Vendredi 2 mars, à bord de leurs zodiacs, des militants de Greenpeace ont inter

Océans

Greenpeace interpelle un chalutier usine pillant les eaux d’Afrique de l’ouest

Vendredi 2 mars, à bord de leurs zodiacs, des militants de Greenpeace ont interpellé le Theadora Maartje, un chalutier usine battant pavillon allemand, au large de la Mauritanie. Ils ont accroché sur les flancs du gigantesque navire des banderoles reproduisant des billets de banque et symbolisant les importantes subventions que touche l’industrie de la pêche européenne pour détruire et vider nos océans.

La flotte industrielle européenne, véritable prédateur
Dans un rapport paru en début de semaine, Greenpeace a mis en lumière la surcapacité de la pêcherie européenne, qui, de l’aveu même de l’Union européenne (UE), est en mesure de pêcher deux à trois fois la quantité qui serait durable pour nos océans. Greenpeace y étudie notamment le cas de la « Pelagic Freezer association », dite PFA. Cet important lobby de la pêche industrielle compte 34 chalutiers usines.

Au moins 16 de ces navires pillent actuellement les côtes ouest africaines et c’est l’un d’eux qu’ont interpellé les militants de Greenpeace. Un navire de la PFA comme celui-ci capture en une journée autant de poissons que 56 embarcations traditionnelles mauritaniennes en une année.

La PFA reçoit des millions d’euros de subventions, à la fois de l’UE et de ses États membres. Entre 2006 et 2012, l’Europe a déboursé 142,7 millions d’euros pour que les navires de pêche de la PFA puissent aller pêcher dans les eaux mauritaniennes et marocaines. La flotte de la PFA a aussi reçu 21 millions d’euros de subventions directes pour armer et équiper sa flotte entre 1994 and 2007. À leur insu, les contribuables européens financent donc à coups de millions d’euros des pratiques de pêche qui vident les mers et privent les Mauritaniens d’une source essentielle de protéines animales pour leur alimentation.

Les Africains de l’ouest paient le prix de notre inconséquence
On compte quelque 1,5 million de pêcheurs artisans au large des côtes d’Afrique occidentale et on estime que le secteur de la pêche fait vivre au total plusieurs millions de personnes. La présence de navires géants dans la région, d’origine européenne notamment, rend leurs conditions de travail de plus en plus difficiles et dangereuses. Les stocks de poissons diminuent, et les pêcheurs locaux doivent donc aller plus loin des côtes et rester plus longtemps en mer, à bord de petites pirogues mal équipées. Ils risquent aussi des collisions parfois mortelles avec les bateaux industriels.

La politique commune des pêches doit venir au secours des océans et des pêcheurs
C’est à la politique des pêches européenne de prendre ce problème à la racine et de mettre en adéquation la capacité de pêche européenne, c’est-à-dire le nombre de bateaux et leur puissance, avec les stocks de poissons existants. Il est vital, au sens propre, pour les Africains vivant de cette pêche, que les subventions directes et indirectes à cette pêche industrielle stoppent, et que ces aides publiques aillent à des formes de pêche plus locales, plus artisanales et plus durables.

Le rapport de Greenpeace sur le cas de la PFA et le pillage des océans africains