L'union européenne a prévu que les sources renouvelables devront représenter

Forêts

Ambitions européennes sur les agrocarburants : une menace pour le climat et la sécurité alimentaire !

L’union européenne a prévu que les sources renouvelables devront représenter obligatoirement 10% de la consommation totale de carburants des Européens d’ici à 2020…

Pour satisfaire cet objectif, les états membres ont prévu de recourir essentiellement (plus de 90%), aux agrocarburants, issus des cultures agricoles, et donc concurrents de l’alimentation.
En conséquence, une superficie équivalente à deux fois la Belgique devra être convertie en terres agricoles et plantations d’ici à 2020, menaçant forêts et écosystèmes naturels, avec un impact désastreux en matière de changements climatiques, biodiversité et de sécurité alimentaire.

La conduite à risques de l’UE

Ce résultat est celui d’une étude réalisée par l’Institute for European Environmental Policy (IEEP) (voir la note de synthèse en français sur le site du RAC).

C’est la première étude de ce type qui met en perspective les objectifs des « Plans d’action en faveur des énergies renouvelables » des états membres de l’UE et les études européennes sur le changement d’affectation des sols indirect, « CASI ». Ce CASI signifie prendre en compte le fait que les cultures dorénavant consacrées aux réservoirs ne seront plus affectées à l’alimentaire. Donc, d’autres terres devront être dédiées à l’approvisionnement alimentaire, rognant sur les forêts, les tourbières et autres prairies naturelles !

En incluant le CASI dans les calculs et simulations, on apprend qu’en 2020 les agrocarburants engendreront l’émission de 27 à 56 millions de tonnes équivalent CO2 supplémentaires par an, soit autant que la mise en circulation de 12 à 26 millions de voitures sur les routes européennes  : autrement dit, ils émettront 81 à 167 % de gaz à effet de serre (GES) supplémentaires par rapport aux carburants fossiles qu’ils remplacent alors que la directive européenne demande à ce qu’ils les diminuent de 35 à 50 %.

Il n’est pas trop tard pour agir !

Avant le 31 décembre 2010, la Commission européenne doit se prononcer sur l’intérêt de prendre en compte l’impact du CASI et, si cela est jugé nécessaire, de l’intégrer dans le calcul des émissions de GES des agrocarburants. Or, aucune étude européenne ne conclue aujourd’hui à un impact nul du CASI. La Directive sur les énergies renouvelables impose donc légalement aux Etats de prendre en compte ce phénomène.

La prise en compte du CASI dans le calcul du bilan GES des différentes filières d’agrocarburants est donc indispensable si l’on veut s’assurer que leur développement n’entraîne pas une destruction massive des forêts et écosystèmes naturelles dans les pays tropicaux.

Une modification structurelle s’impose

Les agrocarburants destinés au marché européen posent aussi des problèmes sociaux en monopolisant les terres agricoles dans les pays du Sud au détriment des cultures alimentaires.

Continuer de s’appuyer autant sur les agrocarburants et les voir comme le seul produit de substitution au pétrole, c’est inciter indirectement à la déforestation dans les pays tropicaux. Il faut donc que la demande de carburant, quel qu’il soit, diminue. Ce qui passe par un durcissement de la réglementation en matières d’émissions de CO2 des véhicules, par l’investissement dans des schémas d’infrastructures de transport moins polluants, tels que les transports collectifs, le fret ferroviaire, etc.

Voir également sur le site du Réseau Action Climat :
Le communiqué de presse du 8 nov. 2010
La note de synthèse en français (4 pages)
Le rapport intégral en anglais