Cela fait plus de 100 jours que Donald Trump est revenu au pouvoir, aux Etats-Unis. 100 jours qui ont été marqués par des reculs considérables en matière sociale et environnementale, par des attaques contre les sciences, les systèmes de protection de la santé, du climat et de l’environnement, les personnes minorisées, l’aide internationale… En 100 jours, ce sont des millions d’enfants, de femmes et d’hommes qui ont été mis en danger de mort dans le monde, en raison de décisions politiques arbitraires et désastreuses.
Sur le plan environnemental, le bilan de ces 100 jours est effarant. L’administration Trump a fait sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Elle a livré les terres sauvages d’Alaska aux forages pétroliers. Elle a ouvert des écosystèmes marins du Pacifique jusque-là vierges et protégés à la pêche industrielle. Elle s’apprête à lancer l’exploitation minière des fonds marins dans les eaux américaines et internationales au mépris du droit international et des risques majeurs pour le climat et la biodiversité. Elle a exempté des produits pétro-gaziers du taux universel de taxe douanière début avril, tout en mettant fin aux investissements dans les énergies renouvelables et en encourageant les secteurs du charbon, du pétrole et du gaz en affaiblissant les règlementations et en faisant sauter les obstacles aux projets de l’industrie des énergies fossiles.
Récemment, c’est notre organisation qui a été directement visée : Greenpeace International et Greenpeace aux USA ont été condamnées par le jury d’un Etat américain à payer plus de 660 millions de dollars à Energy Transfer, un géant des oléoducs fondé par un milliardaire, Kelcy Warren… soutien financier de Donald Trump.
Derrière le populisme, une alliance entre milliardaires, pollueurs et conservateurs
Ces 100 jours ont montré la réalité qui se cache derrière la montée du populisme : une alliance toxique entre milliardaires, industries polluantes et ultra-conservateurs. Elle est aujourd’hui à l’œuvre non seulement aux Etats-Unis, mais aussi dans de nombreux pays dans le monde, dont la France.
Cette inquiétante réalité est attestée également dans le rapport d’Amnesty International publié le 29 avril sur la situation des droits humains dans le monde à l’occasion de ces 100 jours. L’ONG estime que « son attaque généralisée contre les concepts mêmes de multilatéralisme, d’asile, de justice raciale, de justice de genre, de santé mondiale et d’action vitale pour le climat exacerbe les dommages considérables que ces principes et institutions ont déjà subis et encourage d’autres dirigeants et mouvements antidroits à se joindre à son offensive ».
La France, comme de nombreux autres Etats, fait l’objet d’une offensive réactionnaire violente, qui cible toutes celles et ceux qui s’engagent pour mener les transformations sociétales dont notre monde a besoin. Derrière des discours prétendument proches du peuple, l’extrême droite, souvent soutenue par des forces de droite traditionnelle, au sein même du gouvernement, est en réalité au service de la préservation d’un modèle ultra-conservateur, xénophobe, de domination et d’exploitation des hommes et des femmes comme des ressources naturelles.
Cette offensive est menée par de puissants milliardaires, parmi lesquels Vincent Bolloré, Pierre-Edouard Stérin ou encore Bernard Arnault, ainsi que par des entreprises polluantes et leurs dirigeants qui mettent leurs immenses fortunes au service de leurs propres intérêts et d’une vision ultra-conservatrice et anti-sociale. En désignant de multiples boucs-émissaires (demandeur·ses d’asile, personnes racisées et minorisées, militant·es écologistes…), ils ne cherchent qu’à détourner l’attention. En soutenant ou mettant en avant des candidats politiques conservateurs et en prenant le contrôle des médias, ils tentent de réécrire l’histoire, de façonner les informations auxquelles nous sommes exposé·es et de dicter leur propre agenda.
Solidarité, non-violence et détermination : notre pouvoir de résistance est grand
Face à cette alliance toxique entre grandes fortunes, industries polluantes et ultra-conservateurs, que faire ? La première chose à garder en tête est que nous sommes nombreux et nombreuses à nous opposer à ces politiques anti-sociales et anti-écologiques. Avec solidarité, détermination et non-violence, notre pouvoir de résistance est immense. Ensemble, nous avons réussi à conquérir nos droits sociaux, nous avons lutté contre les discriminations, nous avons combattu des régimes d’oppression, nous avons protégé de précieux écosystèmes face aux multinationales.
A Greenpeace, nous luttons depuis des décennies, sans relâche, pour défendre notre vision d’un monde solidaire et écologique. Le 10 juillet 2025, nous commémorerons le 40e anniversaire de l’attentat du Rainbow Warrior, coulé par les services secrets français, au cours duquel notre militant Fernando Peirera a perdu la vie. Hier les bombes, aujourd’hui des procédures-bâillons et des attaques contre les libertés associatives… Mais hier comme aujourd’hui, rien de tout cela ne nous arrêtera.
C’est forts de notre longue expérience de lutte que nous lançons aujourd’hui un appel mondial à résister toutes et tous ensemble pour nos droits, pour notre planète, pour le progrès écologique et social et contre l’alliance toxique entre milliardaires, industries polluantes et ultra-conservateurs.
Crédits photos : Cyril Hanouna, Marine Le Pen, Vincent Bolloré © Creative Commons ; Jordan Bardella © CC-BY-4.0, European Union 2022 – Source: EP ; Bernard Arnault © Jérémy Barande / Creative Commons ; costume : © Emeric Fohlen / Greenpeace
