EuropaBio, association qui représente les intérêts de Monsanto, de BASF et des autres grands groupes du secteur tente de redorer le blason des OGM en Europe… grâce à des « stars »…
Fuite de documents : les relations publiques comme stratégie
L’affaire a été révélée par le Guardian jeudi dernier. Le quotidien britannique (ainsi que Rue89 et l’AFP) a eu accès à des documents provenant d’une agence de Relations Publiques, révélant que les géants de l’agroalimentaire, contrariés par la perception négative des cultures d’OGM en Europe, cherchent à recruter des personnalités pour changer l’image des organismes génétiquement modifiés et peser sur le processus de décision afin d’obtenir des autorisations de mise en culture.
Dans les documents qui ont fuité, EuropaBio insinue que les consommateurs européens s’opposent à l’ingénierie génétique qui fournit pourtant « des solutions pour atténuer le changement climatique, aider à l’amélioration de l’approvisionnement alimentaire et la mise en place d’une agriculture durable« . Pour Europabio, les citoyens européens qui se sont prononcés à plusieurs reprises contre les cultures OGM sont donc responsables de gêner l’expansion du marché !
Et de fait, EuropaBio a raison au sujet de l’opposition des Européens aux produits transgéniques : une majorité d’entre eux, 60%, est contre le développement des aliments GM en Europe. (Selon l’Eurobaromètre sur les biotechnologies 2010).
L’industrie compte sur le soutien de célébrités pour redorer son image
Les mails et courriers publiés sur le site du Guardian indique que pour changer la vision négative des OGM, Europabio a tenté de recruter des « ambassadeurs », des personnalités au « haut profil » qui bénéficient d’une certaine crédibilité auprès des citoyens européens. L’ancien ministre socialiste français Claude Allègre (qui a assuré ensuite le contraire) , l’ancien commissaire européen britannique Chris Patten, le chanteur irlandais Bob Geldof auraient « manifesté leur intérêt » à devenir « ambassadeurs » de la cause des OGM, précise ce document, un mail daté du 5 octobre. Le mail vante également les possibles adhésions de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, et du journaliste écologiste britannique Mark Lynas à cette initiative.
De plus, dans les documents qui ont fuités, il est spécifié qu’il faut que les liens entre « ambassadeurs » et industrie restent invisibles… Contrairement aux associations et aux collectifs opposés aux OGM qui eux, avancent à visage découvert, le lobby OGM craint la transparence, voulant faire passer cette opération de Relations Publiques comme quelque chose de totalement spontané.
Cette démarche de publicité pure est une insulte aux démocraties européennes : la France, l’Allemagne, la Hongrie, la Grèce, le Luxembourg, l’Autriche et la Bulgarie ont suspendu la culture du maïs MON810 sur leurs territoires pour multiples raisons. C’est une insulte aux citoyens européens, qui sont plus d’un million à avoir signé la pétition demandant à la Commission européenne un moratoire sur toutes les autorisations d’OGM.
Les OGM ne représentent pas une solution d’avenir !
Contrairement aux arguments d’EuropaBio, les cultures génétiquement modifiées ne résoudront pas la faim en Afrique, ni dans le reste du monde. La faim est avant tout une question politique : plus d’un milliard de personnes sur la planète souffrent de la faim en ce moment même : mais selon la Food and Agriculture Organisation (FAO), nous produisons déjà une fois et demie la quantité de nourriture nécessaire pour donner à chacun dans le monde une alimentation nutritive et suffisante. Le monde doit être capable de produire les aliments dont il a besoin pour se nourrir sans dépendre des multinationales leur fournissant au prix fort semences et produits chimiques …
Les agriculteurs peuvent nourrir le monde sans les fuites en avant technologiques… Développer une agriculture durable en Europe et dans le reste du monde est tout à fait possible sans recours au génie génétique. L’agriculture durable assure un mode de culture sain, une alimentation saine pour tous, aujourd’hui et demain, en protégeant les sols, l’eau, le climat. Elle favorise la biodiversité et ne contamine pas l’environnement avec des intrants chimiques nocifs.
Les systèmes agricoles pilotés par la technologie du génie génétique sont discrédités, menaçant la biodiversité des cultures, et présentant des risques potentiels pour la santé humaine et l’environnement. En comparaison, l’agriculture durable a démontré être en mesure d’assurer la sécurité alimentaire et des rendements élevés sous des contraintes multiples et diverses (comme les maladies, les ravageurs et les sécheresses).
L’agriculture durable repose sur une diversité des cultures et des pratiques agricoles, la protection des écosystèmes, une moindre consommation d’énergie, d’eau et de pesticides. Elle promeut l’indépendance des petits paysans et un commerce équitable. Elle exige une recherche au service du plus grand nombre.
C’est, pour Greenpeace, la voie la plus sûre vers plus de justice alimentaire.
Lire le billet : L’agro-écologie peut doubler la production alimentaire mondiale en 10 ans !