Agriculture

Pas de nouvelle autorisation de cultures d’OGM en Europe

Dépêche AFP

La Commission européenne a encore reporté  mercredi toute décision sur l’autorisation de deux variétés de maïs et d’une pomme de terre génétiquement modifiée, en demandant à l’Autorité européenne de
sécurité des aliments (EFSA) de réexaminer ses avis jusqu’ici favorables.
« La Commission va demander à l’EFSA d’analyser plus avant les éléments scientifiques sur l’effet de ces OGMs sur l’environnement et la santé humaine », a indiqué Johannes Laitenberger, porte-parole de la Commission.
« La Commission prendra ces décisions si et lorsque l’EFSA confirmera la sécurité de ces produits », a-t-il ajouté, soulignant que Bruxelles « confirme sa confiance dans la haute qualité de l’avis scientifique fourni » par l’agence basée à Parme, pourtant très critiquée.
L’EFSA a toujours émis jusqu’ici des avis favorables pour l’autorisation de substances génétiquement modifiées dans l’UE.
Ce report de Bruxelles intervient sur fond de profondes dissensions au sein de la Commission et plus généralement en Europe sur l’homologation et les dangers supposés des OGMs.
Les défenseurs de l’environnement et certains gouvernements, dont la France et l’Allemagne, contestent la procédure actuelle d’autorisation des OGMs dans l’UE qui, faute de consensus entre les 27, repose essentiellement sur les avis de l’EFSA. Des recommandations très critiquées ces derniers mois, les écologistes lui reprochant de s’appuyer surtout sur les études menées par les industriels eux-mêmes.
Les variétés de maïs OGM en suspens, conçues par l’américain Monsanto même si l’une d’entre elles est aujourd’hui propriété du groupe suisse Syngeta, sont des variétés de maïs génétiquement modifié dites « hybrides », dérivées de produits déjà existant, à destination de l’alimentation humaine et animale.
Elles ont été conçues pour pouvoir résister à certaines maladies ou parasites.
La pomme de terre, baptisée Amflora, est elle le fruit de recherches du groupe allemand BASF. Le groupe veut pouvoir l’utiliser dans l’alimentation du bétail et avoir le droit de pouvoir l’utiliser, à dose très faible, dans l’alimentation humaine.
Fin 2005, l’EFSA avait estimé « improbable » qu’elle « ait un effet néfaste sur la santé humaine et animale ou sur l’environnement dans le cadre des utilisations proposées », un avis dénoncé par les écologistes qui soulignent qu’elle a un gène résistant à certains antibiotiques.
Les défenseurs de l’environnement ont immédiatement dénoncé mercredi la décision de la Commission.
« Demander à l’EFSA, agence inadéquate et sous-financée, de vérifier la sécurité de ces semences pour la troisième fois équivaut à demander à un renard de surveiller un poulailler », a estimé Marco Contiero, responsable des OGMs chez Greenpeace, dans un communiqué.
« L’agence aura besoin de réformes complètes avant qu’on lui confie d’importantes décisions sur la sécurité des semences OGMs », a ajouté Helen Holder, de l’association Amis de la Terre.