Trafic de bois : la crise silencieuse

Forêts

Coupé, transformé, transporté ou commercialisé en violation des lois nationales ou internationales… Le bois volé entraîne le monde dans une crise majeure.

Le marché lucratif du bois volé

La motivation du déboisement est double :

1 – alimenter le commerce du bois et  répondre à la demande mondiale en produits issus de l’industrie du bois (parquets, matériaux de construction, papier, etc.).

2 –  dégager de l’espace pour l’industrie agro-alimentaire.

Des recherches menées récemment indiquent qu’entre 20 et 40 % du bois tropical introduit sur les marchés internationaux provient de l’exploitation illégale de forêts. Ainsi, la valeur du commerce du bois récolté illégalement est estimée à environ 11 milliards de dollars, comparable à celle du marché de la drogue (environ 13 milliards de dollars) !

La forêt recule au nom de logiques financières indifférentes aux conséquences environnementales et sociales de cette déforestation.

Bannir le bois volé

Le règlement européen visant à bannir du marché communautaire le bois et les produits dérivés récoltés illégalement est entré en vigueur dimanche 3 mars 2013. L’objectif de la réglementation dite RBUE (Règlement sur le Bois de l’Union Européenne) est d’éradiquer les produits du bois d’origine illégale sur le marché européen.

La France, comme la plupart des pays membres, a mis du temps pour appliquer le texte : c’est le ministère de l’Agriculture et des Forêts qui est l’autorité compétente en charge de sa mise en œuvre. Aussi a-t-il fallu attendre la publication de la loi d’avenir agricole en octobre 2014 pour préciser les amendes encourues. En plus de la formation des agents de contrôle, il faut des inspections et des enquêtes approfondies, bien au delà des contrôles douaniers.

Le Cameroun fait partie des pays du bassin du Congo qui ont conclu un Accord de partenariat volontaire (APV) avec l’Union européenne. Ces accords s’inscrivent dans le cadre du plan d’action communautaire sur l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux (plan FLEGT). Le plan FLEGT vise à renforcer la gouvernance forestière et à lutter contre le commerce de bois illégal.

Le Règlement sur le Bois de l’Union Européenne (RBUE)

Le RBUE vise à écarter du marché communautaire le bois et les produits dérivés issus d’une récolte illégale. Appliqué depuis le 3 mars 2013, il fixe des obligations aux opérateurs mettant du bois et des produits dérivés sur le marché. Il agit également sur la demande européenne et vise à interdire au bois illégal et aux produits qui en sont dérivés l’accès au territoire européen.

Il cible le secteur privé en Europe et fixe :

  • Une obligation de résultat : la mise sur le marché de bois issu d’une récolte illégale ou de produits dérivés issus de ce bois est interdite.
  • Une obligation de moyens pour les premiers metteurs en marché : les opérateurs doivent « faire diligence » lorsqu’ils commercialisent pour la première fois sur le marché européen du bois ou des produits dérivés ; c’est-à-dire qu’ils doivent prendre toutes les précautions possibles pour éviter de commercialiser du bois issu d’une récolte illégale ou un produit dérivé de ce bois grâce à l’utilisation d’un système de diligence raisonnée.
  • Une obligation de traçabilité minimale pour les commerçants qui doivent pouvoir identifier leurs fournisseurs et leurs acheteurs (à l’exception des particuliers).

Les forêts non seulement recèlent des trésors de biodiversité, mais elles sont aussi des acteurs essentiels à l’équilibre planétaire et à la survie de millions de personnes à travers le monde. Elles sont nos meilleures alliées contre les dérèglements climatiques… si nous savons les préserver !