On vous a parlé de thon rouge, souvent, beaucoup, parce que c’est une espèce

Océans

Aux côtés des pêcheurs artisans…. Pour le thon rouge aussi !

On vous a parlé de thon rouge, souvent, beaucoup, parce que c’est une espèce tristement emblématique de la surpêche, et des dégâts que la pêche industrielle a causés à un bien commun de l’humanité : l’océan. Parce que l’appropriation de cette ressource pour l’enrichissement à court terme de quelques uns, 17 senneurs au dernier recensement, est inacceptable. Parce que cette espèce a failli disparaître.


Des pêcheurs artisans ont eu, hier, le courage de faire entendre une voix différente de celle qui est portée par les instances sensées représenter la profession. 50 adhérents du Syndicat des Petits Métiers de Languedoc Roussillon ont sacrifié une journée de pêche, ont fait le trajet jusqu’au Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie à Paris pour réclamer plus de justice dans la répartition des quotas de thon rouge pour 2013. Nous étions là, à leurs côtés, parce qu’il nous parait évident que ces pêcheurs artisans, qui pêchent à la ligne ou à la palangre, quelques mois de l’année, sur des embarcations de moins de 12 mètres, ne sont pas ceux qui ont épuisé la ressource. Ils sont ceux qui l’ont respectée pendant des décennies avant qu’elle ne soit décimée par la pêche industrielle, et aujourd’hui, les premières victimes de la surpêche pratiquée par les senneurs en Méditerranée.

Aujourd’hui au niveau national on estime que ces pêcheurs artisans ont 10% du quota, alors qu’ils représenteraient 84% des embarcations en Méditerranée. En France, les quotas de pêche de thon rouge ont été largement dépassés, notamment en 2007, et depuis deux ans, tous les pêcheurs de thon rouge sont mis à l’amende et leur quota rabaissé à 958 tonnes par an. Cette restriction s’applique à tous les pêcheurs de thon rouge, que ce soient des artisans ou des industriels, alors que ce sont évidemment les pêcheurs à la senne qui ont dépassé le quota.

En 2013, la France aura fini de payer ses dettes, en quelque sorte, et retrouvera un quota global estimé à 2500 tonnes. Greenpeace a toujours demandé l’interdiction de la pêche industrielle à la senne et soutient la demande des pêcheurs artisans sur une répartition plus juste à l’intérieur de ce quota existant : Les pêcheurs artisans du Syndicat des Petits Métiers du Languedoc Roussillon demandent un quota de 2 tonnes par bateau pour 80 bateaux, soit 160 tonnes, ce qui est bien en dessous des recommandations des scientifiques pour fixer un quota permettant un renouvellement rapide de la ressource. Non seulement leur pêche est sélective et à petite échelle, mais elle crée aussi plus d’emplois que la pêche industrielle par tonne de poisson pêché : pour la même quantité de poisson pêché, la pêche artisanale représente 4 à 6 fois plus d’emplois que l’industrie thonière à la senne. Enfin, contrairement aux produits de la pêche issus de l’industrie thonière qui nourrissent le marché japonais, ceux issus de la pêche artisanale au thon rouge sont valorisés localement.

La réponse du cabinet du Ministre devrait être connue d’ici la fin de la semaine. Devra-t-on demander à M. Cuvillier, Ministre délégué à la pêche dans quel bateau il est, et quel type de pêche il veut défendre ?