’autres ont survécu, mais au prix de maladies, de traumatismes, d’exclusion sociale ou de fausses couches à répétition. Leur mémoire, incarnée par les hibakusha (le terme utilisé au Japon pour désigner les victimes et survivant·es de ces deux tragédies), est aujourd’hui piétinée par les logiques guerrières qui regagnent du terrain, y compris dans les États dits démocratiques.

En 2024, l’organisation Nihon Hidankyo, porte-voix historique des hibakusha, a reçu le prix Nobel de la paix. Mais dans le même temps, les arsenaux nucléaires mondiaux continuent de croître. En France, Emmanuel Macron déclarait récemment que « pour être libre dans ce monde, il faut être craint », légitimant un discours de puissance fondé sur la menace et la peur.

Gaza : le monde au bord du gouffre

Greenpeace et plusieurs organisations ont teinté de rouge sang le bassin de la fontaine des Innocents pour dénoncer les massacres en cours à Gaza.

En juin 2025, Greenpeace France, Oxfam France, Amnesty International France, Médecins du Monde et Ekō ont mené une action symbolique au cœur de Paris pour dénoncer la situation à Gaza aujourd’hui. © Robin Jehl / Greenpeace

Aujourd’hui, des populations entières sont ensevelies sous les bombes. À Gaza, des familles sont anéanties, des hôpitaux et des écoles détruits. Des quartiers entiers ont été rayés de la carte. Hôpitaux, écoles, refuges, camps de déplacés : plus aucun lieu n’est sûr. Plus de 60 000 personnes ont été tuées, selon les derniers bilans disponibles. Avec le blocus de l’aide humanitaire, l’utilisation délibérée de la faim comme arme de guerre a atteint des niveaux sans précédent. Les survivantes et les survivants sont privé·es d’eau, de soins, de sécurité, et la famine s’installe.

Un génocide est en cours, selon des expert·es indépendant·es, les ONG et plusieurs institutions internationales. Un génocide marqué par une volonté explicite d’anéantissement et une négation du droit international humanitaire.

Ailleurs, et notamment en Ukraine où la guerre continue à faire rage, les tensions géopolitiques s’intensifient, alimentées par une logique de confrontation armée et d’instrumentalisation de la dissuasion nucléaire. Pour preuve, les deux sous-marins nucléaires déployés par Donald Trump au large de la Russie le 1er août dernier, témoignage supplémentaire que le tabou sur l’utilisation de l’arme nucléaire se fissure.

Face à cela, le silence des puissances nucléaires occidentales et leur refus de remettre en cause leur propre doctrine stratégique sont assourdissants. La banalisation de la dissuasion, l’accumulation des armes et le silence des puissants dessinent un monde de plus en plus instable — et profondément inhumain.

La dissuasion est une impasse

Des activistes de Greenpeace ont fait voler une montgolfière appelant à bannir les armes nucléaires, en 2020 en Allemagne. © Bernd Lauter / Greenpeace

Des activistes de Greenpeace ont fait voler une montgolfière appelant à bannir les armes nucléaires, en 2020 en Allemagne. © Bernd Lauter / Greenpeace

En refusant de signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN)adopté par 122 pays et entré en vigueur en 2021 – la France continue d’entretenir un système fondé sur la peur, la domination, et la menace. Pire encore : l’idée d’européaniser la dissuasion française fait son chemin, dans une tentative de transformer une stratégie nationale en doctrine commune. Une fuite en avant qui alimente une spirale d’insécurité, où chaque mouvement provoque une réaction, où la prolifération nucléaire est inévitable. Un engrenage dangereux, qui fragilise la paix mondiale.

À rebours de cette logique, une majorité croissante d’États – y compris en Europe – choisit une autre voie : celle du désarmement multilatéral, du droit international, et de la sécurité collective. Ils veulent, eux aussi, protéger leurs « intérêts vitaux » menacés en permanence par les conséquences potentielles d’un emploi délibéré, involontaire, accidentel ou dû à une erreur de calcul d’armes nucléaires. Lors de la dernière réunion des États parties au TIAN, ils l’ont rappelé sans ambiguïté : la dissuasion ne protège pas, elle expose.

Désarmer la violence, résister aux puissants

Time To Resist : ensemble, résistons face à l’alliance toxique entre ultra-riches, ultra-conservateurs et industries polluantes. © Hélène Boissel-Arrieta / Greenpeace

Time To Resist : pour nos droits, pour la planète, résistons ! © Hélène Boissel-Arrieta / Greenpeace

La lutte contre les armes nucléaires ne peut être dissociée des combats contre les autres formes de violence systémique : celle des régimes autoritaires, de la répression des mouvements citoyens, ou de l’accaparement des richesses par une minorité d’ultra-riches. Une position que Greenpeace défend aux côtés de nombreuses organisations dans un appel international porté par la Confédération syndicale internationale (ITUC), lancé en juillet. Alors que les inégalités explosent, qu’une poignée de milliardaires concentre un pouvoir économique démesuré, et que les libertés fondamentales reculent dans de nombreux pays, notre sécurité collective est aujourd’hui aussi mise à mal par la concentration de pouvoir et de richesses dans les mains d’une alliance toxique entre milliardaires et forces politiques ultra conservatrices.

Cette lame de fond inquiétante concerne de nombreux pays dans le monde avec des gouvernements qui accordent la priorité à l’expansion militaire, à l’exploitation mortifère des énergies fossiles plutôt qu’à renforcer les services publics, développer des énergies renouvelables et nous protéger contre le changement climatique. Résister à ce militarisme galopant, c’est aussi refuser cette violence structurelle — et se battre pour un monde plus juste.

Pour la paix, élevons nos voix

Ces commémorations des 6 et 9 mai 1945 sont l’occasion d’élever la voix. Dans une tribune commune, les organisations membres de la campagne ICAN France – dont Greenpeace France – alertent sur le retour en force des discours de puissance fondés sur la peur. Elles dénoncent l’aveuglement stratégique autour de la “sainte Bombe” et appellent à prendre enfin au sérieux les alternatives portées par le TIAN et ses États parties.

Parallèlement, Greenpeace International a rejoint un appel mondial à l’action porté par la Confédération syndicale internationale (ITUC), qui relie étroitement paix, démocratie et justice sociale. Face aux conflits, aux oppressions systémiques et à la répression des mouvements de résistance civile dans de nombreux pays, cet appel invite à défendre les droits fondamentaux comme piliers de la paix et à bâtir une sécurité commune basée sur la démocratie, le multilatéralisme, la durabilité environnementale et non sur la puissance militaire.

Faisons émerger notre vision d’un monde où la paix ne serait pas le résultat d’un équilibre de la terreur, mais d’un engagement lucide et déterminé pour bâtir, ensemble, une société libérée de la menace et des dominations.

Vous pouvez agir à nos côtés !