À l’agenda du Conseil des ministres européens de l’Environnement, qui va se tenir les 5 et 6 juin à Bruxelles, figure, à la demande du gouvernement français, un débat très attendu sur la réforme du processus d’évaluation et d’autorisation des OGM en Europe. Greenpeace appelle tous les États membres à profiter de cette opportunité et à poser, dès demain, les prémices d’une réforme ambitieuse et nécessaire de ce système, afin de mieux prendre en compte les risques que font peser les OGM sur l’environnement, la santé humaine et l’avenir de l’agriculture conventionnelle et biologique. La grande majorité de citoyens européens demande que la liberté de produire et de consommer sans OGM soit garantie.
État des lieux des OGM en Europe
Sept États membres ont déjà interdit la culture du maïs génétiquement modifié MON 810, le seul OGM à bénéficier d’une autorisation européenne de mise en culture. La procédure de renouvellement de l’autorisation de ce maïs vient, par ailleurs, d’être initiée et, compte tenu de nombreuses nouvelles études remettant en cause son innocuité, elle pourrait conduire à son interdiction dès 2009. Le 7 mai dernier, la Commission européenne a, quant à elle, renvoyé devant l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) le cas d’une pomme de terre et de deux maïs transgéniques qu’elle était supposée autoriser, infligeant ainsi un véritable camouflet à cette agence, dont les avis ont toujours été favorables aux autorisations d’OGM. Malgré le lobbying des industries biotechnologiques, le vent tourne…
« Après dix ans de cultures à grande échelle dans le monde, l’intérêt des plantes génétiquement modifiées en termes de rendement ou de profit pour les agriculteurs est de plus en plus contesté, tandis que les risques qu’ils font peser sur la faune, la flore et la santé humaine sont de plus en plus patents, précise Arnaud Apoteker, de Greenpeace France. Pourquoi l’Europe devrait-elle suivre l’Amérique du Nord, le Brésil ou l’Argentine en s’alignant sur la politique du pire ? Les États membres doivent réagir avant qu’il ne soit trop tard. »
Par ailleurs, les variétés de semences non OGM doivent impérativement être protégées de toute contamination. Autoriser ne serait-ce qu’une trace d’OGM dans les stocks de semences conventionnelles provoquerait une contamination incontrôlable et impossible à tracer. Voilà qui rendrait impossible toute agriculture sans OGM et imposerait des coûts de contrôle prohibitifs pour les filières conventionnelles et biologiques.
Pour Greenpeace, les ministres de l’Environnement de l’UE doivent :
– garantir la protection des semences non OGM de toute pollution génétique ;
– réformer l’évaluation des risques des OGM, en améliorant l’indépendance et la transparence du processus d’évaluation, et la prise en compte des éléments scientifiques apportés par les autorités compétentes des États membres ;
– élargir l’expertise de l’Efsa, afin que les préoccupations environnementales soient prises en compte au même niveau que les préoccupations sanitaires.
– modifier la composition des agences chargées de l’expertise : experts écologues, agronomes et écologistes devraient y siéger au même titre que les biologistes moléculaires, afin que les considérations agronomiques, sociales et économiques soient prises en compte ;
– suspendre toutes les autorisations d’OGM jusqu’à ce que l’Efsa ait acquis la capacité d’effectuer l’évaluation des risques environnementaux à long terme, conformément à ses obligations légales.